Premier bilan d’impact des traitements anti-moustiques

’La catastrophe écologique n’a pas eu lieu’

6 juillet 2006

Hier, le Préfet Laurent Cayrel et le Directeur de la DIREN Roger Kerjouan se voulaient rassurants quant à l’impact environnemental après l’épandage de pesticides. Certes ce bilan peut calmer la polémique et surtout les inquiétudes des Réunionnais, mais jusqu’à quand ?

C’est la Direction Régionale de l’Environnement (DIREN), après avoir réuni un comité scientifique, qui était chargée de réaliser ce bilan. Les conclusions avancées sont "formelles" : "aucun impact n’a été mis en évidence sur la faune d’invertébrés et de poissons des milieux aquatiques d’eau douce. Pour la faune terrestre, les observations réalisées n’ont pas mis en évidence de phénomènes de mortalité anormale dans les zones urbaines et périurbaines", lit-on dans un document de synthèse de source préfectorale.
Nous voilà rassurés ! Si ce bilan est si positif, ce serait en raison des précautions prises dans le cadre de la lutte anti-vectorielle (arrêt des traitements lorsque le vent dépasse 20 km/h, zone d’exclusion de 25 à 50 mètres autour des cours d’eau pérennes selon le mode de traitement, protection des captages destinés à l’eau potable, zone d’exclusion des traitements adulticides pour la protection du lézard de Manapany, prise en compte des emplacements des ruchers et des principales zones mellifères dans la détermination des zones à traiter) et du choix des produits utilisés à partir du 13 février 2006, ce qui a permis de minimiser les risques écologiques.
Rappelons que le choix des pesticides (Fénitrothion, Deltaméthrine, Téméphos) mécontentait la population réunionnaise. Une manifestation citoyenne “Sous France chimique ; souffrance chimique” s’est d’ailleurs tenue en février 2006 devant la Préfecture, avec notamment la présence de Danyèl Waro. Ainsi, enfin, le choix s’est orienté davantage vers le Bti, pesticide bio, mais presque 1 an trop tard.

Appel au doute...

Pour bon nombre de Réunionnais, il est impossible qu’un tel épandage de pesticides ne provoque aucun dommage aux écosystèmes. Certains trouvent douteux que les prélèvements en milieu aquatique ne montrent aucune présence de pesticides. Quant à la mortalité dans la faune terrestre, les Réunionnais gardent encore en souvenir les caméléons, lézards de Manapany, oiseaux, abeilles, etc... qui ont été victimes des pesticides. La DIREN note par exemple que pour la filière apicole, la mortalité relevée est sûrement due "à des dysfonctionnements dans la mise en œuvre du protocole de la lutte", plus qu’aux insecticides. Les apiculteurs ne devraient pas tarder à réagir. Pour autant - et il faut le dire - la DIREN ravise son jugement et déclare que "si on peut conclure que ces traitements anti-vectoriels à grande échelle n’ont pas eu de conséquences graves sur les milieux et la faune terrestre et aquatique, il faut bien noter les limites de cette étude qui, dans le temps qui lui était imparti, ne pouvait prendre en compte que les effets létaux et sublétaux à court terme, mais ne pouvait en aucun cas appréhender les effets indirects à long terme". Peut-être faudra-t-il attendre encore 1 an pour voir réellement l’impact sur l’environnement des pesticides utilisés !
Notre journal présentera l’ensemble du bilan à ses lecteurs, avec les commentaires d’un entomologiste réunionnais, qui s’étonne des résultats présentés, surtout lorsqu’il entend cette déclaration du Préfet : "La catastrophe écologique qui avait été annoncée n’a pas eu lieu".

Babou b’jalah


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