Quelques produits naturels utiles contre le chikungunya

Le rapprochement de l’Homme avec la Nature

17 février 2006

L’Aplamedom Réunion (Association pour les plantes aromatiques et médicinales de La Réunion) a recensé avec l’aide de ses 20 pharmaciens adhérents les préparations à base de plantes qui ont obtenu un retour positif de la part des malades atteints du chikungunya. Elle propose aux officines de l’île, comme à la population, de prendre connaissance de la synthèse de ses résultats. L’objectif n’est pas de détourner les malades de la médecine moderne, mais bien de proposer des alternatives phytothérapeutiques encourageantes. Certaines plantes peuvent soulager certains symptômes, sachant que précautions d’emplois, avis médicaux et paramédicaux sont de rigueur.

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On le sait, il n’existe aucun vaccin pour se prémunir du chikungunya. Il n’existe pas non plus, à ce jour, de traitement officiel susceptible de contrarier les symptômes engendrés par la maladie. Le corps médical met en place des protocoles de soin, des protocoles anti-douleurs, mais n’a pas en sa possession de remède miracle.

Se soigner par les plantes

Confrontés aux limites de la médecine moderne, les Réunionnais se retournent alors vers les plantes, délaissées avec l’arrivée des médicaments. Mais faire appel à la Nature n’est pas sans danger. L’on ne peut s’improviser tisaneur ou phytothérapeute. Les plantes ont leur science. Leurs vertus et utilisations font partie d’un savoir ancestral que peu maîtrisent encore.
"Devant l’ampleur de l’épidémie, l’absence de traitement allopathique officiel et l’amalgame de recettes parues dans la presse, il nous est apparu nécessaire de réagir et de faire le point sur les remèdes à base de plantes pouvant soulager les symptômes et surtout sur leurs conditions d’utilisation". Stéphanie Brillant, phytochimiste, chargée de mission à l’Aplamedom, a participé à la rédaction de cette note d’informations. Un travail rigoureux et précis comme l’exige l’utilisation des plantes, le respect de la posologie. "C’est de notre devoir de présenter des choses utiles à base de plantes", souligne la jeune femme qui appelle la population à la plus grande attention s’agissant de ce qui peut être écrit dans la presse sur le sujet. "Il y a des précautions d’usage à respecter lorsque l’on utilise des plantes. Pour les personnes qui suivent déjà un traitement médicamenteux, il est préférable de demander conseil à son médecin et son pharmacien. Les plantes peuvent interagir avec les médicaments, il faut un conseil au cas par cas".

Proposer des plantes en culture

Entamée le 23 janvier, cette étude a permis de recenser 15 plantes dont le principe actif a été vérifié. Le Propolis par exemple, stimulateur des défenses immunitaires, a donné les meilleurs résultats. Le principe actif de ses composantes est avéré, mais il n’a cependant pas été conseillé par la DRASS, car c’est une préparation classée parmi les compléments alimentaires qui ne bénéficient pas d’Autorisation de mise sur le marché (AMM) en tant que médicament. Ses résultats n’en restent pas moins concluants. Comme le rappelle Stéphanie Brillant, "le but est de savoir que des plantes existantes donnent de bons résultats et que l’on peut les trouver en pharmacie".
L’association conseille également sur l’utilisation des répulsifs et huiles essentielles (voir encadré) . Cette synthèse sera complétée par une étude de marché de l’ODR (Observatoire du développement de La Réunion) qui va s’intéresser aux attentes de la population, à leurs habitudes de consommation pour, par la suite, proposer des plantes en culture. La pharmacopée locale est porteuse d’avenir pour La Réunion. "Elle est amenée à se développer. La volonté politique est là".
Soutenue et financée par le Conseil régional, l’Aplamedom et ses partenaires - le syndicat des pharmaciens, la Technopole et l’Europe -, s’est fixé comme principal enjeu de créer une filière Plantes aromatiques et médicinales structurée et intégrée au mieux dans l’océan Indien.

 Estéfani 


Valider l’utilisation des plantes locales

L’Aplamedom Réunion est administrée par des bénévoles du milieu médical, universitaire, industriel et agricole. L’on y retrouve également des passionnés. Son but est de reconnaître, valider scientifiquement et promouvoir l’utilisation des plantes aromatiques médicinales, des huiles essentielles et des aliments santé locaux. Le “dom” inclus dans son appellation, traduit la volonté des Départements de l’Outre-mer de faire reconnaître la flore des îles. L’Aplamedom a dans ce sens participé à la création d’un Réseau océan Indien de Plantes aromatiques et médicinales de qualité permettant de positionner la filière réunionnaise au niveau régional et mondial.
Possédant désormais plus de données pharmacologiques sur l’Ambaville (Hubertia Ambavilla), elle souhaite obtenir son inscription au registre de l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé). Si cette plante, qui a des propriétés anti-ulcéreuses, contre l’herpès et l’eczéma et qui, appliquée localement, est un anti-inflammatoire, est reconnue par l’autorité de santé, ce sera une première pour La Réunion. La Guadeloupe a déjà obtenu l’inscription de 2 de ses plantes, comme la Guyane et Tahiti.

Filière de production

Avec le concours du Conseil régional, l’association souhaite mettre en place une filière de production de Plantes aromatiques et médicinales. La dégustation et la vente de tisanes péi pourraient avoir un effet positif sur le tourisme et l’agro-tourisme. Cette filière innovante pourrait permettre le développement de petites entreprises de cosmétiques comme celle de Mme Vitry à Saint-Gilles les Hauts. Il pourrait aussi y avoir l’opportunité d’une ouverture vers le marché international. Mais sur ce dernier point, cela demande de s’assurer de la valeur de nos plantes, de compléter leur connaissance par des recherches chimiques, pharmacologiques et de toxicité.

Voleurs de plantes

Si le dépôt de Brevet sur les plantes n’est plus autorisé, en revanche, celui sur leur principe actif est possible. Comme en atteste Stéphanie Brillant, "il faut se méfier des grands groupes qui veulent avoir la main mise sur la molécule". C’est ainsi que l’Aplamedom a déjà refusé de répondre aux sollicitations insistantes de certains groupes pharmaceutiques ou cosmétiques qui avaient des vues lucratives, mais exclusivement pour eux, sur notre flore. Beaucoup de prospecteurs viennent dans l’anonymat rencontrer les tisaneurs de La Réunion et ramasser quelques plantes qu’ils ramènent “an misouk” dans leurs bagages. D’autres procèdent à des collectes officielles, autorisées. Le principe actif une fois isolé, ces grands groupes l’exploitent sans aucune contrepartie pour la population. "En de mauvaises mains, on ne peut plus rien faire avec la plante". "Il faut faire très attention, cela peut aller très vite", prévient Stéphanie Brillant qui reconnaît que l’"on ne peut pas tout maîtriser".
Une association équitable brésilienne est parvenue a faire entendre ses intérêts auprès de ces groupes internationaux pour bénéficier de l’entière gérance du produit et en récupérer les recettes de sa vente.


Des recettes simples de répulsifs

Pour bébés (plus de 3 mois) et femmes enceintes :
25 gouttes d’huile essentielle d’Eucalyptus citriodora diluées dans 60 ml d’huile d’amande douce ou de gel d’Aloes vera.

Pour adultes :
7 gouttes d’huile essentielle de Géranium rosat + 7 gouttes d’huile essentielle de Citronnelle (Cymbopogon nardus) + 7 gouttes d’huile essentielle d’Eucalyptus citronné dans 20 ml d’huile végétale ou de gel d’Aloes vera.


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