Rencontres de la Communauté hospitalière La Réunion-Mayotte

« Le service public est en danger, ainsi que les malades »

6 avril 2004

Hier, l’Agence régionale de l’hospitalisation de La Réunion (ARH) conviait la presse aux rencontres de la Communauté hospitalière La Réunion-Mayotte. Au cours de cette réunion, le directeur de l’ARH, Antoine Perrin, exposait à tous les représentants de l’hospitalisation (publics, privés, institutionnels et syndicalistes), des services de l’État et de l’assurance maladie les différents chantiers que souhaite engager le gouvernement avec le plan Hôpital 2007.

Hier, c’est une salle comble, constituée des acteurs de la santé à La Réunion, qui recevait les réflexions d’Antoine Perrin, directeur de l’ARH, sur le système hospitalier réunionnais, dans le cadre du plan Hôpital 2007 prévu par le gouvernement.
Avec des pincettes, diront les syndicalistes, au vu des menaces qui planent sur le secteur public hospitalier. En effet, le gouvernement souhaiterait réformer le secteur de la santé, sans donner les moyens nécessaires en matière de personnels soignants et médico-techniques. Les acteurs de la santé ne se sont pas laissés duper. Il est bien question de réformes à venir et d’expérimentation, notamment en matière de gérance du plateau hospitalier réunionnais.

Le couperet de la privatisation

Antoine Perrin présentait donc les orientations : l’application du plan Hôpital 2007, conformément à la politique de l’ancien ministre de la Santé (Loi Mattéï de Santé Publique) ; l’entrée en vigueur de la T2A (tarification à l’activité), appliquée depuis le mois de janvier 2004 (l’hôpital devra générer 20% de son budget pour atteindre les 100%) ; et l’expérimentation d’une nouvelle gérance (Conseil exécutif, constitué du directeur de l’établissement et de médecins gestionnaires de pôles de soins).
Sa réflexion se place bien évidemment dans le cadre des réformes à venir. Le gouvernement, selon la porte-parole de la CGTR Marlène Jeanne, réserve aux hôpitaux publics le couperet de la privatisation.
Tout est aujourd’hui question de savoir comment planifier cette révision de l’Hôpital français, dans son organisation, sa gestion. Un dossier où l’État se désengage d’un autre secteur public, la santé.
Benoît Servant, autre responsable de la CGTR-Santé, soulève plusieurs questions, notamment sur la T2A et la nouvelle gérance annoncée pour les hôpitaux français. Il note le problème de la croissance de l’activité, qui oblige la diminution des temps de séjour. "La maîtrise de la durée de séjour passe par une gestion en amont et en aval", dit-il, expliquant qu’il importe que les malades en suite de soins bénéficient de l’hospitalisation à domicile (HAD). Ce qui semble impossible au vu du manque de lits HAD.
À côté de cela, le plateau hospitalier réunionnais souffre du manque ostentatoire de personnel soignant. "On nous demande de faire plus avec le personnel que nous avons. M. Perrin reconnaît lui-même que notre personnel est en deçà de nos besoins", poursuit Benoît Servant, ce qui impliquerait l’absence de repos, la non compensation des absences... "Les personnels soignants font de plus en plus de tâches administratives", continue-t-il.
Quant à la question de la nouvelle gérance, inscrite dans le cadre du plan Hôpital 2007, "il nous faut un certain nombre de préalable", confiait-il. Toutefois, l’organisation de cette gérance doit tenir compte des conflits qui existent entre la direction et le personnel soignant.

Vers une régionalisation de la santé

Les participants à cette réunion de la Communauté hospitalière La Réunion-Mayotte examinaient ensuite le Schéma régional d’organisation sanitaire de 3ème génération, présenté par Antoine Perrin, le directeur de l’ARH.
Il semble visible que l’État se désengage d’une de ses missions. Et nombre d’acteurs de la santé s’inquiètent d’entrer dans une régionalisation de la santé. Selon Benoît Servant, il est à craindre que, dans les années futures, le financement de la santé soit du ressort de la Région.
Les risques d’une précarisation de la santé sont aussi à craindre. Tarification à l’activité, nouvelle gestion et organisation des hôpitaux feront peut-être l’affaire d’un gouvernement Raffarin 3, toujours aussi antisocial. Quant à garantir la qualité des soins et leur démocratisation... "Le service public est en danger, ainsi que les malades", disait hier un acteur de la santé en aparté.

Bbj


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