Belle réussite de la 2ème Journée internationale pour l’Indépendance médicale

L’urgence d’en finir avec la dépendance du monde de la santé par rapport à celui du bizness !

5 juin 2013

C’est un événement à portée internationale qui s’est déroulé samedi à La Réunion, dans l’amphi Lacaussade de l’Université, à l’initiative de l’association Méd’Océan, présidée par le Docteur généraliste Philippe de Chazournes, et avec le soutien de plusieurs partenaires. De La Réunion à la France en passant par l’Australie et le Canada, de nombreux intervenants, spécialistes des problèmes de santé, ont attiré l’attention sur les dégâts — souvent très graves — provoqués sur notre santé par la loi du profit, qui détermine les relations entre des médecins, des pharmaciens et des laboratoires. Priorité donc aux bons traitements plutôt qu’au monde de la finance !

Cette rencontre a été l’occasion pour certains intervenants de dénoncer notamment « la concurrence sauvage » dans la vente des médicaments.
(photo phovoir)

Plusieurs dizaines de patients et de professionnels de la santé se sont retrouvés lors de cette seconde Journée internationale pour l’Indépendance médicale, après celle du 1er décembre 2012, afin d’échanger de nombreuses informations et idées sur le poids des profits financiers des laboratoires pharmaceutiques au détriment du droit à la santé de chaque citoyen(ne). Ces échanges se sont déroulés en français et en anglais, à la fois dans l’amphithéâtre de l’Université et par vidéoprojections avec des chercheurs français, australiens et canadiens, notamment les docteurs Irène Frachon, Agnès Vitry et Alan Cassels. (1)

Rappelons que l’organisation organisatrice de l’événement, Méd’Océan, est une « association de formation médicale continue et de développement de la qualité, de l’évaluation et de la recherche en santé de l’océan Indien », qui défend « une certaine idée de la médecine » , sans « liens d’intérêts avec l’industrie du médicament ». Et tout au long de cette journée, il fut question de voir ensemble pourquoi et comment dans le monde médical, il faut au maximum respecter « la "liberté" de "prescrire"… pour redevenir "crédible" ».

« Cette criminalité à col blanc »

Afin de prouver à la fois l’urgence et l’importance de ce combat, les intervenants ont souligné par exemple que l’on invente de « nouvelles maladies pour vendre d’anciens médicaments dans de nouveaux emballages », que « de plus en plus de médicaments tuent des gens » et que « des médecins reçoivent plein de cadeaux de l’industrie pharmaceutique (des cadeaux payés par les patients) » . Face à ces désastres humains au profit des plus riches, il a été recommandé d’être « plus vigilant dans le respect des lois » , de « garantir l’indépendance des organisations de patients » et de « combattre les inégalités sociales dans le monde de la santé ».

D’autres spécialistes ont aussi plaidé pour « l’accélération de l’accès à l’innovation dans la recherche médicale », pour une « priorité à la surveillance afin de garantir la sécurité dans la transparence » et pour « revoir les circuits des médicaments à La Réunion ». Sans oublier la responsabilité des dirigeants politiques pour en finir avec « le grand banditisme et cette criminalité à col blanc » , qui fait par exemple que « maintenant dans certaines pharmacies, on va jusqu’à vendre des médicaments pour les animaux et des croquettes pour chiens ».

« Un nouveau sur-moi s’impose à nous »

Ces arguments et pistes de solutions furent illustrés par des extraits pertinents de deux documentaires, qui ont prouvé à quel point « un nouveau sur-moi s’impose à nous » , comme l’a déclaré Aude-Emmanuelle Hoareau, docteure en philosophie et présidente du Cercle philosophique réunionnais. Dans le premier, "Les infiltrés", consacré à des trafics sur le diabète à La Réunion, un médecin va jusqu’à témoigner que « notre intérêt est de faire monter le chiffre d’affaires, on est dans le système capitaliste ».

Dans le second, "Pharmacien : le chemin de croix", a été dénoncée « la concurrence sauvage » dans la vente des médicaments. Et deux pharmaciens réunionnais, Claude Marodon et Éric Cadet, ont exprimé leur solidarité avec tous les patients et professionnels de la santé qui sont mobilisés face à « une indépendance des pharmaciens en danger ». « C’est pourquoi nous allons continuer à nous battre », a conclu le Dr Philippe de Chazournes.

Correspondant

(1) Pour plus d’informations sur les diverses interventions, on peut consulter le site www.medocean.re


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus