Comité de suivi sur le chikungunya

Les salariés aussi vivent la crise

18 mars 2006

La courbe descendante de l’épidémie semble se confirmer. Mais c’est la question économique qui a mobilisé les interventions des partenaires locaux réunis hier au soir au sein du comité de suivi en présence du ministre de l’Outre-mer. Si la nouvelle circulaire réunit désormais les conditions pour entamer le traitement des dossiers, la CGTR rappelle avec force de conviction que la situation des salariés n’est toujours pas prise en compte.

Malgré un taux d’indemnisation et des plafonds d’aides revus à la hausse, certains professionnels du tourisme réunis au sein du CRATER estiment encore que les mesures ne sont pas entièrement satisfaisantes. Plafond insuffisant, exclusion des hôtels de groupe du dispositif, promotion de la destination Réunion : c’est surtout une grande inquiétude et détresse qui les animent.

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Pour les salariés, la coupe est vide "

Détresse également des salariés relayée par la CGTR et la voix de son secrétaire général Ivan Hoareau qui n’est pas satisfait de la réponse apportée à Armand Hoarau, secrétaire général de l’UNSA. Ce dernier interpellant le ministre sur les risques d’incapacités prolongées des salariés, suggère d’organiser une réflexion sur les indemnités et les congés maladie au titre du chikungunya, d’étudier les retombées sur la consommation mais aussi de se pencher sur les coûts des répulsifs pour ne plus avoir pour certaines familles à choisir entre se nourrir et se protéger. "Les salariés en souffrance ont besoin d’une attention particulière", soutient le syndicaliste. Pour le ministre, le soutien apporté aux entreprises par le biais du fonds de secours doit permettre le maintien dans l’emploi, la question du chômage partiel est réglée, donc : la défense des salariés est ainsi prise en compte. "Je ne partage pas votre point de vue", soutient sans détour Ivan Hoareau. Cette équation est trop simpliste. Si la CGTR ne s’oppose pas aux revendications légitimes des entreprises en revanche, elle rappelle que "pour les salariés la coupe est vide." "Il y a comme une espèce de discrimination." Pourquoi des moratoires fiscaux et sociaux pour les entreprises et pas pour les salariés ?

Adressez-vous au Préfet

Le financement à hauteur de 50% du chômage partiel n’est qu’une obligation légale du gouvernement inscrite dans le Code du travail. La gratuité des médicaments ne concerne qu’une très faible partie de la population en mesure d’en assurer le financement. Quant à la prise en charge du délai de carence en cas de rechute, "qui la prend en charge ?" "Si le volume de la solidarité nationale est important, qui le finance ?" Le salarié répondrons-nous, celui-là même qui, pour Ivan Hoareau, ne bénéficie pas de mesures de solidarité particulière face à la crise sanitaire. Pourtant, l’économie dépend de lui. Le syndicaliste attend du patronat qu’il prenne aussi sa part de responsabilité à l’égard des salariés, qu’il affiche un positionnement en faveur de l’application des mesures de compensation financières appliquées en métropole en cas de chômage partiel. "La solidarité nationale est importante, mais ne doit pas exclure la solidarité des employeurs", précise Ivan Hoareau qui attend dans les jours à venir une position patronale claire sur ces questions. François Baroin renvoie la balle au Préfet, à l’instance décisionnelle locale. "Le fonds de secours est souple... on ne peut pas faire plus souple que la déconcentration."
Clairement, nous avons voulu la déconcentration de la gestion, il appartiendra de répondre aux sollicitations locales localement et d’instaurer un dialogue social visant à entendre chaque demande. Plus que jamais donc, l’unité qui a prédominé jusqu’alors entre les partenaires locaux doit s’affirmer, se poursuivre pour que, face à la réalité qui se dégagera de l’étude des dossiers, une réelle solidarité réunionnaise s’exerce. Et puis il y a les mois à venir, il faut se relever pour aller de l’avant.

Estéfani


Quelques chiffres

Pour le chômage partiel : 97% des demandes sont liées à l’activité touristique (64% pour l’hôtellerie, 14% pour la restauration). Une quarantaine de dossiers ont été déposés.


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