Au sujet du Lévothyrox « nouvelle formule »

Lévothyrox : un nouveau scandale sanitaire

17 octobre 2017, par Jean

La faute aux médecins, la faute aux pharmaciens qui ne lisent pas les lettres envoyées par l’ANSM. Mais pas, surtout pas, la faute à MERCK et à l’ANSM.
Note : Tous les propos entre-guillemets sont de Dominique Martin, directeur de l’ANSM

À l’adresse <http://www.liberation.fr/france/2017/10/11/dominique-martin-levothyrox-le-probleme-vient-de-dosages-mal-adaptes_1602529> on peut lire l’interview de Dominique Martin, directeur de l’Agence nationale de sécurité sanitaire des produits de santé (ANSM) et vous verrez que, pour lui, le nouveau Lévothyrox est un médicament parfait. Sauf que, à maintes reprises, M. Martin se prend les pieds dans le tapis et détruit son argumentation.

Mais, bon, si le Lévo nouvelle formule est parfaitement équivalent au Lévo ancienne formule, pourquoi a-t-il engendré autant de maux et parfois d’effets aussi graves ?

Des effets graves ? Que nenni dit M. Martin « si l’on se réfère aux normes internationales, il n’y en a pas eu, il n’y a pas eu de décès » nous dit, sans rire, le directeur de l’ANSM en précisant bien : « si l’on se réfère aux normes internationales ».

Pour les Réunionnais, voilà qui ne nous rappelle rien de bon. En 2005, en pleine épidémie du chikungunya, le préfet et le responsable de l’agence régionale de santé (succursale de ce qu’on appelle aujourd’hui l’ANSM de M. Martin) avaient publiquement et vigoureusement contesté la possibilité de décès dus au chikungunya par cette phrase : « la littérature médicale ne rapporte pas de décès dus au virus du chikungunya » . En somme, s’ils avaient eu l’intelligence de se conformer à la littérature médicale, les Réunionnais qui en mouraient* n’auraient pas dû décéder du chikungunya. Point final !

Et, l’interview de M. Martin nous le prouve, l’histoire se répète, car selon le rapport défendu par Dominique Martin (accrochez-vous bien, il faut suivre) : « les troubles apparus sont des troubles de l’équilibre thyroïdien, liés aux changements de traitements. Ce sont des symptômes connus, d’hyper ou d’hypothyroïdie. C’est donc bien lié au passage d’une formulation à une autre, mais ce n’est pas la nouvelle formule qui est en cause, ni les nouveaux excipients  ». Lisez l’interview de Dominique Martin publiée par Libé : nous n’avons rien ajouté, rien retranché.

On décrypte ?

Mme BUZYN, notre ministre de la santé, M. Dominique Martin, de l’ANSM, les labos MERCK, nous ont seriné que la nouvelle formule du Lévothyrox était exactement la même que l’ancienne. Et pourtant, aujourd’hui M. Martin nous dit que les maux engendrés « sont liés au passage d’une formulation à une autre »
Vous avez compris ? Les effets de l’ancien Lévothyrox sont égaux à ceux du nouveau Lévothyrox puisque le principe actif du médicament est rigoureusement le même. Jusqu’ici, tout le monde suit ? Mais, pour Mme BUZYN, M. Dominique Martin, MERCK, les deux formules disposant exactement du même principe actif (l’ancienne parfaitement tolérée par les 3 millions de personnes supplémentées et la nouvelle ayant causé des réactions indésirables se prolongeant sur plus de 6 mois à au moins 300 000 personnes) sont rigoureusement bioéquivalentes. Et, comme pour mieux nous donner le vertige, M. Martin précise « les troubles apparus sont des troubles de l’équilibre thyroïdien, liés aux changements de traitements. Ce sont des symptômes connus, d’hyper ou d’hypothyroïdie. C’est donc bien lié au passage d’une formulation à une autre mais ce n’est pas la nouvelle formule qui est en cause, ni les nouveaux excipients ».

On résume ?

Un point positif tout d’abord : M. Martin a abandonné la formulation méprisante et d’une rare violence à l’encontre des patients subissant des maux inconnus d’eux jusqu’alors, « c’est dans votre tête que ça se passe ! ».

