La pandémie de COVID-19 n’a pas fini de faire bouger les lignes

État d’urgence sanitaire à La Réunion, sortie de l’épidémie de coronavirus à Madagascar : qui est riche, qui est pauvre ?

19 octobre 2020, par Manuel Marchal

La Réunion rebascule en état d’urgence sanitaire tandis que les autorités soulignent que la crise sanitaire est loin d’être terminée. Pendant ce temps à Madagascar, d’autres sujets que l’épidémie font la « une » de l’actualité car la COVID-19 a sérieusement reculé au point de rendre possible l’organisation des examens comme le CEPE, le BEPC et le Bac dans des salles d’examen. Qui est un pays riche ? Qui est un pays pauvre ? La pandémie de COVID-19 n’a pas fini de faire bouger les lignes.

Extrait du journal télévisé de la TVM du 15 octobre.

En raison de la situation en France, La Réunion a basculé de nouveau dans l’état d’urgence sanitaire. Cette décision comporte une différence fondamentale avec le premier état d’urgence sanitaire décrété au mois de mars. Les masques sont devenus en effet un produit de grande consommation alors qu’ils n’étaient pas disponibles à l’arrivée de la première vague. C’est pourquoi à la différence du mois de mars, le confinement n’est pas imposé. Les masques en vente libre donnent l’impression d’avoir un « bouclier » contre les infections, ce qui rend acceptable la reprise totale de l’activité économique.

Dans le même temps, les informations sur l’évolution de l’épidémie sont plus espacées. Le nombre de tests diminue à La Réunion, avec comme effet une baisse du nombre de cas recensés. La situation est donc très différente de celle de la France. Mais du fait de l’intégration de La Réunion à la République en tant que département français, l’état d’urgence sanitaire est également appliqué.
En faisant un premier bilan, force est de constater que la jeunesse a été lourdement touchée par les effets de la gestion du coronavirus par les autorités situées à Paris. Pour préparer le second tour des élections municipales, les écoles ont été les premières à rouvrir. Pas question pour Paris de reporter les examens à une date plus propice, beaucoup n’ont pas eu lieu. En conséquence, pour toute la France et aussi La Réunion, le bac 2020 est un « bac cocotier », amputé des épreuves les plus importantes qui doivent se dérouler dans une salle d’examen, et non pas en contrôle continu à posteriori.

Quant aux discours des autorités, ils montrent bien que la crise sanitaire est loin d’être finie. Cela signifie que cette question sera encore à la « une » de l’actualité au détriment d’autres qui ont des répercussions essentielles pour les Réunionnais, telles que le droit des Réunionnais à travailler à La Réunion, la lutte contre la vie chère ou encore le manque de logements à un prix adapté aux revenus des Réunionnais.

Bac 2020 aujourd’hui à Madagascar

A moins de 1000 kilomètres de La Réunion, un Etat a annoncé depuis plus d’une semaine avoir presque vaincu le coronavirus. Il s’agit de Madagascar. Ceci se vérifie dans les sujets du journal télévisé. Le gouvernement malgache lutte depuis plusieurs semaines contre la crise alimentaire dans le Sud de la Grande île. Bavy Angélica Michelle, ministre de la Population, de la Protection sociale et de la Promotion de la femme, était en visite le 15 octobre dans une ville du Sud pour présenter un dispositif d’aide d’urgence. Il est à noter qu’aucune personne ne portait un masque, et que les distances de sécurité n’étaient pas à l’ordre du jour. Même constat dans un reportage diffusé hier dans le journal de la TVM, où la ministre et ses interlocuteurs ne portent pas de masque.

Le port du masque était systématique dans tous les sujets du journal télévisé malgache depuis le mois de mars, même si le reportage ne portait pas sur la COVID-19. L’orientation était alors de mobiliser la population pour que Madagascar puisse vaincre le coronavirus. L’orientation a changé, c’est donc que le coronavirus n’est plus la priorité. L’urgence, c’est la lutte contre la famine, mais aussi la jeunesse du pays.

Car à la différence de leurs homologues Réunionnais, les jeunes Malgaches ont eu droit à des examens, dans des salles d’examen.
Il y eut tout d’abord le CEPE, examen à la fin de l’école primaire. Les examens eurent d’abord lieu à Antananarivo et Antsiranana afin de roder le dispositif. Le retour positif a débouché sur l’organisation du CEPE dans toutes les provinces. Puis, ce fut le tour du BEPC d’être organisé avec succès dans les collèges. Aujourd’hui, tous les jeunes Malgaches en dernière année de lycée vont passer les premières épreuves du baccalauréat, après avoir reçu hier les encouragements de la ministre de l’Enseignement supérieur. Ils ont donc l’assurance que leur Bac 2020 ne sera pas un « bac cocotier » comme en France ou à La Réunion.

Le monde change

Dans ces conditions, qui est riche ? Qui est pauvre ? Peut-on dire qu’un pays classé dans le G7 (groupe des 7 pays les plus riches du monde), incapable de maîtriser une épidémie et d’organiser des examens est-il riche ?
Peut-on dire qu’un Etat classé dans le groupe des « Pays les moins avancés », qui a mis au point un remède contre la COVID-19, qui a réussi à faire reculer l’épidémie et à organiser des examens est-il pauvre ?
La pandémie de COVID-19 n’a pas fini de faire bouger les lignes.

M.M.

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