Lettre ouverte

Firose Gador : « COVID-19 : Réouverture des écoles le 14 mai ? À quels risques ? »

27 avril 2020, par Firose Gador

Les chiffres officiels à La Réunion font état de plusieurs centaines de cas du COVID-19 pour 0 décès. Si le bilan peut sembler encourageant, nous ne sommes pas sortis d’affaire pour autant. Les efforts pour limiter la propagation doivent se maintenir.

Cela vaut particulièrement lorsque l’on parle de la reprise de l’école. S’il est impossible d’ignorer le creusement des inégalités rendu bien visible et tendant à s’aggraver avec le confinement, il est tout autant difficile de faire le pari qu’un retour dans les classes dans les conditions annoncées soit salvateur. Nos élèves et nos familles les plus fragiles sont très visiblement impactés si l’on s’en tient aux chiffres faisant état de ces 5 % qui seraient « en dehors des radars ». Mais le décrochage scolaire n’est pas né avec le COVID. Ce dernier l’a mis à jour, s’il était encore utile de le faire. Ce phénomène multifactoriel, sociétal, en étroite corrélation avec ce que l’on pourrait appeler le « décrochage social » sera-t-il atténué avec une reprise scolaire dans le climat et les conditions que l’on connait ? Chacun pourra bien s’imaginer que non…

Il est impossible aussi d’ignorer cette recrudescence des violences intrafamiliales. Il est tout aussi difficile d’envisager que la réouverture des écoles dans des conditions très douteuses soit facteur d’apaisement ou de retour à une certaine normalité. Il s’agit là encore une fois d’une problématique multifactorielle qui demande des réponses complexes et fiables.
Impossible encore d’ignorer l’impact sur nos entreprises et le monde économique… Mais s’il s’agit bien là de protéger nos travailleurs à tous les niveaux, comment imaginer le faire en exposant leurs enfants au risque de contamination ? Est-il nécessaire de rappeler que nos marmailles s’avèrent être des vecteurs potentiels de transmission ? Il est illusoire d’espérer le maintien strict des gestes barrières à l’école. Nous sommes là dans un lieu de vie et de contacts par essence avec un public qui a besoin de bouger, de toucher, de communiquer, de communier. Chacun d’entre nous aura pu jauger la difficulté, pour nous adultes, à gérer les distances, les gestes, les précautions lors de nos déplacements autorisés courts et encadrés. Alors pour des enfants, à l’école… La courte expérience acquise avec la prise en charge des enfants de soignants témoigne de la nécessité de ré-ouvrir l’école de façon très progressive et en groupes très restreints.
D’un autre côté, il est nécessaire de considérer l’enjeu pour nos collectivités. Si elles doivent faire face à cette crise sanitaire, elles n’ont toutefois pas les moyens d’agir ni de prendre d’autres initiatives que celles décidées par le Gouvernement. La question reste et demeure : les communes doivent-elles risquer une vague de contamination en ouvrant de nouveau les écoles et en faisant courir un risque sanitaire pour nos enfants, les personnels communaux et les enseignants ?
Pour rappel, au Japon, la réouverture des écoles avait engendré une deuxième vague épidémique. À Singapour, les autorités en sont revenues à une mesure de confinement après une tentative de déconfinement. Nul besoin de citer d’autres exemples, les scientifiques étant clairs sur la protection engendrée par le confinement et sur le fait que les enfants sont des vecteurs potentiels du virus.
Il est tout autant nécessaire de considérer :
- les craintes et inquiétudes des parents et de l’ensemble du monde éducatif, notamment pour ceux qui sont dans la prise en charge d’enfants porteurs de handicap, tel que l’autisme 
- le peu de temps restant avant la sortie de juin pour s’adapter à une modalité de classe très complexe et risquée
- le peu de présentiel constaté habituellement à cette période pour ceux qui débutent leurs révisions personnelles pour les épreuves du baccalauréat ou du brevet par exemple.
- le caractère optionnel de la fourniture en masques pour l’ensemble des enfants et du personnel.

Nous demandons à chaque responsable de se positionner ou de continuer à affirmer sa position, en particulier les représentants syndicaux des agents territoriaux, notamment le personnel communal.
Nous demandons à l’ensemble des maires par le biais de l’Association des Maires de se positionner et qu’une ligne commune soit définie pour faire front et protéger notre population.
Notre position est celle qui tend à ce que les communes et le rectorat n’exposent pas les enfants et les personnels. Cela signifie : pas de reprise le 14 mai alors qu’il y a à craindre une vague de contamination de notre population.
Quels gains, si gains il y a, escomptés en ouvrant les écoles ? Quels risques voire mises en danger mis en balance ?