Puis une lapalissade et un “enfonçage” de porte ouverte : 
1 - si vous prenez du Lévothyrox, c’est pour compenser une défaillance ou une ablation partielle ou totale de votre glande thyroïde. Vous pouvez alors être en hyperthyroïdie ou en hypothyroïdie. Sûr et certain que les 3 millions de supplémentés en Lévothyrox, leurs parents, leurs enfants et petit-enfants, amis et alliés, près de 20 millions de personnes, découvrent enfin, grâce à M. Martin, les raisons pour lesquelles le Lévothyrox leur est indispensable ! Un peu comme si on disait à un diabétique : tu ne le savais sans doute pas mais si tu t’injectes de l’insuline c’est parce que ton pancréas ne sait plus en produire ou en réguler le taux. Ça c’est de l’info ! 
2 - Toujours du même M. Martin : les troubles éprouvés — avec une formulation du principe actif rigoureusement la même — avec un dosage rigoureusement le même sont « donc bien liés au passage d’une formulation à une autre » MAIS, mais mais, « mais ce n’est pas la nouvelle formule qui est en cause ».

Bon, alors, si ce n’est pas la nouvelle formule, peut-être sont-ce les excipients puisque le lactose (Lévo ancienne formule) a été remplacé par du mannitol et de l’acide citrique anhydre ?

Perdu !

M. Martin nous l’assure « les nouveaux excipients » ne sont pas en cause non plus. 
Alors quoi ? Le principe actif, —la thyroxine— est le même, les dosages sont les mêmes, et les excipients ne sont responsables de rien. Alors, alors, alors ? L’emballage peut-être ?

Et M. Martin n’hésite pas à recourir au mensonge : « Depuis une semaine, il y a le retour transitoire de l’ancienne formule, en tout cas dans sa version allemande, l’Euthyrox, et cela pour 90 000 patients ». Vous suivez toujours ? 300 000 personnes ont fait part de leur maux et demandé le retour à l’ancienne formule. Combien, faute d’accès à internet, n’ont pu faire de même ? Mais restons-en à ces 300 000 patients qui ont demandé ce droit de disposer de leur médicament — ancienne formule — rendu introuvable en France mais distribué en Espagne, en Italie, en Allemagne, etc. Et que leur répond M. Martin ? Un tiers d’entre vous seulement aura droit à ce médicament en France …Car tel est son bon plaisir ?

Les 2, 3 et 4 octobre, de passage en France continentale, je suis allé dans des pharmacies, munie de l’ordonnance de mon médecin traitant pour me faire délivrer de l’Euthyrox 125. Dans le Gers pas de livraison. Aire sur Adour, Toulouse, Bordeaux, Bayonne, toujours la même réponse : nous sommes près de 23 000 pharmacies pour 90 000 boîtes, c’est ingérable ! Nous ne faisons qu’aggraver un sentiment d’injustice ! Et nous nous sentons coupables de ne pouvoir rien faire !

Et, inconscience, ignorance ou goût du mensonge, M. Martin ajoute que l’Euthyrox venu d’Allemagne sera délivré à :« [90 00] patients choisis à partir d’un arbre de décisions que réalise le médecin ». Woaow ! Cet « arbre de décision » ça fait super organisé ! Mais c’est faux, totalement faux !

M. Martin nous dit que le rapport a étudié « 14 600 effets secondaires signalés » et 90 000 boîtes ont été commandées. 90 000 - 14 600 = 75 400. Comment M. Martin « [qui ne peut] pas contacter directement les patients » a-t-il fait pour établir son « arbre de décisions réalisé par le médecin » pour distribuer les 75 400 boîtes restantes à des inconnus ?

Comment l’aurait-il pu puisqu’il nous dit que « entre mars et avril, douze envois [de l’ANSM] ont été effectués aux différents professionnels, endocrinologues, pharmaciens, généralistes. Nous avons ainsi calculé avoir eu près de 400 000 contacts. Et pourtant, cela n’a pas fonctionné ». 
Et, là, pour son « arbre de décision », miracle ! En 3 semaines, en concertation avec les médecins, M. Martin se targue d’avoir pu déterminer à qui — et selon quel dosage — il fallait attribuer les boîtes du Lévothyrox Merck-Allemagne dans toute la France ! Trop fort, M. Martin ! Trop fort ! Surtout que, tout à la fin de son interview, M. Martin démolit tout seul son argumentation : « Pour le Valproate [générique de la Dépakine], on a une fiche patient incorporée dans la boîte [depuis le 15 février 2017]. Et pourtant, encore plus d’un professionnel de santé sur deux n’applique pas l’ensemble des conditions de prescription et de délivrance ». 

On résume : depuis le 15 février 2017, alors qu’on sait tous les risques liés à la Dépakine, le directeur de l’Agence nationale de sécurité sanitaire des produits de santé (ANSM), M. Martin, nous déclare qu’en 8 mois, il a été dans l’incapacité totale à communiquer efficacement avec 138 177 des 276 354 médecins inscrits au tableau de l’Ordre (chiffres 2014). Mais, il faut lui pardonner, c’est pas sa faute mais — une fois encore — celle des médecins ! Et M. Martin, qui nous assure avoir pu, en 3 semaines, établir un arbre de décision avec 276 354 médecins pour répartir 90 000 boîtes d’Euthyrox, nous révèle avoir été incapable, en 8 mois, de contacter 138 177 médecins pour leur demander de remplir la fiche patient incluse dans chaque boîte de Valproate-Dépakine alors que les risques encourus sont irréversibles.

