L’hôpital public en danger

Les praticiens du GSHR boycottent les activités administratives

25 février 2009, par Sophie Périabe

Depuis le 1er février, entre 80 et 85% des praticiens du GHSR sont en « grève administrative », seules les activités de soins sont assurées. Ils défendent l’hôpital public, s’opposent à la baisse des retraites complémentaires et demandent le maintien d’un contrepouvoir médical dans la réforme de la gouvernance prévue par le projet de loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires (HPST).

Ce mouvement est parti d’un mécontentement des praticiens de Saint-Pierre après la grève mi-octobre 2008 contre la réforme de la retraite complémentaire. La réforme prévoit « d’augmenter les cotisations de 30% et de baisser les reversements de 30% », explique José Guiserix, chef de pôle au GHSR et membre du syndicat des praticiens des hôpitaux publics.
Les mécontentements portent également sur la loi HPST, projet qui est actuellement discuté à l’Assemblée nationale. « Il y a des bons côtés, mais aussi des moins bons, comme le renforcement du pouvoir du directeur ». En effet, selon José Guiserix, le directeur aura désormais le pouvoir absolu, il n’y aura plus de contrepouvoir, exercé aujourd’hui par la Commission médicale d’établissement (CME) et le Conseil d’administration (CA). Le président du CME ne pourra plus intervenir dans les recrutements, les nominations aux postes importants. De même, le CA se contentera de donner son avis tous les ans sur les finances. « Nous craignons de tomber dans une logique comptable au lieu de notre logique de soins, le malade doit être le centre de nos préoccupations », insiste le médecin. Car avec ce renforcement du pouvoir, il y aura aussi un renforcement de la précarité, « il faudra toujours faire plus de résultats, faire des économies, les postes seront plus facilement éjectables aussi ». Les praticiens ont réellement peur pour l’avenir de l’hôpital public, « on va vers la déshumanisation ».

Un mouvement de rétention du codage de l’activité

Pour tenter de se faire entendre, les praticiens ont aujourd’hui décidé de reprendre la démarche adoptée pendant l’été 2008 par des médecins de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) pour défendre l’exercice libéral à l’hôpital, à savoir la rétention du codage de l’activité.
Tout d’abord, « il faut savoir qu’avant, l’hôpital disposait d’une enveloppe, d’un budget chaque année, explique le docteur Guiserix. Aujourd’hui, toujours dans une démarche de tout privatiser, l’hôpital est payé en fonction de l’activité, des pathologies traitées ». Concrètement, lorsque le médecin produit des actes, l’hôpital est « payé » par la Sécurité Sociale et vice-versa. Donc l’ensemble des pathologies traitées par les médecins sont informatisées et « l’ordinateur calcule combien vaut le traitement de telle ou telle pathologie ». Plus de la moitié du budget de l’hôpital est basé sur ce principe. C’est donc une vraie arme que les médecins utilisent afin de faire plier le gouvernement. Bien sûr, « il faut l’utiliser avec discernement, mais aujourd’hui, l’hôpital public est en danger ».
Notons qu’une loi est étudiée actuellement afin d’éviter que les médecins aient recours, à l’avenir, à cette « modalité de grève ».

Le mouvement pourrait être levé si des négociations sérieuses étaient ouvertes entre le gouvernement et un panel représentatif des syndicats de praticiens pour renégocier la loi HPST avec les professionnels de santé, maintenir le rôle du président de la CME dans la gestion hospitalière et sauvegarder le statut unique du praticien hospitalier.
Les grévistes demandent également de réviser le financement des hôpitaux afin de mieux tenir compte des besoins et des missions de service public, arrêter la réforme de la retraite des praticiens et prendre en compte les gardes et les astreintes dans le calcul des retraites.

 Sophie Périabe 


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