Grippe aviaire : La Réunion concernée

27 octobre 2005

En France, pressé sans doute par l’opinion, le gouvernement a pris des décisions pour limiter au maximum les risques de propagation d’une éventuelle épidémie de grippe aviaire. Des mesures de confinement des volailles concernent 21 départements “à risque” car ils sont des lieux de passage d’oiseaux migrateurs. À La Réunion, rien de tout cela, pourtant peut-on dire que notre île n’est pas en contact avec des oiseaux sauvages venus d’ailleurs ? L’État ne risque-t-il pas de reproduire les mêmes erreurs qui ont permis la propagation de l’épidémie de chikungunya ?

Devant les risques grandissants d’épidémie de grippe aviaire, il est indispensable de faire appliquer le principe de précaution. On annonce en effet qu’en cas de mutation du virus, des millions de personnes pourraient être mortellement touchées dans le monde. Comment dans ces conditions dire que La Réunion n’est pas concernée ? C’est pourtant le cas puisque notre île ne figure pas sur la liste des départements exposés arrêtée mardi par le gouvernement.
En France, l’État vient de prendre des mesures drastiques pour prévenir tout risque d’implantation de la grippe aviaire. Dans les 21 départements métropolitains, les plus exposés au passage des oiseaux migrateurs, les volailles sont confinées, elles sont interdites dans les marchés forains, la surveillance et le dépistage sont accrus. Parmi ces 21 départements, on remarque que ce nombre englobe la quasi-totalité de la façade océanique de la métropole.

Des mesures à Maurice

À Maurice, c’est-à-dire à quelques coups d’ailes d’ici, il est interdit désormais d’importer du poulet, et les oiseaux migrateurs sont surveillés. D’ici décembre, ils seront plusieurs milliers à venir dans l’île sœur. Quant aux autorités sanitaires mauriciennes, elles ont décidé d’importer des médicaments pour traiter 25% de sa population au cas où.
À La Réunion, peu de choses sont prévues. Il a fallu attendre hier pour que l’État annonce "un arrêté imposant l’isolement sanitaire pour une durée de 10 jours de tout oiseau introduit sur le territoire de La Réunion". Tout ce passe comme si l’on considérait que les oiseaux migrateurs ne peuvent pas passer ici, alors que nous sommes une île, entourée par un océan.
Pourtant, sans céder à l’alarmisme, on peut déjà faire état d’un premier signe qui nous met face à nos responsabilités : un patient en quarantaine au CHD, et les 2 premiers tests se sont avérés positifs (voir encadré) .
Se donner les moyens de prévenir et informer l’opinion dans la transparence : ces 2 conditions ne sont pas réunies pour enrayer tout risque de propagation de la grippe aviaire dans notre île. Comme le montre la gestion par l’État de l’épidémie de chikungunya, l’opinion peut être inquiète.

Le précédent du chikungunya

Alors qu’une action résolue des services de l’État aurait pu repousser l’épidémie voici maintenant plus de 6 mois à l’apparition des premiers cas, force est de constater que le chikungunya est maintenant devenu endémique, que les communes doivent se débrouiller pour gérer un problème de santé publique, qui est de la compétence de l’État, et que maintenant, le moyen de lutte recommandé est d’éviter les piqûres de moustique !
Pour la grippe aviaire, la transparence est toujours difficile à obtenir. Un journaliste de notre Rédaction a tenté sans succès d’avoir des informations auprès de la DRASS. Officiellement, ce service de l’État ne communique pas sur ce sujet.
Quant aux moyens dégagés, on peut se demander pourquoi La Réunion, ainsi que les autres DOM, n’est pas inscrite sur la liste des départements dans lesquels des mesures spécifiques sont prises et des budgets consacrés pour tuer dans l’œuf tout risque d’implantation de la grippe aviaire. C’est une exigence liée à notre réalité géographique.

Manuel Marchal


10 jours de quarantaine pour les oiseaux

"L’épizootie de grippe aviaire actuelle impose une vigilance accrue quant aux introductions d’oiseaux sur le territoire de La Réunion. (...)
S’agissant des introductions en provenance de l’Union européenne, un arrêté préfectoral du 25 avril 2005 exige une certification par les autorités sanitaires du pays d’origine avant expédition, ce qui assure leur traçabilité.
Cependant, dans un souci de précaution, le préfet a pris un arrêté imposant l’isolement sanitaire pour une durée de 10 jours de tout oiseau introduit sur le territoire de La Réunion.
Cette période, qui est celle d’incubation de la grippe aviaire, permettra de s’assurer qu’aucun oiseau infecté ne soit mis en contact avec d’autres volatiles".


Des recommandations à suivre ?

Si dans un communiqué la Préfecture annonce qu’"aucune restriction alimentaire n’est à observer", la Commission européenne déconseille de manger des œufs crus et demande de faire cuire durablement la viande de volaille.
Cette initiative fait suite aux conclusions des experts de l’Autorité européenne de sécurité alimentaire.


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