Après la visite de Dominique de Villepin

Les syndicats déçus

2 mars 2006

L’ensemble des syndicats réunionnais de salariés se sont réunis hier au siège de la CGTR à Saint-Denis. Un front syndical commun pour faire un point à la suite de la visite de Dominique de Villepin dans l’île. Selon les différents représentants syndicaux, les mesures annoncées par le Premier ministre favorisent davantage le patronat que les salariés.

Pour Ivan Hoareau, secrétaire général de la CGTR, "à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles" et si les annonces faites par le Premier ministre "soulignent bien la solidarité nationale" face à la crise que connaît actuellement La Réunion, "elles ne prennent pas suffisamment en compte la situation des salariés".
Il ajoute : "l’État s’est engagé à nos côtés mais l’on attendait des mesures plus convaincantes ; il existe des dispositifs nettement plus intéressants au niveau du chômage technique, des garanties complémentaires en cas de maladie mais ils ne concernent que l’Hexagone". Pour Ivan Hoareau, il faut que ces mesures soient appliquées à La Réunion.

Garantie des salaires

Autre point soulevé par le syndicaliste, la garantie des salaires en cas de chômage partiel dû à la baisse d’activité générée par l’épidémie de chikungunya. Rappelons que l’État prendra en charge 50% de l’indemnisation de ce chômage partiel. Le Premier ministre a demandé que les 50% restants soient payés par l’UNEDIC, mais cela reste un souhait.
"Pour le moment, nous n’avons que la garantie de l’État. Je suis déçu, profondément déçu, une enveloppe de 60 millions a été allouée aux seules entreprises. J’estime que les salariés sont lésés", dit-il.
Pour Ivan Hoareau, "à la date d’aujourd’hui, hormis la prise en charge des trois jours de carence en cas d’arrêt maladie pour rechute au chikungunya, "les salariés n’ont perçus presque aucune aide".

Des emplois pour les Réunionnais

Jean-Pierre Rivière, de la CFDT déplore quant à lui le fait que le recrutement des personnels de soins ne se fasse pas prioritairement à La Réunion. "L’exemple d’une trentaine d’infirmières venues en renfort de métropole alors qu’il y en a près de quarante inscrite à l’ANPE dans le département" montre selon lui que le recrutement local n’est pas la priorité pour les autorités de l’État.
Dans un autre registre, Armand Hoarau, de l’UNSA, estime que la population doit s’approprier la lutte contre les dépôts sauvages de déchets et contre les moustiques. "Nous avons une veille sanitaire qui ne fonctionne plus depuis longtemps ; il faut se responsabiliser en tant que citoyen, et pourquoi ne pas mobiliser les jeunes et mettre en place une formation adaptée ?" demande-t-il.

Éviter une "frustration aiguë" des salariés

Une proposition qui sera peut-être entendue. Mais en attendant, l’ensemble des syndicats s’accordent sur le fait que des mesures plus importantes doivent être apportées.
Selon Ivan Hoareau, il est urgent d’aider les catégories sociales les plus en difficultés, dont le pouvoir d’achat est gravement attaqué par l’épidémie et ses conséquences. Il faut en effet éviter le risque d’une "frustration aiguë" des salariés, qui pourrait soulever des problèmes de "cohésion sociale".

Ingrid Koenig


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