Rappelez-moi quelles sont les missions du directeur de l’Agence nationale de sécurité sanitaire des produits de santé (ANSM) ?

« L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), créée par la loi du 29 décembre 2011, est chargée du renforcement de la sécurité sanitaire des médicaments et des produits de santé. L’Agence a pour missions de garantir la sécurité des produits de santé tout au long de leur cycle de vie, depuis les essais initiaux jusqu’à la surveillance après autorisation de mise sur le marché, et d’offrir un accès équitable à l’innovation pour tous les patients. L’ANSM est l’autorité unique en matière de régulation des recherches biomédicales. L’ANSM, qui s’est substituée à l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) le 1er mai 2012, est un établissement public placé sous la tutelle du ministère chargé de la Santé » (www.service-public.fr mise à jour en date du 8 août 2017).

Et pourtant, à la lecture de l’interview de M. Martin à Libé, j’ai du mal à me sentir rassuré.

Et vous ?

Jean

Notes 

*EPIDEMIE DE CHIKUNGUNYA A LA REUNION Point au 22 juin 2006 pour la semaine 24 allant du 12 au 18 juin 2006 
Document préparé par la Cire La Réunion-Mayotte 
Les résultats montrent que l’incidence très élevée du chikungunya à la Réunion à partir de la fin du mois de janvier 2006 s’est accompagnée d’une surmortalité qui s’est poursuivie au cours des mois de février, mars et, à un niveau moindre, en avril 2006
[…] Au total, 273 signalements de cas graves (nécessitant le maintien d’au moins une fonction vitale) des patients âgés de 10 jours et plus, suspectés par les praticiens d’être associés au chikungunya, ont été reçus. […] Par ailleurs, ont été dénombrées 40 infections materno-néonatales confirmées et 4 infections materno-néonatales suspectes. […] Le cumul estimé des cas infectés au cours de cette épidémie […] s’élève au total à un peu plus de 265 000. 
(CIRE - Cellule de l’InVS en région Océan Indien (Réunion-Mayotte))

Insee-Réunion : La Réunion comptait alors 775 000 habitants.

34% de la population ont contracté le chikungunya. Rapportés à la population de la France continentale en 2005 : 61 millions d’habitants, ce seraient 20 millions d’habitants qui auraient contracté le chikungunya. 

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  • Scandalisé par le mépris et la violence des propos à notre encontre de Mme Buzyn. Une ministre de la santé a le devoir de nous protéger de la dictature des labos or, par ses propos "c’est dans votre tête que ça se passe", "c’est l’effet ´nocébo’ ", "attendez que votre corps s’adapte au médicament", Mme Buzyn a mis en doute notre capacité à juger des bienfaits ou de la nocivité d’un médicament à partir des maux que nous éprouvons dans notre chair, quotidiennement depuis bientôt 8 mois. Depuis que nous sommes des centaines de milliers à exprimer nos maux, Mme Buzyn nous dit que le médicament est excellent et que MERCK ne cherche rien d’autre que notre confort. C’est monstrueux qu’une médecin puisse ainsi publiquement de faire l’avocat d’un labo aux puissants moyens contre les centaines de milliers de victimes qui souffrent au quotidien des agissements d’un laboratoire ayant obtenu — de fait — l’élimination de ses concurrents pour régner sans partage en France au point de faire interdire, 8 mois durant, l’accès à l’ancienne formule sur l’ensemble du territoire de la République. C’est une atteinte jamais connue contre le droit des patients à être soignés avec le médicament qui leur convient.

  • Bonjour,je suis concernée par le lévothyrox 100ug...Prenant ce médicament depuis plus de 15 ans pour une hypothyroïdie ,j’avais aucun probléme....a partir du mois d’avril tout change....vertige sévère,perte de cheveux,perte de mémoire,crampe dans les mollets,grosse fatigue....ma vie n’était pas assez compliquée....c’est la deuxiéme fois que je suis victime de ces médicaments poisons....car j’ai pris aussi du médiator....j’ai été opéré a 39 ans et je ne peux plus rien faire...j’ai aussi une valvulopathie....si vous entrer mon nom et mon prénom sur internet vous verrez déja ma bataille et ma souffrance sur ce médicament....le médiator..ici a l’Ile de la Réunion personnes ne nous aide dans ces combats nous sommes tous seul....


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