Lutte contre l’épidémie du Chikungunya

L’État compte sur les collectivités

7 juin 2010, par Céline Tabou

Alors que les collectivités peinent à sortir du rouge, le gouvernement compte sur elles pour mettre en place « une lutte curative » contre le Chikungunya, et participer à son information du public, en liaison avec les préfectures, les agences régionales de santé (ARS) et les agences spécialisées.

Entre 2005-2006, 300.000 personnes, sur une population de 775.000 habitants, ont été atteintes par l’épidémie de Chikungunya à La Réunion. Outre les drames humains avec plus de 200 décès, elle a eu un impact sur l’économie, avec l’arrêt de travail de près de 40% de la population active dans certaines villes de l’île, et l’effondrement de l’activité touristique.
Afin de limiter le risque d’importation et d’implantation des maladies vectorielles en France, le ministère de la Santé a élaboré une circulaire sur le plan national anti-dissémination du chikungunya et de la dengue, d’une soixantaine de page publié le 17 mai dernier. Celui-ci est constitué d’un "Guide relatif aux modalités de mise en œuvre du plan", qui compte six niveaux d’alerte progressifs en fonction de la situation, du niveau 0 avec la présence contrôlée (observation d’introduction suivie de traitement puis d’une élimination ou d’une non prolifération du moustique), au niveau 5, l’épidémie est "sur une zone élargie avec un taux d’attaque élevé qui dépasse les capacités de surveillance épidémiologique et entomologique mises en place pour les niveaux antérieurs et nécessite une adaptation des modalités de surveillance et d’action".

Le rôle des collectivités

Le ministère de la Santé donne clairement la responsabilité aux collectivités locales de mettre en place la circulaire, et le guide. Elles auront trois missions principales : mettre en place les actions de lutte contre les moustiques, en lien avec des opérateurs compétents le cas échéant ; participer à l’information du public, en liaison avec les préfectures, les agences régionales de santé (ARS) et les agences spécialisées ; et user de leurs pouvoirs de police en matière de salubrité et de gestion des déchets.
Le gouvernement a décidé de geler les dépenses, mais demande encore aux collectivités de mettre au pot sur des mesures sanitaires prioritaires, alors que le pouvoir central a la responsabilité d’assurer la protection sanitaire de la population.
Déjà un certain nombre de collectivités ont voté des budgets en déséquilibre, d’autres parviennent à ajuster leurs dépenses et recettes. Mais ce nouvel engagement décidé par le gouvernement, notamment avec les différentes opérations d’informations, risque de coûter cher. Et affecter des agents de police municipale dans la gestion des déchets, va demander de nouveaux investissements de la part des Mairies.
Depuis quelques semaines, l’Association des maires de France proteste contre les réformes engagées par le gouvernement, tant au niveau du gel des dépenses, que le transfert des compétences. Cette nouvelle circulaire risque de pousser les Mairies dans un gouffre financier, qu’il est difficile de combler aujourd’hui.

Céline Tabou

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