15 euros la boîte de 50 : les importations tirent les prix des masques vers le bas

Masques : les surplus de Chine débarquent dans la grande distribution

8 septembre 2020, par Manuel Marchal

La mise sur le marché d’importantes quantités de masques permet aux pouvoirs publics d’éviter de reconfiner. Pour certains, ce marché a constitué une opportunité de profits. Le choix fait par la Région Réunion a été de soutenir des industriels pour acheter des machines à fabriquer des masques en Chine. Or, la grande distribution importe des masques fabriqués en Chine voici 6 mois, sans doute en prévision de besoins qui n’ont pas eu à être satisfaits compte tenu de l’amélioration de la situation sanitaire de la Chine. Cette concurrence a-t-elle été anticipée par ces industriels ?

La seconde vague de l’épidémie de coronavirus en France puis à La Réunion a lieu dans un contexte radicalement différent. La première vague avait été caractérisée par une pénurie d’équipements individuels de protection, notamment les masques. Même les professionnels de santé étaient victimes de cette pénurie qui eut des conséquences dramatiques en France.

Le manque de masques a entraîné le confinement pour limiter au maximum la propagation du coronavirus. Durant cette période, des Réunionnais se sont organisés pour produire eux-mêmes des masques en tissus. Ces initiatives étaient soutenues par des associations et collectivités. Elles ont montré que La Réunion pouvait créer une nouvelle filière dans ce domaine. Mais ce gisement d’emplois potentiels a été tué dans l’oeuf par les importations et la concurrence d’industriels.

Le 11 mai, date du déconfinement, les masques étaient disponibles en nombre, notamment dans la grande distribution. A La Réunion, la Région a soutenu plusieurs patrons qui ont fait venir de Chine des machines pour produire des masques à La Réunion.
Le prix des masques jetables était généralement compris entre 40 et 50 euros le prix de la boîte de 50. Or, une pandémie concerne de nombreux pays et son évolution a des répercussions dans le monde.

Masques fabriqués en mars en Chine

Au moment de la première vague, la Chine a pu faire face à sa demande intérieure mais a également fourni d’importantes quantités de masques aux pays qui en étaient dépourvus, dont la France. La Chine a été le premier pays touché par l’épidémie. Suite aux mesures prises par son gouvernement, c’est également le premier pays aussi durement touché à se relever et à reprendre ses activités normales. La fin du confinement de Wuhan a marqué la victoire de la Chine sur la première vague de coronavirus. Désormais, le problème principal reste la gestion des cas importés dans un contexte de réouverture des frontières.

Cette amélioration de la situation en Chine a manifestement des conséquences à La Réunion. Depuis une semaine, une enseigne de la grande distribution à La Réunion vend des masques jetables au prix de 15 euros le paquet de 50. Ces masques ont été fabriqués en Chine au mois de mars. Près de 6 mois plus tard, ils n’ont pas été utilisés. C’est la preuve que la Chine dispose de surplus considérables, à l’échelle de sa capacité de production. Dans ces conditions, ces masques peuvent être vendus à des prix défiant toute concurrence. Cela va donc obliger les industriels réunionnais à s’aligner sur ces prix s’ils veulent vendre leurs masques. Ces industriels qui ont acheté leurs machines en Chine avaient-ils anticipé cet effondrement des prix dus à la mise sur le marché d’importants surplus de masques fabriqués en Chine ?

De deux choses l’une :
- soit le prix des masques plafond des masques était trop élevé eu égard à son coût de fabrication en France ou à La Réunion.
- soit les industriels ont acheté des machines en Chine qui ne pourront qu’être difficilement rentabilisée selon la « main invisible du marché » à cause de la concurrence de masques importés de Chine.

La seconde possibilité relève manifestement d’un manque d’anticipation. Si elle se vérifiait, quelle serait la réaction des pouvoirs publics qui pourraient être éventuellement sollicités pour aider ces industriels ?

M.M.

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