Où en est-on dans la recherche sur le sida ?

La démocratisation des antirétroviraux

7 août 2008

L’accès aux soins a fini par se développer dans les pays en développement, notamment grâce aux médicaments génériques. En moins de trois ans, près de 3 millions de malades du sida ont pu être traités dans les pays du Sud. « Un des enjeux de la conférence de Mexico, c’est qu’il y en a encore 9 millions de personnes à mettre sous traitement » dans l’hémisphère sud, a relevé Jean-François Delfraissy, directeur de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS).

Au total, 33 millions de personnes vivaient avec le sida en 2007, dont 22 millions en Afrique sub-saharienne, selon le dernier bilan de l’Onusida. Outre la démocratisation des trithérapies, « les efforts de prévention du VIH ont amélioré la situation de la pandémie, mais ne la font pas encore reculer », note le rapport de l’Onusida.

La prévention en ligne de mire, le vaccin aux oubliettes

Il sera surtout question de prévention à Mexico. Le préservatif est toujours en première ligne, « mais il repose sur une démarche volontaire et on voit que ça ne marche pas très bien puisqu’il y a encore en 2007, 2,7 millions de personnes nouvellement atteintes », note Jean-François Delfraissy. Selon lui, les traitements eux-mêmes « peuvent être un outil de prévention » car d’une part « un séropositif se fera plus facilement dépister s’il sait qu’il peut avoir un traitement », d’autre part « sa charge virale sera nettement plus faible, donc il risquera moins de transmettre que s’il n’est pas traité, même s’il y a un risque résiduel ».

La circoncision est également « un outil de prévention très important », rappelle le président de l’ANRS, même si elle ne fait que réduire "partiellement" la transmission de la femme à l’homme et qu’elle comporte un facteur de risque "accru" dans les semaines qui suivent l’opération.

Les vaccins, par contre, sont dans les limbes et les gels microbicides, « c’est pour le moment un échec » puisque la première génération était « très toxique » et que la deuxième génération, qui bloque le développement du virus, n’en est qu’au stade "expérimental", souligne Jean-François Delfraissy.

L’éternel problème du financement

Pedro Cahn, président de la Société internationale du sida, qui organise la conférence de Mexico, a reconnu qu’« après tant de progrès », le monde ne semblait pas prêt à tenir l’engagement formulé en 2006 par l’ONU d’un accès pour tous au traitement et à la prévention en 2010. D’ailleurs, outre Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, et Bill Clinton, l’ex-président des Etats-Unis, peu de chef d’Etat ont fait le déplacement dans la capitale mexicaine, note France Info. La lutte contre la maladie ne serait plus une priorité à l’heure de la crise alimentaire et du réchauffement climatique.

Pourtant, le sida est « un problème à long terme » et requiert un financement « pérennisable », souligne le rapport Onusida, prévenant qu’« à mesure que de plus en plus de personnes entameront un traitement et vivront plus longtemps, les budgets VIH devront augmenter dans les décennies à venir ». Malgré tout, les laboratoires des pays occidentaux rechignent à investir davantage dans ce domaine, jugé trop incertain, selon « Les Echos ». Et le quotidien économique de citer le laboratoire suisse Roche : « Nous ne voyons pas de thérapie qui apporte une amélioration aux traitements existants. »

Ban Ki-moon a admis qu’« un effort plus important était requis », affirmant que « les budgets devront considérablement augmenter au cours des prochaines décennies ». « Comptez sur moi, je travaillerai à mobiliser les fonds, et à ce que le sida reste une priorité pour les Nations unies », a-t-il affirmé. Cette année, les fonds mobilisés ont été de 10 milliards de dollars, une somme jugée généralement très insuffisante. Avant même de trouver d’autres sources pérennes de financement, le président de l’ANRS pointe la nécessité de lutter contre les retards de versement aux fonds d’aide spécialisés français et surtout américains. « C’est une épidémie majeure, qui peut repartir au nord si on délaisse le combat », prévient-il.


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