Lutte contre le chikungunya

L’armée à Saint-Louis

24 janvier 2006

Armés de pulvérisateurs chargés de produit anti-moustiques, 20 militaires ont fait du porte à porte hier dans les rues de la Rivière Saint-Louis. Ils avaient pour mission de traquer le moustique vecteur du chikungunya dans les jardins des particuliers. L’accueil du public a été plutôt bon. Il s’agit de la première opération de ce type. D’autres communes seront visitées dans les prochains jours.

Répartis en 5 équipes, 20 militaires ont sillonné hier les rues et ruelles de la Rivière Saint-Louis. Accompagnés par des entomologistes de la DRASS (Direction régionale des affaires sanitaires et sociales), ils proposaient aux habitants de démoustiquer leur cour. L’opération entre dans le cadre de l’intensification de la lutte contre l’aedes albopictus, le moustique vecteur du chikungunya qui depuis maintenant 10 mois, frappe La Réunion de plein fouet.
"Nous profitons également de cette action pour donner des informations sur la prévention contre le chikungunya et la destruction des gîtes larvaires" explique l’entomologiste Jean-Sébastien Dehecq. "Sincèrement nous ne nous attendions pas à être aussi bien accueillis. Les gens sont contents de nous voir", remarque l’adjudant-chef Gaston Barros, dirigeant le détachement d’intervention. Deux de ses hommes sont en train de pulvériser du produit anti-moustique dans le jardin de Gilberte et Marcel Grondin âgés respectivement de 69 et 92 ans. "Mon mari et moi, nous avons déjà attrapé la maladie il y a un mois, mais si l’anti-moustique peut protéger d’autres personnes, alors il faut en mettre partout", estime Gilberte Grondin avant de raconter "le calvaire" qu’elle a vécu pendant une semaine. "Je ne pouvais plus poser les pieds par terre ni lever les bras. Toutes mes articulations me faisaient mal. Mon mari l’a eu quelques jours plus tard, il ne pouvait plus marcher, il avait trop d’étourdissement et de douleurs", raconte Gilberte Grondin. Elle et son mari vont mieux, même s’ils ont encore des douleurs, mais leurs voisins viennent d’être touchés.
"Bien sûr c’est très bien ce que fait l’armée. Dommage que ces dispositions soient prises aussi tard. Je pense que l’État aurait dû réagir, il y a des mois de cela au tout début de la maladie", commente pour sa part Huguette dont le père vient d’être touché par la maladie. Infirmière libérale de profession, elle témoigne "depuis un mois, il y a de plus en plus de malades sur la Rivière Saint-Louis et sur Saint-Louis. C’est à se demander si toute La Réunion ne va pas être touchée". De fait, plus aucune commune n’est désormais épargnée par la maladie. "Cilaos et la Plaine des Palmistes ont longtemps résisté, mais elles viennent d’être touchées", note Jean-Sébastien Dehecq.
Menée par 20 militaires du 3ème régiment médical basé à Lyon en Métropole et en mission pour 4 mois à La Réunion, l’opération de démoustication a duré toute la journée. Le même type d’action sera menée dans d’autres quartiers et communes de l’île dans les prochains jours.
Rappelons que la DRASS a officiellement recensé à ce jour un peu plus de 10.000 cas, mais de divers recoupements, il ressort que ce chiffre est très nettement en dessous de la réalité.


Chikungunya : suspension des dons du sang

Dans un communiqué diffusé hier, l’Établissement français du sang (EFS) de La Réunion annonce qu’il "suspend provisoirement l’ensemble des prélèvements de don de sang sur l’île".
"Suite à la progression de l’épidémie de chikungunya sur le Département, et après concertation avec la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales, l’EFS La Réunion suspend, à titre conservatoire, tout prélèvement de sang total homologue sur son territoire.
Cette décision, en application du principe de précaution, ne remet en cause ni la sécurité transfusionnelle, ni l’approvisionnement en produits sanguins labiles sur le territoire réunionnais. Des poches seront acheminées par voie aérienne, dès mardi, depuis la métropole. Cette mesure ne concerne pas les prélèvements de plaquettes qui seront testés systématiquement par des moyens spécifiques.
Cette mesure, provisoire, doit permettre d’établir une stratégie écartant tout risque éventuel pour les receveurs de produits sanguins de la Réunion et Mayotte après avis de l’Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé, saisie du dossier."


Rectificatif

Dans notre édition d’hier, nous avons annoncé le décès de "Madame Dobaria, la secrétaire de l’association" l’Île de La Réunion contre le chikungunya.
Hélas, madame Dobaria est récemment décédée suite à des problèmes de santé, auxquels s’est ajouté le chikungunya.
Par contre, contrairement à ce que la tournure de la phrase pouvait laisser à penser, madame Dobaria n’était pas secrétaire de l’association présidée par Josette Brosse. Nous nous excusons auprès de nos lecteurs de cette tragique méprise. Nous adressons tous nos vœux de meilleure santé à la secrétaire de l’association “L’Île de La Réunion contre le chikungunya”, et nous souhaitons que la longue et difficile lutte qu’elle mène au sein de son association pour l’éradication de cette maladie ait une issue favorable.

Chikungunya

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus