Pendant que l’accalmie règne sur le front de l’épidémie du chikungunya à La Réunion, les équipes de chercheurs poursuivent leurs recherches pour mieux connaître le vecteur du virus, le moustique Aedes albopictus.
Didier Fontenille est Directeur de l’Unité de Recherche UR 016 “Caractérisation et contrôle des populations de vecteurs” à l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement) de Montpellier. Cette unité, qui est également un centre collaborateur de l’OMS, a pour objectif de rechercher, mettre en œuvre et évaluer en laboratoire et sur le terrain de nouvelles méthodes et stratégies de lutte contre les vecteurs de trois maladies, classées prioritaires par l’Organisation Mondiale de la Santé : le paludisme, la dengue et la trypanosomose américaine. Lors d’un entretien accordé à l’Association AVEC (Association des Victimes de l’Epidémie du chikungunya) et chikungunya.net, il fait le point sur les travaux en cours effectués à l’Institut de Montpellier mais aussi sur le terrain, à La Réunion et aux Antilles.
Les recherches se poursuivent-elles pour mieux connaître le moustique vecteur du chikungunya à La Réunion, l’Aedes Albopictus ?
- Il y a 4 personnes à La Réunion qui mènent des travaux de recherche pour approfondir les connaissances actuelles que nous avons sur l’Aedes Albopictus.
Avez-vous appris des choses nouvelles que vous ignoriez ?
- L’Albopictus est pire que ce qu’on avait pu imaginer ! Il est capable de s’installer partout et de coloniser toutes sortes de gîtes larvaires. Il est également un excellent "transmetteur et amplificateur" de virus. Ces découvertes expliquent en partie l’explosion de l’épidémie l’année dernière à La Réunion.
La lutte contre l’Albopictus est-elle vaine, voire inutile ?
- Non, bien au contraire. Il ne s’agit pas d’éradiquer le moustique, c’est une tâche quasi impossible, mais de contrôler et de limiter son activité. C’est un travail de tous et de tous les instants, car si l’épidémie de chikungunya est pour le moment stoppée et contrôlée, d’autres épidémies peuvent survenir, car le moustique Albopictus est capable de transmettre plusieurs types de virus et de maladies.
Quelle est l’épidémie la plus menaçante pour La Réunion ?
- L’épidémie la plus menaçante est sans aucun doute celle de la dengue. La dernière grande épidémie date de 1977 et depuis, de nouvelles générations ne sont pas immunisées contre le virus.
Une épidémie de dengue a pourtant eu lieu en 2004.
- Oui, mais elle était de petite ampleur et concernait la dengue de type 1 ; celle de 1977 concernait la dengue de type 2. Il existe 4 types de dengue et les immunités sont différentes ; on peut dont les attraper toutes les quatre.
Le virus du West Nile est-il présent ou peut-il s’implanter à La Réunion ?
- Le West Nile est présent de façon endémique à Madagascar ; mon opinion personnelle est qu’il n’y a pas de raison pour qu’il ne le soit pas également à La Réunion.
L’Albopictus est-il capable de transmettre le West Nile ?
- Oui, mais le Culex est un bien meilleur vecteur du West Nile et il est également présent à La Réunion.
Pour la lutte anti-vectorielle, « Se concentrer sur les zones urbaines et péri-domestiques »
Votre opinion sur la lutte anti-vectorielle qui se poursuit à La Réunion.
- C’est une très bonne chose de maintenir les opérations de démoustication dans les cimetières et d’intervenir rapidement sur les foyers naissants. Mais je pense que les interventions dans les ravines ne sont pas efficaces, car de nombreux gîtes larvaires ne peuvent pas être traités (peut-être deux gîtes sur trois). Il faudrait concentrer les moyens autour des habitations et continuer à informer et sensibiliser la population sur cette nécessité.
Certains insecticides à base d’organophosphoré, dont le Fénitrothion, ont été retirés l’année dernière ; était-ce une bonne décision ?
- L’inquiétude de la population concernant l’usage de ces insecticides est bien compréhensible, mais à l’époque, la situation était telle que c’était le seul moyen de lutter efficacement contre l’invasion des moustiques. Le problème ne provenait pas spécialement du produit, mais la façon dont il était utilisé. Des centaines de personnes insuffisamment formées ont été amenées à manipuler ces produits, et bien souvent, il faut le reconnaître, un peu n’importe comment. Il est bon de rappeler qu’on peut boire un verre d’eau contenant du Témephos, à condition qu’il soit dilué correctement, bien sûr.
Sous la pression de l’opinion publique, les insecticides chimiques vont progressivement être retirés de la circulation ; auriez-vous d’autres moyens de lutte de substitution ?
- Le retrait progressif de tous les organophosphorés va devenir un problème pour lutter efficacement contre les moustiques, notamment contre le paludisme en Afrique. Nous menons actuellement des recherches sur de nouveaux insecticides de nature biologique ou considérés comme très peu toxiques (pyriproxyfène, spinosad, pyréthrum, naled).
Où en sont ces recherches ?
- Les essais de phase 1 qui se sont déroulés en laboratoire sont positifs, les produits se sont montrés efficaces. Nous allons procéder à la deuxième phase d’essais sur des parcelles limitées et bien encadrées pour voir les résultats sur le terrain.
Où se dérouleront ces essais de phase 2 ?
- Notre équipe s’est envolée cette semaine pour les Antilles. Les essais se dérouleront sur l’Aedes aegypti qui est très voisin de l’Aedes albopictus.
Quand aurons-nous les premiers résultats ?
- Nous espérons les présenter lors du grand colloque sur le chikungunya qui aura lieu au début décembre à La Réunion.
A-t-on également des produits nouveaux concernant les répulsifs ?
- Une nouvelle liste vient d’être établie. Il n’y a pas à proprement parler de nouveautés, mais des molécules qui ont été retirées l’année dernière (comme le KBR3023) sont de nouveau réintroduites.
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