Pourquoi ne pas miser sur une meilleure préparation pour la rentrée scolaire prochaine ?

Firose Gador - Conseillère municipale du Port

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Messages

  • On ne mise pas sur la santé des enfants . D’une manière générale on doit tout faire pour la préserver et dans le cas particulier de cette épidémie de Coronavirus , ici à la Réunion comme en France métropolitaine , la meilleure décision pour préserver la santé de nos enfants qu’ils soient grands ou petits c’est d’attendre que l’épidémie soit terminée ou en tout cas bien maîtrisée pour les obliger de retourner à l’école ..

    Pour l’instant il vaudrait mieux attendre la prochaine rentrée scolaire pour les renvoyer à l’école et s’organiser pour rattraper le retard pris sur le déroulement du programme de cette année . soit en obligeant tout le monde à recommencer cette année scolaire si on estime que le travail déjà effectué est insuffisant , soit en faisant travailler les enfants un peu plus pendant la prochaine année scolaire pour rattraper leur retard par exemple une heure de plus par jour ou le mercredi ou encore en raccourcissant les vacances scolaires . Il semblerait que cette option n’ait pas encore été abordée jusqu’ici . il serait peut être temps de le faire plutôt que de prendre le risque de relancer l’épidémie par le retour des enfant à l’école puisque certains pourraient transporter le virus sans présenter des signes de maladie .

    Apparemment le gouvernement prévoit de laisser aux parents la possibilité de prendre eux mêmes la décision de renvoyer leurs enfants à l’école ou pas . C’est une manière inacceptable de ne pas assumer sa responsabilité et de la faire supporter par les parents . . L’éducation nationale et la santé publique sont des responsabilités gouvernementales et ce n’est pas aux parents de décider ce qu’il faut faire ou pas pour leurs enfants dans ces domaines . c’est au gouvernement de décider .

    Le dé-confinement obligera tout le monde à reprendre le travail qu’ils aient des enfants ou pas et ceux qui ne reprendraient pas leur travail à partir du 11 mai sous prétexte qu’ils ont des enfants chez eux pourraient perdre leur emploi pour abandon de poste . A la réunion il y a beaucoup plus de chômeurs qu’en France Métropolitaine et et pour plus de 30% de la population active le 11 mai ne changera pas grand chose ; ils pourront rester chez eux pour garder leurs enfants , mais il y en a quand même de nombreux travailleurs qui serait devant cette alternative rester chez eux pour garder leurs enfants ou perdre leur emploi .et cette décision sera difficile à prendre et certains prendront le risque d’envoyer leurs enfants à l’école plutôt que de perdre leur emploi .Le gouvernement ne devrait pas imposer ce choix aux travailleurs . Il doit décider de reporter la retour à l’école à la rentrée de septembre prochain , quitte à avancer un peu la date de la prochaine rentrée scolaire si la situation sanitaire le permet pour permettre aux enfants de rattraper leur retard et en attendant il pourrait donner aux familles qui n’ont pas d’ordinateurs les moyens de s’en acheter un pour permettre à leurs enfants de travailler à la maison par télé scolarité . . Cela lui coûtera certainement moins cher qu’une nouvelle vague de contaminations qui l’obligerait à remettre tout le monde en confinement .pour une nouvelle période de deux ou trois mois .

    Certains pensent que le mieux serait de laisser la maladie se répandre jusqu’à ce que la population soit complètement immunisée . Mais il n’y a aucune certitude à ce sujet , et le gouvernement ne doit pas prendre le risque de relancer l’épidémie par un retour prématuré des enfants à l’école . Chacun sait que les enfants ne pourront pas appliquer toutes les prescriptions imposées pour stopper la circulation du virus et dans certains pays les autorités ont décidé de reporter le retour
    des enfants à l’école jusqu’à au moins la prochaine rentée scolaire . Pourquoi ne pourrions nous pas prendre cette décision en France ?. L’erreur est humaine mais persévérer est diabolique . Cette pandémie est peut être l’oeuvre du diable et que l’on soit croyant ou pas il faut éviter de le suivre .


Témoignages - 80e année


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