Actions du Groupe Prévention alcoolisme

L’alcool, oui mais... l’alcoolisme non

1er mars 2006

Pour lutter contre l’alcoolisme, la lutte ne porte pas tant sur le radical (alcool) mais sur le suffixe, c’est-à-dire sur un comportement tendant à une consommation abusive que le Groupe Prévention alcoolisme veut modifier.

Le groupe Prévention alcoolisme associe l’État, le Conseil général, le Conseil régional, les acteurs de la production comme de la distribution des produits alcoolisés, les professionnels de santé, les associations dans le domaine de la santé publique... Cette initiative réunionnaise, impulsée par le combat de la sénatrice Anne-Marie Payet, a été saluée par la Commission des affaires sociales du Sénat.

L’alcoolisme, un fléau, une maladie

Depuis fin 2004, tout le monde s’est réuni une douzaine de fois et a réussi ce miracle d’une concertation réussie : s’unir autour des valeurs communes pour lutter contre un fléau : l’alcoolisme, dont les principales conséquences débouchent sur des violences faites aux femmes et sur une mortalité élevée, deux à trois fois plus élevée qu’en métropole. Les psychoses alcooliques sont sept fois plus nombreuses à La Réunion qu’en métropole, les cirrhoses du foie sont 1,5 fois plus nombreuses.

Enquête, prévention, adaptation

Le groupe Prévention alcoolisme a lancé plusieurs actions. Une enquête de santé à destination des adolescents aborde les thèmes de la consommation d’alcool, mais aussi de tabac, de poly-toxicomanie, avec quelques questions sur le “chik”. Elle va toucher 6.000 jeunes de BEP, de quatrième, de seconde et de terminale et pourra être recoupée avec une enquête nationale comportant les mêmes volets. Dans les classes de cinquième de 46 collèges de La Réunion, 15.000 autres élèves participeront à quatre heures d’information et de prévention.
Auprès des jeunes, l’idée n’est pas de dire qu’il ne faut pas boire, mais plutôt de faire comprendre qu’il faut respecter son corps et celui de l’autre, de travailler sur l’affirmation personnelle et la résistance aux autres. Ils pourront également jouer à un jeu "Lans ali" créé par des personnes guéries de l’alcoolisme.

S’amuser sans être ivre

D’autres actions sont entreprises auprès des établissements distribuant de l’alcool en partenariat avec le monde économique. Tous ont reconnu la nécessité de revoir les conditions administratives d’exploitation en termes d’horaire d’ouverture et aussi d’engagement à participer aux actions de prévention. L’objectif est de faire comprendre que l’on peut s’amuser sans être ivre. Des éthylomètres seront installés dans les discothèques. La pile plate sera retirée de la commercialisation dans deux ans et son taux d’alcool sera bientôt réduit de 20 degrés. Des téléviseurs avec DVD seront installés dans les salles d’attentes des médecins libéraux pour diffuser des films de prévention. Une semaine de la prévention sera aussi organisée.

Qualité et maîtrise

La création d’un Groupement interprofessionnel entre les importateurs de produits alcoolisés, distributeurs et producteurs locaux, dont l’objectif sera de contractualiser une démarche de santé publique, développer une politique d’image de l’alcool orientée vers la recherche de la qualité et la maîtrise de la consommation, et également favoriser la sécurité alimentaire des populations ciblées à risques : les jeunes et les femmes enceintes.

Nouvelles mesures

La lutte contre l’alcoolisme passera par le contrôle de l’activité des camions bars que la Préfecture a demandé aux mairies de surveiller. À partir du premier septembre, les discothèques fermeront à 3 heures du matin, sauf par dérogation à cinq heures du matin, mais la vente d’alcool sera interdite dès quatre heures du matin. Les débits de boissons sans repas pourront ouvrir de 6 heures à 19 heures et les salles de bal, de spectacle ne serviront plus d’alcool passé 21 heures 30. Les disc-jockeys seront appelés à suivre une formation pour prévenir des dangers de l’alcoolisme. Les coffres de voitures seront surveillés pour éviter que l’on boive à l’extérieur.
Abolir l’alcoolisme à La Réunion, c’est aussi un combat qui doit engager toute la communauté car les causes de l’alcoolisme sont souvent d’ordre social voire trans-générationnel. Et il n’y a pas de fatalité.

Eiffel


La consommation d’alcool

Un paradoxe réunionnais

La Réunion compte 41% d’abstinents (contre 28% en métropole.) Entre 1970 et 1994, la consommation d’alcool à La Réunion a diminué de 22% passant de 10,3 litres par habitant à 8 litres d’alcool par habitant. Elle est ainsi inférieure à la consommation métropolitaine (11,7 litres par habitants.)
Il existe une concentration de la consommation d’alcool sur une frange de la population. D’après les études, il faut globalement considérer 60.000 buveurs excessifs (15% de la population âgée de plus de 18 ans) et environ 20.000 alcoolo-dépendants à La Réunion.


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