Pour toute personne qui est amenée à manipuler régulièrement des produits chimiques, la législation de la médecine du travail prévoit un contrôle de son dosage de cholinestérase, enzyme produite par l’Homme.
Sylvie Garnier, médecin pour le cabinet Intermétra, nous explique que des produits chimiques, tels que les organophosphorés (Téméphos et Fénitrothion) peuvent engendrer une diminution du taux de cholinestérase, témoignant ainsi d’une intoxication. "Un dosage est réalisé avant application des produits et après, à chaque fois que cela est nécessaire, en cas d’accident." La médecine du travail n’aurait pas recensé d’augmentation de cas d’intoxication en liaison avec les épandages d’insecticides dans le cadre de la lutte anti-vectorielle du chikungunya. "À moins d’une mauvaise manipulation", les cas de malaises ou d’allergies dont la presse s’est faite l’écho sont surtout des personnes étrangères à l’épandage. Le médecin souligne que les consignes de sécurité ont été rappelées aux personnes qui réalisent les démoustications et qu’il convient de les respecter rigoureusement. Revêtir les tenues de protections complètes et adaptées, vérifier leur état, respecter les modes d’emploi, la posologie des produits... "depuis des années, l’on a beau répéter les consignes, on continue à trouver des personnes qui stockent des produits dans des bouteilles plastiques, qui utilisent des équipements abîmés, qui fument ou mangent après les applications sans s’être lavées."
Les inconvénients de la deltaméthrine, molécule qui fait partie de la famille des pyrèthres, qui par broyage des particules de chrysanthème donne une poudre insecticide, sont surtout des irritations, des brûlures de la gorge, à la différence des "organophosphorés qui sont des poisons. Mais tout dépend de la quantité employée." Les intoxications aiguës peuvent se retrouver dans le cas de manipulation des produits à très fortes doses. Si elle ne pense pas qu’il y ait de risque pour la santé des démoustiqueurs (s’ils respectent scrupuleusement les consignes de sécurité) Sylvie Garnier précise néanmoins qu’il "faut suivre les salariés car on peut avoir des intoxications à plus long terme, avec des conséquences neurologiques, qui sont néanmoins réversibles après arrêt de l’utilisation des produits."

Estéfani