L’épidémie de chikungunya peut reprendre

’Le risque est réel sans pouvoir le quantifier’

7 septembre 2006

Mardi, lors de la conférence de presse tenue à l’occasion de la visite du Ministre de l’Outre-mer, il a été beaucoup question du chikungunya. La situation épidémiologique et la présentation de la campagne de communication destinée à prévenir une nouvelle flambée de la maladie était à l’ordre du jour. À l’approche de l’été, rien n’est encore gagné.

La lutte contre l’épidémie est toujours d’actualité, tel est en substance le message délivré par Vincent Pierre de la CIRE, mardi en présence de François Baroin, Ministre de l’Outre-mer. Vincent Pierre a dressé un rapide bilan de la situation épidémique rappelant en préambule que le chikungunya, depuis son apparition jusqu’à ce jour, ce sont : 266.000 cas soit 1/3 de la population, 247 formes graves, 40 cas de transmissions materno-fœtales et 246 certificats de décès portant la mention chik. Depuis juillet, l’on est à moins de 50 cas par semaine avec une tendance ces dernières semaines à une moyenne de 30 cas, ce qui fait dire à Vincent Pierre que "aujourd’hui, la transmission est modérée (...), se fait à bas bruits". Il a néanmoins souligné la nécessité de consolider le système de comptage qui induit un peu d’inertie, au vu des délais d’inscriptions des cas, insistant que l’épidémie s’est tout de même maintenue durant tout l’hiver austral. "Le risque (d’une nouvelle flambée) est réel sans pouvoir le quantifier. On n’enregistre pas de frémissement dans les îles de l’océan Indien, par contre en Inde, l’épidémie sévit. L’on recense actuellement 1 million de cas". En effet, elle touche les États du Sud de l’Inde, la province du Bangalore avec des alertes récentes au niveau de celle du Goujrat.

Communiquer "en toute transparence"

Face à ce "risque réel", le gouvernement annonce notamment une campagne de communication qui sera mise en œuvre à compter du 15 septembre. Elle vise, selon le Préfet Pierre-Henry Maccioni, "à remobiliser la population (...). Il faut un changement durable de nos comportements à tous. Sans l’action répétée et l’engagement quotidien de toutes les Réunionnaises et les Réunionnais, le Plan Chik ne sera pas en mesure d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixé".
La jeunesse, pour une fois valorisée et présentée sous son trait le plus responsable, sera mise à contribution dans cette campagne de sensibilisation avec l’implication du Rectorat pour faire passer le message. S’agissant du grand public, le préfet a tenu à insister (et c’est de bon aloi) qu’il sera informé "en toute transparence". Et appel est lancé cette fois au monde associatif pour continuer son travail de solidarité et de proximité, la transmission d’un message pédagogique dans sa propre sphère.

S.L.


- Sur le terrain de la lutte

Priorité aux ravines et carcasses

Entre 1.000 et 1.200 personnes sont sur le terrain, personnels dévolus par les 2 collectivités, les communes, l’armée et la DRASS. "Le protocole de vigilance renforcé est toujours en vigueur", comme l’a rappelé mardi la Directrice de la DRASS, Flore Therond-Rivani, et la lutte anti-vectorielle se décline selon 4 objectifs :

- Disposer d’un système de lutte anti-larvicide dans les zones urbaines : les 300 kilomètres de ravines sont traités par les personnels des 2 collectivités et des communes, les 1.500 dépôts d’ordures sauvages recensés sont traités par la DRASS et à nouveau par les communes.

- Renforcer le suivi épidémiologique et entomologique : de par leur plus grande densité humaine et vectorielle, 42 quartiers de l’île, les plus touchés durant l’hiver austral 2005, font l’objet d’une surveillance entomologique particulière. Le réseau de veille épidémiologique a quant à lui été élargi aux pharmacies, laboratoires, et à chaque cas signalé, un repérage au porte-à-porte est effectué auprès des populations alentours.

- Permettre une intervention réactive et graduelle autour des cas : 3 à 5 jours après le signalement, les 10 maisons alentour sont traitées puis, 15 jours après, 100 maisons et ce grâce aux effectifs. En cas de contaminations groupées, ce sont environ 500 maisons qui sont traitées.
- Renforcer la vigilance : dans les communes de Saint-André, Sainte-Marie, Saint-Paul, l’Étang-Salé et Saint-Louis, une recrudescence de cas est enregistrée. La Directrice de la DRASS appelle la population à se signaler pour permettre une intervention rapide et espérer ainsi faire chuter le phénomène de transmission.

S.L.

Huguette Bello pose les bonnes questions

o 220 agents, c’est largement insuffisant
Alors que le Premier ministre avait annoncé lors de son dernier passage un service de prophylaxie doté de 450 personnes, la Députée Huguette Bello a alors demandé sur quels critères on pouvait tabler pour 220 agents dans le GIP en janvier 2008. Selon la Directrice de la DRASS, le chiffre était même inférieur, mais depuis, une reconsidération des besoins des différents sites de la DRASS (4 au total) et des effectifs a été réévaluée. Quoi qu’il en soit, 220 agents suffisent à une situation inter-épidémique (à savoir aucun cas !), "dès que nous passons à 100 cas par semaine, nous sommes obligés d’augmenter les effectifs !". En résumé, un service de prophylaxie autonome et pérenne, sans le soutien des collectivités et des communes, c’est pas pour demain !

o Répulsifs pour les familles en difficultés : décision "au niveau local"
250.000 ménages réunionnais vivent en dessous du seuil de pauvreté. Comment ces personnes vulnérables peuvent-elles se protéger contre l’épidémie, interroge dans la foulée la Députée communiste ? La parole est toujours à la Directrice de la DRASS qui, à l’évidence, se serait bien passée d’un tel renvoi de balle de la part du Ministre lui-même. Elle propose que les CCAS "les mieux placés" dressent une liste des personnes en difficultés (et le Maire de Saint-André de souffler dans l’oreille du Préfet : "C’est ce que j’ai fait"), et qu’éventuellement, l’État s’engage à participer à l’achat des répulsifs à hauteur de 50%. Pour le Ministre : "le comité de pilotage est là, cette décision doit être prise au niveau local".
Maurice Gironcel interviendra alors pour rappeler que sa commune a investi en 2 fois 80.000 euros pour l’achat de répulsifs. Plus, ce sera difficile.


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