
C’était un 30 juin
30 juin, par1993- La disparition de Lucet Langenier. Elle a été brutale, prématurée et a frappé douloureusement non seulement sa famille mais aussi ses (…)
Acculés à une baisse de revenus et “baladés” par le gouvernement
4 janvier 2008
Après la forte mobilisation des pharmaciens, jeudi dernier, la profession est dans l’attente du décret qui doit officialiser les modifications apportées à la structure du prix des médicaments. Et ils ont eu tout dernièrement des nouvelles pas rassurantes.
La tension est montée d’un cran, mercredi, lorsque les pharmaciens - qui devaient tenir ce même jour leur assemblée générale - ont appris par des voies indirectes et toujours informelles, que la répartition des charges du prix du médicament serait partagée à 30% par les détaillants et 70% pour les grossistes, transporteurs et laboratoires, autrement dit toute la partie “amont” et logistique de la formation du prix.
Après avoir passé une journée à expliquer à la présidente du Département et au Sénateur-maire de Saint-André, la fragilité de la marge nette des pharmacies de La Réunion, les pharmaciens en colère s’attendaient à un autre partage.
Un engagement non tenu
En effet, ils ont été avertis, la semaine dernière, pendant qu’ils rencontraient Jean-Paul Virapoullé, d’un projet de décret, transmis par fax, leur disant que la baisse de 5% serait répartie à 90% en amont (laboratoires, grossistes, fiscalité outre-mer et transport) et à 10% sur les revenus et charges. Sur la base de cette information et de ce projet d’arrêté, des premières simulations ont été faites « tranche par tranche », c’est-à-dire pour chaque maillon de la chaîne du prix. Et ces simulations ont fait apparaître que le projet d’arrêté ne touchait pas à la dégressivité des grossistes, laissant à la distribution une situation précaire, surtout dans le cas des médicaments coûteux, voire très coûteux. Dans la chaîne actuelle du prix du médicament, plus un article est coûteux, plus la marge des détaillants qui le dispensent est réduite. C’est la raison pour laquelle les pharmaciens demandent, si la chaîne du prix doit être révisée, qu’elle répartisse mieux les charges et les marges autorisées.
Par exemple, les laboratoires ont partie liée avec le transport des médicaments qui sortent de leurs murs et partout en France, ils ne font pas payer le transport aux pharmaciens. De même, les pharmaciens de France ne paient ni l’immobilisation des médicaments, ni leur retour. Mais dans les DOM, où vit près de 2% de la population de France, les pharmaciens qui servent cette population contribuent à ces charges, qui constituent les surcoûts de la chaîne du médicament outre-mer.
C’est pourquoi, ayant fait leurs simulations, les pharmaciens ont fait savoir la semaine dernière aux élus UMP que la répartition proposée n’était pas acceptable. La réponse de Jean-Paul Virapoullé et Nassimah Dindar aurait été : « Nous nous engageons à demander par courrier aux ministères que l’impact de la mesure qui sera prise ne dépasse pas 18% pour les pharmaciens » (et donc 82% pour les différentes tranches amont). Les bruits qui sont parvenus aux pharmaciens mercredi sont très en deçà de ce qui leur a été avancé.
Une riposte en deux temps
D’où une riposte qui ne s’est pas fait attendre. Elle va venir en deux temps, graduellement, selon ce qu’ont expliqué les pharmaciens et consiste à renvoyer vers la Sécurité sociale les charges dont celle-ci s’est débarrassée, il y a environ trois ans, aux dépens des pharmaciens.
• Première étape : Au 1er février, si rien de change, les pharmaciens vont gérer les prescriptions médicamenteuses « en mode dégradé », c’est-à-dire en renvoyant vers la Sécurité Sociale la gestion du Tiers-payant, dont cet organisme s’est déchargé en en confiant le paramétrage complexe aux pharmacies. Les pharmaciens le font gratuitement, comme un service rendu à la population : c’est fini. « On revient deux ou trois ans en arrière - explique Claude Marodon, au nom de l’Intersyndicale des pharmaciens et préparateurs de pharmacie - Ce n’est pas à nous de traiter la question des droits Sécurité Sociale et des droits Tiers-payant. Que la Sécurité Sociale embauche du personnel pour reprendre cette gestion à sa charge ». La réponse de la Sécurité Sociale devait être communiquée hier après-midi.
• Deuxième étape de la riposte : au 1er mars, les pharmaciens ne seront plus les “banquiers de la Sécu”. En France, les pharmaciens ont obtenu de la Sécurité Sociale des avances de trésorerie leur permettant de délivrer certains médicaments. A La Réunion, ce sont les pharmaciens qui font l’avance sur certains médicaments rares et coûteux. « Quelquefois, nous ne pouvons plus stocker les médicaments, tant ils sont chers », explique Claude Marodon.
Sur ces éléments, une délégation de l’Intersyndicale a rencontré hier le Président de Région et les élus régionaux Maya Césari, Catherine Gaud, Raymond Mollard et Radjah Veloupoulé (voir ci-après). A l’issue de la rencontre d’hier soir, les élus de la Région ont indiqué à leurs interlocuteurs la possibilité d’une saisine de l’Observatoire des prix, créé précisément pour étudier la formation des prix outre-mer. Une proposition bien reçue par les pharmaciens, dont le porte-parole, Mario Lechat a indiqué qu’ils étaient « favorables à la transparence des prix » et qu’ils ne s’opposaient qu’à la méthode utilisée par le gouvernement et à l’absence d’un véritable dialogue.
P. David
Incompétence et rideau de fumée
Le mouvement de la semaine dernière a été plein d’enseignements.
