Épidémie de chikungunya

Le ministre de la Santé à La Réunion

31 janvier 2006

Xavier Bertrand, ministre de la Santé et des solidarités, est arrivé hier. Ce séjour de 36 heures entre dans le cadre du renforcement du plan de lutte contre le chikungunya. Le ministre est accompagné de 8 médecins urgentistes, 9 infirmières et de 7 logisticiens venus renforcer les effectifs hospitaliers locaux. 4 tonnes de matériels médicaux et de prévention sont également arrivées hier en provenance de métropole.

"Je suis là pour pouvoir accentuer la mobilisation de l’État contre l’épidémie", a souligné Xavier Bertrand à son arrivée à La Réunion. Le ministre a été dépêché sur place par le Premier ministre Dominique de Villepin. Cela après que la mission sanitaire menée par les professeurs Didier Houssin et Gilles Brücker, respectivement directeur de la Santé et directeur de l’Institut de veille sanitaire, ait établi que 5% de la population, environ 30.000 personnes, étaient atteints par le virus.
Dans les points presse qu’il a faits à son arrivée et ensuite à Saint-Benoît, Xavier Bertrand a noté d’emblée que l’heure "n’était pas à la polémique". Il a ensuite détaillé les 3 priorités d’action contre la maladie : "la lutte contre les moustiques, une meilleure prise en charge des malades et à la mobilisation à long terme" pour éviter une nouvelle épidémie et "avancer vers un vaccin". Il a aussi annoncé que localement, le "réseau sentinelle" (dispositif de veille épidémiologique) sera renforcé et passera de 31 personnes à 45. "Il s’agit de ne pas nous laisser prendre de vitesse par l’apparition d’un nouveau virus".
Insistant sur "la mobilisation forte de l’État", le ministre a noté qu’il était accompagné de 8 médecins urgentistes, 9 infirmières et de 7 logisticiens. Immédiatement répartis dans les différents hôpitaux de l’île, ils viennent renforcer un personnel hospitalier local "fortement mobilisé et travaillant en parfaite collaboration avec les médecins libéraux", commentait le ministre de la Santé. À la question de savoir quant le pic épidémiologique serait atteint, le ministre s’est montré prudent, "personne ne peut faire de précisions à ce sujet", a-t-il remarqué. Tout aussi prudent, Antoine Perrin, directeur de l’Agence régionale de l’hospitalisation (ARH), s’est limité à dire : "au moment où nous parlons et sans préjuger de l’avenir, l’épidémie serait en train de se stabiliser".
Au cours de cette journée menée au pas de charge, le ministre de la Santé a visité la cellule de crise (équivalent d’un PC ORSEC) installé à la préfecture pour suivre au quotidien l’évolution de l’épidémie. Il a rencontré les 24 maires de l’île, les parlementaires et les présidents des Conseils général et régional. "La mobilisation des collectivités contre la maladie est à souligner", notait Xavier Bertrand à l’issue de cette réunion.
En début d’après-midi, il a assisté à une opération de démoustication menée par l’armée chez les particuliers. Il s’est ensuite rendu aux urgences de la clinique de Saint-Benoît qui, depuis le 5 janvier, accueille et hospitalise quotidienne une moyenne de 20 malades atteints par le virus. À ce propos, Antoine Perrin a tenu à souligner que "le dispositif hospitalier de l’île n’est pas débordé. Il est en mesure d’accueillir tous les malades. Il n’y a aucune crainte à avoir pour la prise en charge des patients".
De retour à Saint-Denis, Xavier Bertrand a rendu visite à Solange Mithra, 68 ans, une habitante du Chaudron. Atteinte par le chikungunya il y a 1 mois, elle continue de souffrir de douleurs sévères dans les articulations. Après un passage dans un foyer d’accueil pour personnes âgées, le ministre a participé à une réunion de travail avec les professionnels de santé. C’est par une visite aux urgences du CHD de Bellepierre que Xavier Bertrand a terminé sa première journée dans l’île.
Aujourd’hui, il sera à Saint-Pierre où il visitera un dispensaire et les urgences de l’hôpital saint-pierrois. Le ministre quittera ensuite l’île pour Mayotte où un état des lieux de la maladie lui sera présenté.


