Leptospirose : une campagne de vaccination pour les agriculteurs

La Chambre d’Agriculture demande au Conseil général de participer

8 septembre 2006

Les agriculteurs appartiennent à cette frange de la population la plus exposée au risque de contraction de la leptospirose. Pour la Chambre d’Agriculture, les exploitants agricoles, comme leurs salariés, doivent avoir accès au vaccin qui n’est pas pris en charge par la Sécurité sociale. D’où une demande de financement adressée au Conseil général.

Porter des gants, des bottes, des lunettes, éviter les eaux stagnantes... Les gestes simples ne manquent pas pour éviter d’être touché par la leptospirose, maladie transmise par les rats. Et pourtant, pour le Président de la Chambre d’Agriculture Guy Dérand, la campagne de sensibilisation menée auprès de la profession agricole ne peut suffire à lutter contre la maladie. D’abord parce que les agriculteurs et les éleveurs sont les plus touchés par la leptospirose : d’après une étude de l’ODR (Observatoire Régional de la Santé), sur les 55 cas de leptospirose recensés en 2003, "79% avaient au moins une situation professionnelle à risque, les agriculteurs et éleveurs étant largement sur-représentés parmi les travailleurs exposés". Ensuite, parce qu’il existe un vaccin, le Spirolept, qui protège des formes les plus graves de la maladie, à défaut de protéger contre toutes les formes de la leptospirose.

1,5% de la profession agricole vacciné

Pour les salariés agricoles, la Convention régionale d’objectifs (signée entre le service de prévention des risques professionnels de la CGSS et la FDSEA) assure la prise en charges du coût des vaccins. En revanche, les exploitants agricoles doivent tirer de leur poche l’argent nécessaire à la vaccination. "Le vaccin coûte 50 euros en pharmacie. Mais il faut 3 injections par an, sans compter les rappels tous les 2 ans. En 1 an, l’agriculteur doit donc débourser 150 euros pour lui seul. On ne tient pas compte de sa famille, soit 4 à 5 personnes, qui l’aide aussi sur l’exploitation. Malheureusement, ces vaccins ne sont pas remboursés par la sécurité sociale", déplore Guy Dérand. C’est pourquoi il a fait parvenir cette semaine à Nassimah Dindar, Présidente du Conseil général, une lettre demandant une participation financière de la collectivité pour une campagne de vaccination. "Il est nécessaire de protéger le monde agricole de la leptospirose, insiste Guy Dérand. Les agriculteurs ont déjà assez souffert à cause du chikungunya. Avec la leptospirose, ils peuvent très vite se retrouver en difficulté et démunis pour entretenir leurs exploitations, d’autant plus qu’ils ne peuvent pas prétendre à des aides financières". Selon le Président de la Chambre d’Agriculture, à ce jour, seul 1,5% de la profession agricole, tous secteurs confondus (espace vert, pépiniéristes, etc...) serait vacciné contre la maladie. Le risque de contracter la maladie reste donc important, malgré les 2 campagnes annuelles de dératisation. Car, précise Guy Dérand, "la maladie ne s’attrape pas uniquement par morsure. On peut aussi être contaminé par l’urine. En période de fortes pluies, les rats prolifèrent, surtout dans les secteurs Est et Sud-Est où le taux d’incidence est de 13 cas contre 2 pour le Nord-Ouest. Et puis, si la dératisation ne se fait pas en même temps dans les exploitations et dans tous les lieux publiques, quelle en est l’efficacité ?", finit par s’interroger le Président de la Chambre d’Agriculture. La seule solution pour une lutte efficace contre la leptospirose serait la mise en commun de tous les moyens existants. Parce que si le risque est invisible, il est bel et bien là : sur 25 cas recensés depuis le début de l’année, 5 personnes sont mortes.

Edith Poulbassia


Les subventions pour la dératisation n’ont pas augmenté depuis 25 ans

Depuis 25 ans, le Conseil général subventionne les 2 campagnes de dératisation. Mais voilà, les subventions n’ont pas augmenté depuis 25 ans, alors que les besoins sont grandissants. C’est du moins ce que souligne Ivrin Vayaboury, représentant de la FDGDON (Fédération Départementale des Groupements de Défenses contre les Organismes Nuisibles)· "Cela fait 25 ans que nous sommes financés pour les campagnes de dératisation. Avant, c’était gratuit, mais aujourd’hui, nous sommes dans l’obligation de vendre les produits qui sont plus chers. À 6 euros l’hectare, l’agriculteur peut obtenir les doses nécessaires à la dératisation de son terrain". La FDGDON a tenté de faire profiter des produits de dératisation aux particuliers, moyennant une cotisation annuelle. Ce fût un échec. Elle a donc contribué à la création de l’association Bat leptospirose en 2004.


Un agriculteur de Bras-Panon, Alain Edmond, touché par la leptospirose

"L’année dernière, c’était en avril, j’ai bu un peu d’eau dans la Rivière-du-Mât. Il y avait un rat crevé un peu plus haut. Ça a suffi pour être contaminé", raconte Alain Edmond, 53 ans et agriculteur à Bras-Panon. Certes, ce n’est pas sur son exploitation agricole qu’il a contracté la maladie, à proximité de son lieu de travail. "Une semaine après, poursuit-il, j’avais de la fièvre, des courbatures, je ne mangeais plus. Le docteur m’a donné des médicaments de base contre la grippe, mais la situation s’aggravait. Je délirais". Après quoi, Alain Edmond a été hospitalisé pour des tests qui ont permis de détecter la maladie. Il a passé 15 jours en service de réanimation. Avec 2 bons mois pour se remettre d’aplomb. Conclusion, la dératisation des champs, il est pour. "Il faut absolument prendre au sérieux la leptospirose".


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