Chikungunya : le point hebdomadaire de la Préfecture

’La population doit acquérir un réflexe de lutte anti-vectorielle’

15 avril 2006

L’extension de l’épidémie de chikungunya se fait un peu moins vite, avec 3.100 nouveaux malades la semaine dernière contre 3.400 nouveau cas la semaine précédente ; mais la pandémie est loin d’être finie. Le préfet appelle à la mobilisation générale, autant de la population réunionnaise, que des communes et des autres collectivités locales. Mais l’État doit aussi assumer sa responsabilité centrale en matière de santé publique, sur le court terme comme le long terme, tout en respectant l’environnement de La Réunion.

"Aucune autorité ne peut se satisfaire de la situation actuelle", déclarait hier le préfet Laurent Cayrel. Oui, les chiffres attestent une croissance un peu moins rapide de l’épidémie, mais les autorités préfectorales et de la DRASS craignent "une présence endémique de la maladie à La Réunion", indiquait le préfet.
Et de poursuivre : "cette épidémie, si elle n’est pas maîtrisée, peut toucher 80% de la population. Et ce n’est pas l’hiver austral qui changera la note". C’est la raison pour laquelle la préfecture a décidé de mettre en place un nouveau protocole, nommée “sortie de crise”.
Avant cela, Laurent Cayrel souhaite impliquer davantage la population réunionnaise, celui-ci notant "toute l’importance de la mobilisation communautaire, donc de chaque citoyen". Selon le Préfet, "la population doit acquérir un réflexe de lutte anti-vectorielle".

Ramasser les déchets

Par ailleurs, il interpelle tous les maires de l’île, ne se satisfaisant pas des politiques de traitement des déchets. Le ramassage des déchets a baissé dans certaines communes. 300 sites supplémentaires de stockage divers de carcasses d’automobiles et de pneus ont été repérés un peu partout dans l’île. Ces incivilités risquent fort d’être sévèrement punies, ce qui est totalement justifiable, au vue des risques que cela fait courir à la population réunionnaise. Le Préfet devrait bientôt rencontrer les intercommunalités pour tenter de trouver une solution à ce problème.

Protocole “sortie de crise”

Pour sortir de la crise, la Préfecture a donc mis en place un nouveau protocole de lutte anti-vectorielle, qui devra se pérenniser à partir de la deuxième quinzaine de mai 2006. Pour l’heure, ce protocole est dans sa phase préparatoire.
Les Forces armées de la zone du Sud de l’océan Indien (FAZSOI) et les équipes de lutte anti-vectorielle continuent à traiter les zones ciblées. Du 15 avril au 15 mai, des réunions préparatoires avec les communes précéderont le déroulement du protocole. Il s’agira ainsi de délimiter les quartiers, dont plusieurs zones urbaines qui nécessitent encore le traitement contre les moustiques, d’évaluer les moyens humains et matériels, de définir les modalités d’intervention, tout en constituant une liste des gîtes urbains (friches, ravines, déchets).

Trois objectifs

La deuxième phase, du 15 mai au 15 juin, consistera à traiter les ravines, les dépôts, les friches et cimetières. L’opération “fleurs de sable” devrait par ailleurs reprendre son cours. C’est à partir du 15 juin qu’entrera en vigueur le nouveau protocole de lutte contre le chikungunya. Ainsi, les autorités compétentes visent la réduction de la densité de moustiques-vecteurs, en intensifiant la lutte anti-larvaire.
Le protocole de lutte pérenne ambitionne 3 objectifs : la systématisation de la lutte anti-larvaire dans les zones urbaines, le renforcement de la mobilisation sociale, et l’intervention active et graduelle selon la situation épidémiologique. La préfecture souhaite engager la mobilisation des relais associatifs, mais aussi soutenir les actions d’éducation sanitaire de proximité via les médiateurs. Mais, le préfet de préciser "ce dispositif, à lui seul, ne suffit pas, s’il n’y a pas de mobilisation des Réunionnais sur le terrain".

Xavier Bertrand à La Réunion le 20 avril

La semaine prochaine, le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, arrive comme promis sur notre île, le 20 avril pour être plus précis. Bien entendu, son programme sera chargé, d’autant qu’il ne reste qu’un jour avant de s’envoler pour Mayotte, qui compte 5.630 cas.
Le ministre rencontrera les acteurs de la lutte anti-vectorielle. Après un dîner républicain, son après-midi sera réservé à la recherche et à l’hospitalisation. Notons qu’un séminaire s’est tenu à Paris, les 10 et 11 avril au ministère de la recherche. Le résultat de ses rencontres est attendu avec beaucoup d’intérêt. Il est cependant étrange que notre Préfet ne dispose pas d’information sur la portée de ce séminaire. Peut-être que le ministre en saura davantage.

Enfin, pour ce qui est des derniers chiffres, La Réunion a connu 241.000 cas depuis mars 2005. 189 certificats de décès mentionnent le chikungunya comme la cause de la mort.
Pour la semaine du 3 au 9 avril derniers, 3.100 nouveaux malades sont enregistrés. On est certes loin du pic maximum de 44.002 cas en une semaine, et la croissance se ralentit par rapport aux dernières semaines (respectivement 6.000 et 3.400 nouveaux malades par semaine).
Mais cela fait encore beaucoup plus que le premier pic, enregistré en mai 2005, avec 400 cas par semaine. Il faut donc que la vigilance et la mobilisation contre le chikungunya continuent.

Bbj


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