Nouvelle campagne des associations contre le VIH/SIDA

L’estime de soi à la base d’une sexualité protégée et épanouie

21 avril 2009, par Edith Poulbassia

La première campagne de cette année sur la sexualité fait la promotion de l’estime de soi, surtout auprès des jeunes, confrontés aux premières expériences sexuelles, aux pressions sociales, aux doutes.

« Le respect s’applique aux autres, mais avant tout à soi-même. L’estime de soi, le respect de ses choix, de son corps, c’est important. Pour être respecté, rèspèkt a ou ! ». C’est à travers ce message essentiel que les associations veulent interpeller les jeunes, et les moins jeunes, sur la sexualité des mineures, les violences à caractère sexuels et la progression des infections sexuellement transmissibles.
Pour les jeunes, être confronté à la sexualité provoque souvent un flot d’émotions, ce qui les empêche de dire non, ou de prendre une décision, insiste Catherine Gaud, présidente de RIVE. Pressions sociales et doutes se mêlent souvent aux premières expériences. L’estime de soi est donc ce qu’il ne faut pas perdre de vue en toute circonstance. D’où le choix de ce thème par les associations de lutte contre le VIH/Sida, RIVE, Sid’aventure, le Planning familial, le réseau périnatal REPERE, les missions locales et la PEEP (association de parents d’élèves).

Messages en français, créole, comorien

La nouvelle campagne de sensibilisation, déclinée en spots TV et radio, affiches et publication d’un numéro spécial de la revue “Rivage” encartée dans le “JIR” d’hier, s’étale sur deux semaines. Les messages traduits en créole et en comorien sont diffusés dans les médias, mais aussi dans le réseau Mauréfilms, dans les cabinets médicaux, les pharmacies, les établissements scolaires, les commerces de proximité. Les missions locales Est et Nord, qui accompagnent 10.000 jeunes en insertion chaque année, participent à cette campagne. « Nous menons un travail sur l’estime de soi, pour “narcissiser” les jeunes en échec scolaire », souligne Caroline Roselli de la Mission locale Est.
Les associations vont également participer à des émissions radio, télé, et se tiennent à disposition pour des interventions de proximité, en milieu solaire entre autres.

Grossesses précoces, infections, violences : des chiffres alarmants

L’estime de soi est à la base d’une sexualité protégé et épanouie où l’on reste maître de soi, de son corps. A travers la promotion de l’estime de soi, les associations veulent « valoriser chaque individu, l’inviter à une introspection afin de mettre en concordances ces valeurs et ces comportements, à agir de façon libre et responsable afin de préserver son intégrité physique et morale ».
Or, aujourd’hui, la moitié des ados découvrent la sexualité par le biais de la pornographie. Où est le respect de soi ? La consommation d’alcool favorise la prise de risque, les rapports non protégés et les violences sexuelles. Avec pour conséquence une image faussée de la sexualité, le risque d’infections transmissibles et les grossesses non désirées. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 1.248 grossesses précoces en 2007, dont la moitié non désirée ; 662 avortements sur mineurs ; 7.676 pilules du lendemain utilisées par les mineurs (sur 20.000 boîtes). On peut ajouter le taux global de violence conjugal, soit 13%, contre 9% en métropole, et le nombre de nouveaux séropositifs en 2008 : 45 nouveaux cas, contre 29 l’année précédente, signe d’un meilleur dépistage ou d’une progression de la transmission du virus.

Edith Poulbassia


Témoignages

Dans le journal des acteurs de la lutte contre le SIDA, “Rivage”, de nombreux témoignages de jeunes, associatifs, femmes battues, etc…

« Notre génération est certainement moins machiste que les générations précédentes, mais des efforts restent à faire pour pleinement respecter les filles. Les garçons ne sont pas non plus à l’abri des a priori, combien n’ont pas osé sortir le préservatif qu’ils avaient en poche de peur que leur partenaire se fasse des idées fausses. Pourtant, nous connaissons les risques liés à une sexualité non protégée. Nous devons prendre une part active à la diffusion de ce message sur la valorisation de l’estime de soi, du respect de son corps et du respect d’autrui » (Nicolas Wattier, de l’Union national des lycéens.)

« Avec le tabou qui règne sur les pratiques sexuelles des jeunes et l’approche moraliste de la société, le jeune, victime de cette censure morale, réprime ce désir, ou parfois s’y adonne avec un sentiment de culpabilité. Ce déni découlera sur une mauvaise évaluation, fragilisant ainsi l’estime de soi du jeune. S’assumer pleinement est un atout essentiel à l’épanouissement de tout être humain et principalement des jeunes » (Gilles Leperlier, président de l’UNEF).


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