L’arrivée de deux ministres est-elle le signe d’une situation beaucoup plus grave qu’annoncée par les autorités sanitaires ?

Grippe A à La Réunion : combien de Réunionnais touchés ? 30.000 ? Davantage ?

Après le chikungunya, veut-on encore refuser aux Réunionnais le droit d’être informé et d’être les acteurs responsables de la lutte contre une épidémie ?

24 août 2009, par Manuel Marchal

Grippe A : vendredi et samedi, la ministre de la Santé et la secrétaire d’État à l’Outre-mer, Roselyne Bachelot et Marie-Luce Penchard, viendront à La Réunion « dans une logique d’anticipation et de préparation à la gestion de l’épidémie ». Une estimation réévalue à la hausse l’ampleur de l’épidémie dans notre pays : 30.000 personnes aurait pu être touchée depuis le 5 juillet, c’est 4 fois le nombre annoncé vendredi par l’administration qui avait publié ce jour là des chiffres datant d’il y deux semaines. Dans le même temps, le chikungunya réapparaît. Manifestement la situation est plus grave que ce qui est dit.

Grippe A : « dans une logique d’anticipation et de préparation à la gestion de l’épidémie », c’est le motif invoqué par un note du ministère de la Santé et du secrétariat d’État à l’Outre-mer pour annoncer la venue en fin de semaine dans notre île de Roselyne Bachelot et Marie-Luce Penchard. Cette venue ne manque pas d’interpeller.
Rappelons que vendredi, les services de Santé de l’État ont annoncé 7.800 cas sur la base de données du 9 août. Mais circulent d’autres données officielles plus récentes en date du 21 août, c’est-à-dire de vendredi : 30.000 cas. Pourquoi n’ont donc t’elles pas encore été communiquées au public ?
Hier, l’AFP et des journaux en France reçoivent une note de presse annonçant la visite de deux ministres dans notre île à la fin de la semaine « dans une logique d’anticipation et de préparation à la gestion de l’épidémie ». La nouvelle est annoncée par Télé Réunion dans son journal. Mais alors qu’habituellement "Témoignages" reçoit les communiqués des services de l’État, à l’heure où nous mettions sous presse, aucune trace de cette note aux rédactions. Pourquoi certains médias sont-ils privilégiés ?

Des morts en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie, mais des ministres à La Réunion

Les autorités sanitaires ont décidé de diffuser une information qui date du 9 août, et deux jours après, c’est dans les journaux parisiens que les Réunionnais apprennent la venue de Roselyne Bachelot et Marie-Luce Penchard à La Réunion. C’est là que se situe l’événement, et manifestement, la situation doit être grave et elle est cachée aux Réunionnais.
Et d’ailleurs, comment peut-on parler d’anticipation à propos d’un virus qui, depuis bientôt six mois, a déjà contaminé 180.000 personnes et en a tué près de 1.800 dans le monde ? Tous ces éléments font craindre une aggravation de la situation dans notre île, d’autant plus que si des décès ont été reconnus en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie, c’est à La Réunion que se rendent d’abord des membres du gouvernement. Cela ne manque pas de susciter interrogations et craintes sur la réalité de la situation dans notre île.
Ce refus de dire la vérité, c’est ce qui s’est passé pour le chikungunya, et avant cela avec la brucellose, et la poliomyélite. Les années changent, mais la manière d’agir à la direction des services sanitaires à La Réunion reste la même depuis des décennies. Ce sont des comportements qui amènent à se demander si sont pris en compte les importants changements qu’a connu La Réunion sur de nombreux plans depuis le 19 mars 1946 ?

Comme pour le chikungunya ?

Plutôt que de cacher la vérité, pourquoi ne veut-on pas responsabiliser les Réunionnais ? Tout le monde se souvient que le PCR et d’autres forces vives avaient proposé de faire des Réunionnais les acteurs de la lutte en diffusant massivement du Bti, un insecticide biologique sans danger qui s’attaquait uniquement au vecteur du chikungunya. Au lieu de cela, l’administration a fait venir l’armée qui a bombardé La Réunion d’insecticide chimique, ajoutant à la catastrophe sanitaire une dimension environnementale.
Va-t-on à nouveau faire venir des contingents de militaires et leur donner l’ordre de combattre le virus de la grippe A en bombardant la population de produits chimiques ?

 Manuel Marchal 


30.000 cas officiels ?

Curieux que les chiffres en possession des services sanitaires datés de vendredi faisant état de 30.000 cas n’ont pas été diffusés vendredi…


Mise en garde de l’OMS

La grippe A, depuis son apparition en mars, est parvenue à se propager dans 177 pays. H1/N1 a tué 1.799 personnes et contaminé plus de 182.000 personnes, selon une estimation que l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) estime largement sous-évaluée. Et ce n’est qu’un début, admet l’organisation qui a déclaré le virus première pandémie de grippe du 21ème siècle le 11 juin, en raison de sa vitesse de propagation et de sa nouveauté, privant la population mondiale d’immunité.
Ce virus qui déconcerte le monde médical rend les prévisions difficiles. L’Organisation mondiale de la santé a ainsi appelé la planète à se tenir prête au choc de la deuxième vague de la maladie, au moment où le Nord se prépare à rentrer dans une saison fraîche, propice à la propagation. « On ne peut pas dire si le pire est passé ou s’il est sur le point d’arriver », a averti la directrice de l’OMS, Margaret Chan vendredi à Pékin.

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