Alerte des médecins libéraux

« La pénurie de spécialistes s’aggrave »

27 novembre 2009, par Edith Poulbassia

Faudra-t-il bientôt prendre l’avion pour se soigner ? A en croire l’Union Régionale des Médecins Libéraux de La Réunion (URMLR), le système de santé se dégrade. L’île compte deux fois moins de spécialistes que la France métropolitaine, la moitié bientôt à la retraite. Pour inciter les jeunes médecins à s’installer, l’URMLR propose une indexation de 20% des actes techniques.

Les médecins libéraux tirent la sonnette d’alarme. La pénurie de médecins spécialistes dans l’île tend à s’aggraver. Et depuis 5 ans, malgré les nombreuses relances de la profession auprès des autorités politiques, dont le Ministère de la Santé, aucune solution n’est proposée. L’URMLR dénonce ainsi « l’inertie des autorités ».

« Nous voulons faire prendre conscience à la population réunionnaise que, demain, il y aura une dégradation du système de santé », affirme le docteur Laurent Grandpré. Actuellement, la situation est déjà critique. 45 spécialistes pour 100.000 habitants à La Réunion, contre 87 pour 100.000 en France. Soit deux fois moins de spécialistes à La Réunion. Ce qui se traduit par des délais d’attente d’une semaine à deux mois pour obtenir un rendez-vous, et donc par une moindre qualité de soin et une aggravation des affections des patients.

Les services d’urgence des hôpitaux sont pris d’assaut par les patients désireux d’être traités rapidement. Or, « un passage aux urgences, c’est un surcoût de santé publique, au moins 350 euros, soit 10 fois plus qu’une consultation spécialiste », ajoute l’URMLR.
Les médecins libéraux prévoient le pire pour les prochaines années. Sur les 350 spécialistes, la moitié a plus de 60 ans. Qui va les remplacer, quand on sait qu’il faut 14 ans pour former un spécialiste ?

Pour l’URMLR, La Réunion n’est pas assez attractive pour les jeunes médecins libéraux. Surcoût du matériel chirurgical et technique, manque de formations médicales sur place... sans compter que la France métropolitaine souffre aussi de la pénurie de médecins et que les rares jeunes diplômés se tournent désormais vers le « cadre plus sécurisant » de l’hôpital public.

L’URMLR propose une solution immédiate et pérenne pour inciter les spécialistes à s’installer dans l’île : une indexation de 20% des actes techniques (échographie, exploration cardiovasculaire, audiogramme, fibroscopie, etc…). Ce ne serait que « la réparation d’une anomalie » pour les médecins spécialistes, puisque cette indexation existe déjà pour les consultations. Et pourquoi pas, comme pour d’autres secteurs, créer une Zone Franche d’Activités pour la santé ?

Peu de répercussion financière pour les patients, rassure l’URMLR. 95% des patients bénéficient de la CMU ou d’une mutuelle. « Les actes de chirurgie sont pris en charge à 100% et les 20% d’indexation seraient pris en charge par la CGSS ». L’URMLR évalue le surcoût d’une telle mesure à 15 millions d’euros, soit moins de 20 euros par an et par habitant. « 1% du budget de la grippe A », renchérit un médecin.

Edith Poulbassia


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