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Tribune libre
9 février 2006
Dans une tribune libre que nous vous publions ci-après, le docteur Jean-François Reverzy s’exprime sur les conséquences du chikungunya et principalement sur les aspects psychologiques et sociaux.
Je paraphraserai ici le titre d’un texte célèbre de Garcia Marquez "L’amour au temps du choléra".
La Réunion est frappée par ce fléau.
Praticien en psychiatrie et recevant chaque jour dans des contextes extrêmement divers des patients souffrant dans leur psychisme et dans leur existence, je rencontre de plus en plus de situations qui ne sont pas liées directement à l’affection elle-même, mais à ses conséquences.
J’ai dénoncé ici la défaillance des pouvoirs publics et de l’État, et j’ai témoigné de l’importance progressive et quasi-exponentielle de l’épidémie.
Mon propos sera aujourd’hui différent. Je tiens à présenter un aspect méconnu des conséquences de cette affection redoutable : ses aspects psychologiques et sociaux.
Des familles décimées
J’ai été confronté récemment à un certain nombre de cas catastrophiques survenant chez des personnes d’âge et de situation divers. Je citerai deux exemples. Le premier est ce couple de personnes âgées vivant d’une manière isolée, touché par l’infection. Celle-ci a déclenché un véritable cataclysme. L’épouse de 80 ans a été touchée la première. L’époux légèrement plus âgé et handicapé, s’est trouvé dans un grand désarroi quant à la gestion d’une vie quotidienne qui était déjà difficile. Cette détresse a déclenché chez lui un processus catastrophique engendrant en lui un sentiment de pessimisme et un état dépressif qui l’a conduit à une véritable pulsion suicidaire permanente. Cet homme hospitalisé depuis maintenant plusieurs semaines, n’a qu’un désir, en finir avec sa vie...
Dans un autre cas, il s’agit d’un couple plus jeune. L’infection qui a touché successivement presque tous les membres de la famille, les enfants, le mari puis l’épouse, n’a fait qu’accroître les difficultés ressenties par cette famille en raison de conflits antérieurs. Il aboutit à l’hospitalisation en psychiatrie de l’un de ses membres et à la dislocation de tout le milieu familial.
L’infection par le virus a donc été un révélateur disloquant des relations inter-humaines et sociales et conduisant à une détresse majeure, difficile à colmater. Ces cas sont innombrables et ce n’est pas le psy qui est le plus souvent en première ligne.
Loin d’une première impression collective qui était celle d’une relative bénignité de l’affection par le chikungunya, se développe dans la population le sentiment d’un caractère irréversible de l’infection et de ses conséquences.
Beaucoup se sentent porteurs ici d’un virus mystérieux et redoutable, et le vivent de la même manière que les personnes atteintes d’une affection HIV.
À partir de là, tous les aménagements existentiels qui ont pu se construire au fil des années se trouvent fragilisés et remis en question. Les réactions sont souvent dépressives, anxieuses et développent en tout cas une perplexité constante sur l’avenir et les projets de vie.
D’autres aspects psychopathologiques surgiront sans doute dans les mois à venir. États d’agitation, troubles du comportement, états délirants : toutes les personnes fragiles risquent de décompenser.
Un appel
Je ferai ici un appel à toutes les bonnes volontés. La Réunion au temps du chikungunya pourrait être le titre d’une recherche pluridisciplinaire associant somaticiens, épidémiologues mais aussi sociologues, anthropologues et psychanalystes afin de cerner l’impact de cette infection sur cette île. Le virus et son vecteur le moustique jouent le rôle d’un véritable analyseur institutionnel de La Réunion et révèlent ses fractures, ses inégalités, des brèches de ses désastres humains et culturels. Il y a là matière à plusieurs thèses de médecine, de psy, de sciences humaines.
Les pouvoirs publics ont réagi tardivement malgré nos appels. Ils ont engagé la lutte contre l’épidémie par des méthodes somme toutes grossières (l’éradication du moustique vecteur) par des méthodes qui risquent de porter atteinte à l’écosystème de La Réunion. Je mets ici solennellement en garde les pouvoirs sur les conséquences et les impacts psychologiques et sociaux de cette épidémie.
La peur développe l’imagination
J’évoquerai, pour conclure, l’imaginaire qui déferle actuellement dans la population et dont témoignent mes clients : mise en doute de la contamination seulement par le moustique, attribution à d’autres causes dans un climat d’angoisse et de menaces pesant sur les personnes et leur famille, doute également sur les conséquences de cette maladie, on voit se profiler déjà tout un imaginaire religieux à la recherche de causes surnaturelles. De nombreux charlatans ne vont pas tarder à fleurir pour proposer des remèdes miracles par des solutions magiques.
Il existe pour nous tous deux devoirs fondamentaux :
- Le premier est celui de solidarité et de développement de toutes les ressources humaines et qui permettent de réconforter ceux qui sont dans la souffrance.
- L’autre devoir est celui de lucidité, de réflexion critique et d’information permettant d’aborder les problèmes avec un regard éclairé et rationnel.
"La Réunion au temps du chikungunya", c’est l’île à peur, l’île de la mort annoncée, l’île de l’espoir et de la renaissance ; c’est peut-être une nouvelle Réunion qui émergera de cette crise et permettra à tous les citoyens de construire la cité de demain.
Si j’ai choisi cette métaphore inspirée d’un roman, c’est bien que dans ces premiers termes se trouve sur le même registre d’un côté l’amour, de l’autre La Réunion.
Jean-François Reverzy
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