Dioré : quartier sinistré de Saint-André

Leptospirose : l’État doit agir

16 juin 2007

La Réunion compte une nouvelle victime de la leptospirose. Le décès cette semaine de Adrien Houng-Chui-Kien soulève deux problèmes sanitaires importants : d’une part la maladie qui bien que mortelle ne mobilise les autorités outre mesure et d’autre part, le problème du raccordement en eau dans le quartier Dioré, situé sur les hauteurs de Saint-André, ravitaillé depuis des années par des citernes en fin de vie. Éric Fruteau, Conseiller municipal de l’opposition monte une nouvelle fois au créneau.

Ce n’est pourtant pas la première fois que l’élu intervient pour tenter de sonner le réveil de la mairie qui fait peut de cas du quartier le plus sinistré de sa commune. Depuis des années, la vingtaine de familles qui y vit, soit une centaine de personnes, s’attache à gérer le quotidien sans eau courante.

« Les carences et les retards sont énormes »

Pour faire sa toilette, laver linge et vaisselle, hiver comme été, ces habitants se débrouillent, stockent l’eau dans des fers-blancs, des contenants divers. Nous sommes à La Réunion, département français du 21ème siècle dans une commune livrée à la responsabilité (ou l’irresponsabilité) d’un maire qui se défend de la majorité présidentielle ! Mais ce n’est pas tant le cas de Jean-Paul Virapoullé qui nous intéresse que celui de ces familles astreintes à la précarité, à des conditions de vie d’un autre temps. Les camions-citernes qui alimentent le quartier en eau sont insalubres. La rouille qui les ronge laisse perplexe les habitants quant à la qualité de l’eau qui leur est servie. Pour la famille du défunt, c’est d’ailleurs cette eau trouble qui serait responsable de son décès. Éric Fruteau l’envisage, mais ne le maintient pas. Ce qui lui apparaît aujourd’hui important c’est, au-delà du soutien, de l’écoute et de la présence qu’il peut apporter aux familles qu’il connaît depuis longtemps, de mobiliser les autorités sur ces deux problèmes parallèles qui nécessitent d’engager deux démarches qui soulèvent un problème de santé publique majeur.
En termes d’hygiène, de sécurité, de respect des normes sanitaires, Saint-André est à la pointe de l’incompétence. « Je ne vote jamais le budget sur l’eau potable présenté en Conseil municipal car les carences et retards sont énormes en la matière, alors que les travaux promis n’avancent pas », soutient l’élu. La mairie, comme à chaque veille de scrutin, annonce effectivement l’aboutissement prochain des travaux de raccordement en eau, fixés cette fois à 2009 mais « cela fait 36 ans que le problème est là. Dioré est un quartier délaissé. »

Action globale pour lutter contre la leptospirose

Éric Fruteau a donc à nouveau adressé hier un énième courrier au Maire pour le rappeler à ses responsabilités et aux égards qu’il lui incombe d’avoir pour ces habitants. Il a également interpellé, toujours par courrier, le Sous-Préfet de Saint-Benoît, le Préfet de La Réunion ainsi que la Présidente du Conseil Général. Il demande à l’État de considérer avec sérieux et gravité la maladie et de ne pas se réduire à rappeler les responsabilités qui incombent aux communes en termes de salubrité publique.
Certes, les maires ont un rôle à jouer, mais pour Eric Fruteau « il y a un plan départemental d’envergure à mettre en place. Il faut s’y mettre ! » Il estime qu’il est urgent d’agir (comme le rappelait déjà Huguette Bello à l’Assemblée nationale en 2006) au travers d’un programme de prévention active, mais aussi en mettant à la disposition de la population des kits raticides. Il préconise un plan d’action globale qui comprendrait un éventail d’actions à mener en parallèle dans le respect de l’environnement. Il estime nécessaire d’évaluer le parcours des eaux usées, de maintenir la vigilance au niveau des dépôts sauvages. « Si les communes sont responsables de la salubrité publique, l’État est quant à lui responsable de la santé publique », soutient encore le Conseiller municipal.
Quant au Département, s’il n’a pas les moyens correspondant aux compétences transférées, il faut qu’il les réclame car il en va de l’intérêt général de La Réunion. « Comme pour le chikungunya, il faut un protocole d’actions précis pour permettre une action globale. Si l’on traite une commune et que les rats se dirigent vers les autres, c’est inutile. Il faut lutter ensemble, simultanément et à tous les niveaux. » Il y a 1 an déjà, le quartier Dioré déplorait deux victimes de la leptospirose.

Stéphanie Longeras


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Messages

  • J’habite en France dans le Jura. La semaine, mon mari a failli mourir de cette maladie. Il a fallu plus de 5 jours pour qu’on mette un nom sur les souffrances et l’état quasi cadavérique dans lequel cette maladie l’avait mis. Je ne comprends pas qu’on ne parle pas par voix de presse sur cette bactérie. Je pense que beaucoup de gens ferait plus attention s’il connaissait les symptômes et sur la façon dont on peut être contaminé. Il devrait y avoir une campagne nationale sur ce sujet


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