Mettre en place des mesures pour assainir les troupeaux

Leucose bovine : l’ADEFAR demande que la santé soit prioritaire

12 avril 2018

Demain, l’ADEFAR tiendra une conférence de presse devant la préfecture en présence de deux députés. L’organisation d’éleveurs réagit aux propos rassurants tenus par le préfet lors de sa dernière visite à la Plaine des Cafres au sujet de la leucose bovine. Il avait indiqué qu’elle est inoffensive pour l’être humain, ce qui expliquait pourquoi les bêtes malades ne sont pas abattues à La Réunion. Or c’est le cas en France. L’ADEFAR a également adressé lundi un courrier au préfet répondant à ses propos. En voici de larges extraits, avec des intertitres de Témoignages.

Photo Toniox.

Or, déjà en 1988, des vétérinaires demandaient que des mesures soient prises contre la leucose bovine enzootique (LBE), car elle était déjà la première pathologie rencontrée dans les élevages bovins à La Réunion.

L’arrêté du 31.12.1990, fixant les dispositions à prendre sur tout le territoire national en cas de présence de cette maladie, n’a jamais été appliqué à La Réunion. Pourquoi traiter l’éleveur d’ « ignorant » alors que les services en charge du respect de la réglementation nationale et qui sont sous la responsabilité de l’Etat́ n’ont pas rempli eux-mêmes leur mission ?

Dans une décision du 11.12.2014, le Tribunal Administratif (T.A.) de La Réunion a annulé un arrêté préfectoral prévoyant que la lutte contre la LBE était facultative à La Réunion. Le T.A. a repris les dispositions de l’arrêté de 1990. Ainsi, il considère que cet arrêté est applicable dans notre département.

Le Ministère de l’Agriculture publie deux arrêtés en 2015 excluant La Réunion du champ des dispositions de l’arrêté de 1990. Le Conseil d’Etat - plus haute juridiction de France - casse ces deux arrêtés et considère qu’il y a excès de pouvoir du ministère. Celui-ci a publié un nouvel arrêté qui a fait l’objet d’un nouveau recours de notre association ADEFAR.

Mortalité 4 fois supérieure à la France

En fait dans notre ignorance, nous - association ADEFAR - ne faisons que demander l’application d’un arrêté français sur le département français de La Réunion. Le fait qu’une partie de l’administration française ne l’admette pas, ne permet pas au représentant de l’Etat français que vous êtes, d’utiliser un tel qualificatif à notre égard.

Aujourd’hui le Ministère de l’Agriculture, le représentant de l’Etat que vous êtes, la DAAF (Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt), les filières, les vétérinaires arguent de ce que nous considérons que la LBE est responsable des taux de mortalités anormales du cheptel bovin. C’est de la manipulation ou cela y ressemble.

Nos premières actions sont parties de bovins vivants atteints d’IBR, importés par les deux filières Sicalait et Sicarévia, en 2003. C’est à partir des dossiers et autres analyses découverts chez les éleveurs que nous, membres de l’ADEFAR, avions pris conscience de l’état sanitaire préoccupant du cheptel bovin à La Réunion. Ayant en mains le bulletin épidémiologique de 2011 répertoriant les maladies présentes à La Réunion sur les ruminants à savoir - l’anaplasmose, la babésiose, la BVD (Diarrhée Virale Bovine), la CAEV, la cowdriose, la FCO (Fièvre Catarrhale Ovine), la fièvre Q, l’IBR (Rino-trachéite Infectieuse Bovine), la LBE, la leptospirose, la maladie hémorragique épizootique, la paratuberculose - nous avons voulu : d’abord informer les éleveurs sur les causes des mortalités croissantes 4 fois supérieure à la métropole ; ensuite alerter les pouvoirs publics sur la situation sociale, économique, financière, des familles d’éleveurs victimes de cette catastrophe et ce scandale sanitaires ; enfin sensibiliser les autorités compétentes sur cette situation, en les incitant à prendre des mesures pour arriver à assainir l’état sanitaire du cheptel bovin.

Le risque « mortalité » n’est plus assuré

Les « ignorants » que nous sommes, vous rappellent, M. le Préfet, que c’est à la suite de ces importations de bêtes malades et contaminées du bateau de 2003, que l’assureur Groupama a, d’une part, résilié les contrats garantissant les mortalités du bétail et d’autre part, a arrêté toute souscription de cette garantie, aux éleveurs.

L’ADEFAR n’a jamais prétendu que seule la LBE était responsable des toutes les mortalités des bovins à La Réunion. Elle ne peut pas le dire car dans certains dossiers de nos membres, les vétérinaires traitant et d’Etat avaient déjà décelé plusieurs maladies sur un même animal.
Par contre, ces derniers, les vétérinaires, n’ont jamais informé les éleveurs de la présence de la LBE dans leur cheptel. L’ADEFAR rappelle que cette maladie, depuis 1990 jusqu’à ce jour, est à déclaration obligatoire, avec prophylaxie annuelle, suivi de l’abattage de tous les animaux positifs.

L’ANSES, pour sa part, avait relevé des taux de prévalence de 70 % de LBE dans le cheptel laitier. Sachant que la LBE affaiblit le système immunitaire des bovins, il devient évident qu’elle faisait le lit à d’autres maladies et que, pour améliorer l’état sanitaire des bovins, il fallait traiter le mal à la source, à savoir éradiquer la LBE qui ne peut se faire que par l’abattage des bêtes malades puisqu’il n’existe aucun traitement contre cette maladie.

C’est lors d’une réunion avec la DSV (Direction des Services Vétérinaires) en 2008 qu’une explication a été donnée à l’ADEFAR : « La Réunion s’est lancée dans cette lutte mais la stratégie s’est rapidement heurtée à un problème de financement public. ». Les « ignorants » que nous sommes, se permettent de vous rappeler, que l’Europe pour éradiquer cette maladie dans tous ses eÉtats membres, remboursait à chaque abattage 50 % de la valeur de l’animal et que la valeur bouchère des carcasses permettait à l’éleveur d’acheter un animal sain de remplacement. Où se posait donc le problème de financement ?

Informer la population de la situation

Sur ce même point, les « ignorants » que nous sommes s’interrogent : était-il judicieux de laisser les maladies dans les cheptels avec les risques que cela comporte ? Puisque l’ANSES reconnait la présence de ces multiples maladies dans notre département, n’était-il pas plus professionnel et responsable de mettre en place des mesures pour assainir les troupeaux et repartir sur des bases saines, en appliquant les textes réglementaires ?

Nous pouvons constater qu’en faisant seulement le choix des enjeux économiques, vos prédécesseurs avaient relégué en second plan la protection sanitaire animale qui doit assurer la sécurité alimentaire et la santé des consommateurs, ce que vous continuez à faire à ce jour.

Les membres de l’ADEFAR que nous sommes, ont conscience de défendre un dossier difficile. Nous savons que nous sommes « des ignorants » pour vous mais nous avons une volonté farouche de faire en sorte que :

les éleveurs de notre association et les autres puissent travailler dans un milieu sain (cheptels et pâturages), produire des aliments sains et ainsi gagner leur vie de manière satisfaisante et sur le long terme ;

la population réunionnaise, consommatrice de ces produits de l’élevage soit informée de ces réalités et puisse prendre conscience dans quel type de développement agricole nous sommes.

Cela nécessite une volonté politique ainsi qu’une application stricte des mesures de prophylaxie.

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