État de santé de La Réunion selon le CLE

Malade ’du chômage, de l’économie, du mauvais temps et du chikungunya’

8 mars 2006

Hier matin à l’abri d’une terrasse du Barachois à Saint-Denis, les membres de la “cellule de crise” du Collectif de Lutte contre l’Exclusion informaient l’opinion et les pouvoirs publics de l’état de santé de La Réunion. Selon eux, elle est gravement malade.

La "cellule de crise" du Collectif de Lutte contre l’Exclusion (CLE) composé des associations Agir contre l’Exclusion, des Chômeurs Précaires et Exclus de La Réunion (ACPER), du Groupement des Chômeurs Actifs (GCA) et des Jours Heureux diagnostiquaient, hier matin à Saint-Denis, l’état de santé d’un patient bien connu de tous : La Réunion. "Elle est malade", selon le CLE, "du chômage, de l’économie, du mauvais temps et du chikungunya".

Chikungunya

Mais il n’y a pas lieu de s’inquiéter davantage car les médecins, parlementaires, chercheurs, ministres se trouvent à "son chevet pour lui apporter soin, conseil et amour", ironise le CLE. "Ces sommités nous ouvrent leurs cœurs et leurs portes monnaies", continue-t-il tout en promettant à La Réunion de venir bientôt "assister au miracle de la guérison". Mais en attendant, au quotidien, le chikungunya sévit et occupe le palmarès des discussions : au sein des établissements scolaires, des entreprises, du monde médical, des journaux écrits et parlés, et au Parlement. Le chikungunya est partout, kan ou rod a li sin pir, li lé sin dni, é kan ou rod a li sin dni, li lé sin benaw.

Intempéries et conséquences

En cette période où les tempêtes tropicales arrosent les 4 coins de l’île, le CLE constate à chaque mauvais temps les mêmes conséquences. "C’est le foutoir, la galère, la paralysie de la circulation", observent-il sans compter les coupures d’électricité et d’eau. La population se trouve ainsi dans le fénwar le plus total. Le CLE se demande si les ingénieurs et les pouvoirs publics tiennent compte des spécificités locales lors des aménagements, notamment la construction des logements qui poussent ici et là. Au Tampon par exemple, ce week-end, une famille était contrainte de casser une portion de son mur pour l’écoulement de l’eau.

Chômeurs et démunis

C’est vrai, il y a le chikungunya, mais il y aussi le reste et principalement le chômage, le dada du CLE. À La Réunion, des milliers de chômeurs ou démunis vivent "les injustices, l’exclusion et la précarité". Ils s’inquiètent, sont "stressés, angoissés" et sont "“minimexés”, harcelés, contrôlés, radiés et stigmatisés". Sans cesse, rappelle le CLE, les chômeurs "doivent répondre aux convocations de l’ANPE, l’ADI, l’ANPE, la CAF, des Missions locales, des bailleurs sociaux". Ils se rendent aussi auprès "des bailleurs sociaux, de la commission de surendettement". Puis, ils reçoivent sans plus attendre "la visite des huissiers". Du coup, les chômeurs mendient "des colis alimentaires par ici et des conseils par là" pour ne pas perdre la face. Mais certains d’entre eux "craquent, dépriment, se suicident ou s’adonnent aux drogues". En plus, pour sortir La Réunion de cette grande misère, "l’actuel gouvernement propose des CPE et CNE". En quelque sorte, les chômeurs et les plus démunis ne sont pas sortis de l’auberge. On se demande même s’ils y sont entrés.
À veille de la Journée de la femme, coïncidence ou pas, Jean-Pierre Técher, l’homme qui ne mâche pas ses mots, était entouré de femmes. Elles préparent pour la mi-avril une journée thématique au Grand Marché de Saint-Denis : la jeunesse réunionnaise face à son avenir professionnel. Elles la présenteront prochainement.


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