Le point chik hebdomadaire de la Préfecture

2 octobre 2006

C’est maintenant un rendez-vous régulier à la Préfecture. Chaque vendredi les journalistes sont conviés pour faire ’le point chik’. Cette fois-ci, Flore Therond-Rivani, Directrice régionale aux Affaires Sanitaires et Sociales, Vincent Pierre, Coordonnateur de la Cire Réunion Mayotte, et Gaëlle Fohr, ingénieur à la DRASS, ont donné les nouveaux chiffres de la semaine 38 (du 18 au 24 septembre 2006).

Le choix des mots dans le communiqué délivré par la Préfecture n’est pas innocent et trahit une volonté de minimiser à tout prix cette pandémie.
" Seulement 4 (c’est la Préfecture qui souligne le " seulement 4 " et non nous) cas ayant une date de début des signes comprise entre le 18 et le 24 septembre (semaine 38) ont été identifiés par le dispositif de signalement et de recherche active. Ce chiffre est inférieur aux 10 cas de la semaine précédente. Il est par ailleurs inférieur aux 10 cas de la semaine correspondante de 2005."

Dans son désir de nous convaincre que le mal est en voie d’extinction, les autorités répètent ainsi depuis quelques semaines que (à l’instar de la soi-disant baisse du chômage) la faiblesse des cas répertoriés est bon signe.
"Depuis plusieurs semaines, la recherche active identifie essentiellement des cas isolés ou des foyers de transmission extrêmement limités."

Mais les chiffres sont terribles. Quand ils sont exacts. Et la terrible addition de tous les cas "ne modifie pas l’estimation du nombre de personnes ayant présenté des symptômes de l’infection au chikungunya depuis le début de l’épidémie soit un peu plus de 266.000 cas." Et "cette diminution du nombre de cas en semaine 38 doit être considérée avec prudence. En effet,
la transmission virale n’est pas interrompue et on peut considérer qu’elle se maintient à un niveau épidémique faible depuis maintenant 10 semaines. Il est nécessaire de rappeler qu’en 2005, après s’être poursuivie pendant toute la durée de l’hiver austral, la transmission virale avait augmenté brutalement au retour de conditions climatiques favorables au vecteur.
"

Car le danger est là. Avec l’arrivée de l’été austral. "La population encore susceptible d’être infectée reste suffisante pour qu’un tel phénomène se reproduise. Il est donc indispensable d’insister sur la nécessité de maintenir
les actions de prévention contre les piqûres de moustiques et de ne pas relâcher les efforts individuels et communautaires de lutte contre les moustiques.
"

A manier le chaud et le froid, (peu de cas mais attention ça risque de redémarrer), on ne sait plus où on en est... "Même si l’incidence hebdomadaire est actuellement faible, la transmission virale se poursuit. Il reste impératif de rappeler avec force l’importance d’adopter des comportements individuels de prévention et de protection." Et comme à leur habitude, les autorités font reposer la cause sur chaque Réunionnais. A culpabiliser le simple citoyen et à le menacer des pires conséquences d’un "risque d’émergence d’autres arboviroses transmises par le même vecteur, telle que la dengue", s’il ne fait pas ce qu’on lui dit de faire. A croire que la Santé Publique est une idée oubliée. Et que cela ne concerne en rien les pouvoirs publics. Une sorte de privatisation du combat anti-vectorielle.

Faut-il encore le répéter ?... Cette épidémie nécessite que l’Etat et les collectivités territoriales donnent les moyens à chacun de combattre le chikungunya. Surtout aux plus démunis qui ne peuvent se payer des répulsifs comme le Bti. Il est impératif de doter La Réunion d’un véritable service de prophylaxie dans les plus brefs délais. C’est urgent. Et comme cela se fait dans le sud de l’hexagone, il est impératif de constituer un "Etablissement public de lutte contre les moustiques et de gestion des zones humides", doté de véritables moyens en hommes (des entomologistes, des agents techniques...), d’un laboratoire de recherche, etc... Et non plus attendre que les cas se déclarent pour engager une véritable lutte.

A.I.C.


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