Agir Pou Nout Tout rencontre le chef de cabinet de Xavier Bertrand

Les propositions du collectif prises en compte

Le collectif Agir Pou Nout a été reçu hier en préfecture par le chef de cabinet du ministre de la Santé.
Le collectif a exprimé ses inquiétudes face à l’épidémie grandissante et "fait des propositions toujours dans un souci de mettre l’État face à ses responsabilités".
Pour l’accompagnement de la population et des malades, Agir Pou Nout Tout exige un service médical mobile de proximité, pour palier à l’urgence. Il propose la mise en place dans toutes les communes des déchetteries mobiles (mise à contribution des agriculteurs, par la location de leurs matériels).
"Nous avons fait part de la nécessité d’éradication des moustiques dans les champs de canne, des terrains en friches et des sites difficiles d’accès, pour éviter que tous les efforts engagés actuellement ne deviennent inutiles", ajoute un communiqué du collectif.
Selon le communiqué, "les propositions faites par le collectif lors de la dernière rencontre avec les experts ont été prises en compte, et les propositions faites ce jour seront étudiées, voire font l’objet des négociations notamment avec la Croix-Rouge". Par ailleurs, "le chef de cabinet n’exclut pas que d’autres virus sévissent actuellement et que trois experts vont venir de métropole pour une analyse approfondie du phénomène".
Pour Agir Pou Nout Tout, "les annonces faites actuellement doivent être concrétisé très rapidement", "tout en souhaitant que toute responsabilité soit clairement définie sur la propagation du virus".


Fédération CGTR-Santé et de l’action sociale

Déclarer La Réunion “zone particulièrement sensible”

Dans un communiqué publié hier et que nous vous reproduisons ci-dessous, la CGTR-santé appelle l’État à prendre des mesures plus importantes et efficaces pour éradiquer le virus du chikungunya.

Cette épidémie transmise par un moustique à tout moment de la journée a pris une ampleur considérable sur notre territoire. (...)
La négligence par rapport au virus reste incomprise dans la mesure où le Congrès de l’union hospitalière tenu en mars 2005 avait été marqué par l’intervention d’un représentant comorien qui signalait l’existence du chikungunya comme virus dont les conséquences sur la santé publique devraient dès à présent, être mesurées.
Le médecin inspecteur de la DRASS a complété ce propos en signalant que deux cas de chikungunya avaient été comptés dans le Sud de La Réunion.
Ce retard dans la prise de conscience de l’importance du virus sur notre population et sur son développement, nous amène aujourd’hui à tenter de pallier le manque de décision anticipative qui nous aurait permis non-seulement de déterminer les évolutions du virus (qui sont à ce jour pas toutes connues de notre population : notamment le risque de contamination entre êtres humains pendant la période d’incubation), mais également les remèdes au virus. (...)
Messieurs le directeur de la veille sanitaire et de la santé ainsi que le préfet reconnaissent la mauvaise évaluation de cette situation qui a débouché sur une crise sanitaire d’ampleur régionale dont les conséquences économiques (perte de vitesse du tourisme), mais également sociales sont difficilement gérables.
Maintenant plus que jamais, il faut que nous réfléchissions à des solutions qui sortent La Réunion de cette impasse et que le Réunionnais sente que les pouvoirs publics sont en action, répondant aux réels besoins.
30.000 cas de chikungunya sont recensés dans l’île et nous sommes loin d’atteindre le pic de l’épidémie, les périodes de fortes chaleurs confortées par une forte humidité n’en sont qu’à leur commencement. (...)
La situation d’urgence dans laquelle La Réunion a été projetée, tient en otage le corps médical qui, sans relâche, tente de pallier le manque chronique de moyens humains et matériels.
Effectivement, le manque de personnel évalué en période normale est inévitablement ressenti par l’usager en ces temps de crise. La taille des locaux inadaptée ne permet pas de recevoir tous les cas à un niveau de qualité voulu par les politiques en ce domaine (pour exemple, le défaut de traitement adapté à toutes les couches de la population - de la personne âgée à l’enfant en passant par l’adulte - rend les périodes de maladie douloureuses et le moment de guérison incertain).
Alors que le chikungunya était considéré comme une maladie curable et non-mortelle, à ce jour, elle a tué 8 personnes.
(...)
C’est dans ce contexte que nous rappelons le gouvernement et les hautes autorités de l’État à déclarer La Réunion “zone particulièrement sensible” sur le plan sanitaire et d’appliquer le régime qui s’y rattache (les moyens financiers et humains de façon suffisante).

Jean-Michel Saingainy,
secrétaire général

Chikungunya

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