Réactions au vote de la réforme de l’assurance maladie

La CGTR-Santé : « Les salariés et les retraités vont passer à la caisse »

24 juillet 2004

Malgré la longueur exceptionnelle des débats, le vote de la majorité des députés sur le projet gouvernemental de réforme de l’assurance maladie reste sans surprise. La stratégie libérale du gouvernement fait force. Les réactions recueillis par ’Témoignages’ au lendemain du vote sont unanimes : un système de santé inégalitaire se profile et la population va prendre conscience rapidement du fossé social qui se creuse. Il est nécessaire de rester mobilisé pour défendre nos acquis.

"Oui, il y avait une réforme à faire, mais pas sans prendre en compte les propositions des partenaires sociaux", a déclaré le professionnel de santé et secrétaire général de la CGTR-Santé, Jean-Michel Saingaïny. "On voit bien là encore que ce sont les salariés et les retraités qui vont passer à la caisse. "Ce qui est vraiment le plus déplorable, c’est que le gouvernement va taxer les personnes âgées qui ont déjà payé toute leur vie".
"Les dossiers médicaux inscrits dans la réforme vont coûter des millions et des millions alors que le personnel n’est pas formé, que les médecins déjà surchargés vont devenir des administratifs",
s’insurge Jean-Michel Saingaïny qui poursuit : "Aujourd’hui, le malade devient un client : les riches bénéficieront de prestations de qualité et pour les autres, ils n’auront qu’à rester malades. La médecine à deux vitesses s’installe", regrette-t-il. "C’est la fin de notre système de solidarité".
Le syndicaliste déplore : "on culpabilise les chômeurs, les RMIstes, mais quelle que soit notre situation sociale, la santé n’a pas de prix. La santé est un commerce lucratif mais on n’en parle pas, car même les mesures illégales, comme la taxe des médicaments, de l’oxygène, sont appliquées".
Jean-Michel Saingaïny rappelle que ce n’est que la première partie d’une réforme plus large, avec le plan Hôpital 2007, la loi sur la gouvernance. Un mauvais début qui ne présage rien de meilleur pour la suite. Mais, "comme pour les retraites, on ne va pas baisser les bras. Nous allons continuer à informer pour mobiliser, pour faire prendre conscience des enjeux de cette réforme. J’appelle les Réunionnaises et les Réunionnais à se mobiliser car la médecine à deux vitesses, ils vont vite la concevoir".

"Le vote n’a rien réglé"

"Le gouvernement veut donner l’impression qu’il va régler le problème de la dette sociale, mais le vote de l’Assemblée nationale n’a rien réglé, et d’ici 2007-2008, il faudra remettre tous les dossiers sur la table", estime Vincent Defaud , membre du Parti fédéraliste réunionnais. "La priorité nationale doit être la protection sociale. Si la santé n’a pas de prix, elle a un coût, et puisque le système a montré ses limites, il faut trouver une autre approche plutôt que de taxer les salariés et les retraités".
Vincent Deffaud a, comme beaucoup de partenaires sociaux, des propositions qu’il souhaiterait faire entendre, car l’échange apparaît le seul recours pour élaborer des solutions justes : "Il ne faut pas critiquer pour critiquer, mais on ne peut pas continuer comme ça, avec ce système libéral".

Propos recueillis par Estéfany


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