C’est d’abord toute une profession qui s’est soulevée ; pharmaciens et préparateurs de pharmacie, ensemble, sont allés dire aux élus qu’ils considèrent comme « impliqués dans les mesures en préparation » à quel point ils méconnaissaient la situation des officines. « Mme Dindar nous l’a dit : elle est là pour appliquer la décision du gouvernement. C’est une déclaration d’incompétence, alors qu’elle devrait être là pour nous représenter » constate Claude Marodon en des termes qu’il qualifie lui-même de « durs ». « S’ils ne sont pas capables, qu’ils laissent la place à d’autres » ajoute-t-il à l’adresse de sénateur Virapoullé et de la présidente du Conseil général.
Symboliquement, les pharmaciens et préparateurs de pharmacie sont allés déverser des boîtes de médicament vides au Palais de la Source et à la mairie de Saint-André, « symboles d’un “cadeau” qui n’a aucun sens - une boîte vide ! - comme cette réforme », expliquaient les pharmaciens en colère.
La raison de cette colère tient au fait que les premières mesures annoncées ont consisté à attaquer exclusivement les résultats de l’activité des pharmacie, sans toucher au reste de la chaîne du prix du médicament. Le Sénateur Virapoullé a beaucoup jacassé sur la « baisse du prix des médicaments » alors que les mesures en préparation - d’après ce qu’il est permis d’en voir jusqu’à présent - consistent uniquement à attaquer les revenus du maillon faible de cette chaîne du prix.
Sans autre incidence sur les assurés sociaux que celles provoquées par toute une série de décisions gouvernementales. Non seulement les prix ne vont pas baisser, mais sur certains médicaments, ils vont augmenter ; sur d’autres, qui étaient remboursés partiellement et qui ne le sont plus, la charge incombe aux malades, qui doivent en plus s’acquitter de la franchise de 0,50 euros par boîte de médicament et par acte paramédical.
A La Région
L’Observatoire des prix pour sortir de la crise
Et si les propositions pour modifier le prix des médicaments venaient des Réunionnais eux-mêmes, dans une saisine de l’Observatoire des prix ? C’est la proposition faite hier par Paul Vergès aux pharmaciens, qui l’ont acceptée.
Devant l’imminence annoncée d’un arrêté ministériel qui devrait commander une baisse de 3% des prix des médicaments (bientôt complétée d’une baisse de 2%), pris pour une part jugée insupportable sur la marge des pharmaciens, une délégation a demandé à être reçue à La Région. Claude Marodon, Frédérique Sautron, Mario Lechat, Gilles Narboni, Patrick Gaubert, Jean-Pierre Gambini et Joël Delarue ont rencontré le Président de la Région, qui les a reçus entouré de quatre conseillers régionaux.
La proposition qui a été faite à la délégation a semblé couler de source : puisque le conflit en cours met en jeu la structure du prix des médicaments et puisqu’un outil créé par la loi a pour mission de faire la transparence sur la formation des prix, pourquoi les pharmaciens ne saisiraient-ils pas l’Observatoire des prix ? Ce serait l’occasion de mettre en action la transparence recherchée, dans une démarche de concertation qui a fait défaut jusqu’à présent. Ce serait aussi le signe que les Réunionnais, quels que soient leur secteur d’activité, sont prêts à cette transparence et qu’ils ont des propositions à faire. Dans la situation de crise actuelle, le gouvernement peut-il refuser la perche qui lui est tendue ?
Paul Vergès doit signer aujourd’hui un courrier adressé au gouvernement, demandant une réunion d’urgence de l’Observatoire des prix. Les pharmaciens pour leur part se sont engagés à lever leur mouvement dès qu’ils auront obtenu une date de réunion de l’Observatoire des prix sur le problème qui les occupe.
Absence d’éléments d’évaluation
Un rapport très attendu
En 2004, un membre de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), Dominique Giorgi, a établi un rapport, paru en 2005, sur « L’Evolution des dépenses d’assurances maladie, soins de ville, dans les DOM ». Analysant la structure de ces dépenses, le rapport fait notamment apparaître que les médicaments y occupent entre 35% et 40% dans presque tous les DOM, sauf à La Réunion où ils sont contenus à 30% dans la structure comparée des soins de ville. D’une façon générale, le rapport souligne qu’à La Réunion, l’évolution des dépenses entre 2000 et 2004 a maintenu l’écart le plus faible de l’ensemble des DOM. La troisième partie de ce rapport traite des surcoûts liés aux frais d’approche des médicaments et fait apparaître « des marges considérables supérieures à celles des grossistes métropolitains... », à partir d’une comparaison entre les Antilles et le prix hors taxe pratiqué en France. Ce rapport concluait d’abord à la grande disparité des situations : « La croissance des dépenses d’assurance maladie n’est globalement pas déraisonnable à La Réunion et en Martinique » notait Dominique Giorgi. Il ajoutait : « S’agissant des médicaments, la croissance des dépenses s’expliquerait pour 40% par l’évolution des volumes de ventes et pour 60% par la modification de la structure des ventes », la croissance des dépenses étant surtout sensible dans les pharmacies hospitalières. L’unique recommandation formulée, concernant les médicaments, était « une modification de la réglementation du prix ». « L’actuelle réglementation - au demeurant illégale - rétribue néanmoins trop largement la distribution du médicament... ». Cette formule, d’un flou sans doute très calculé, est jugée assassine par les pharmaciens, dans la mesure où elle n’établit pas où s’arrête la distribution (qui désigne en principe les grossistes répartiteurs - dont les marges peuvent en effet être importantes), et où commence leur rôle de détaillants.
Une étude plus poussée se fait toujours attendre.
P. David
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