Test de la Chloroquine (une molécule active de la Nivaquine) contre le chikungunya

Nivachik contre le chik

11 juillet 2006

En avril dernier, Xavier de Lamballerie, éminent Professeur de virologie, responsable de l’unité des virus émergents à l’hôpital la Timone de Marseille, teste les effets de différentes molécules existant sur le virus du chik. Parmi les nombreuses molécules testées, il teste en premier celles qui ont déjà une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) pouvant rapidement faire l’objet d’un essai clinique. Par chance, la Nivaquine est très efficace sur des cellules infectées par le virus du chikungunya, à des concentrations compatibles aux doses utilisées en clinique. C’est la molécule testée qui s’avère être la plus efficace. Suite à ces tests concluants in vitro, un essai thérapeutique sur le lieu de l’épidémie est mis en place, c’est le programme Nivachik. Le but de la démarche est d’étudier les effets de la Nivaquine (Chloroquine) sur les personnes venant de contracter le virus.

ébastien Enault, régulateur principal du programme Nivachik basé au GHSR, explique : "Le programme est mis en place depuis le mois de mai, il comprend deux volets : le dispositif Curachik destiné à évaluer l’effet de la Nivaquine sur les personnes atteintes du chik depuis moins de 48 heures. Pour juger de son efficacité en pratique, la Nivaquine est comparée à un placebo (comprimé sans principe actif). Un effectif initial de 50 patients ayant pris la Nivaquine, comparé à un effectif de 50 patients ayant pris le placebo, pourrait s’avérer suffisant pour démontrer une réelle efficacité de la Nivaquine. Si ce chiffre de 100 patients n’est pas atteint, il faudra attendre l’été pour poursuivre les recherches. Dans le même temps, on teste aussi les effets préventifs de la Nivaquine. C’est le second dispositif nommé Prevenchik. Il y a donc Curachik et Prevenchik".

Besoin urgent de volontaires

Naturellement, comme le précise M. Enault, pour que l’étude soit scientifiquement valable, il faut qu’elle ait concerné au préalable un nombre minimal de patients. Et ce nombre doit être atteint au plus vite, il insiste : "C’est une véritable course contre la montre car le nombre de cas de chikungunyés hebdomadaire diminue. C’est pourquoi on insiste sur la communication, et on compte sur les médias pour informer l’ensemble des Réunionnais de l’importance de cet essai thérapeutique. Il nous manque des personnes consentantes ; l’étude risque donc d’être suspendue à la fin du mois, sauf s’il y a plus de patients volontaires". Les résultats des prélèvements au cas par cas seront communiqués aux seuls patients. Quant aux résultats définitifs de l’étude, ils seront diffusés après une analyse complète de l’ensemble des données. Donc, plus il y aura de volontaires, plus rapidement ils pourront être annoncés.

Peut-être un médicament pour l’été prochain

Si les résultats de cet essai thérapeutique sont aussi concluants que ceux établis en laboratoire, un traitement pourrait être disponible dès l’été prochain. Par la même, des milliers de personnes pourraient éviter les souffrances que déjà trop de Réunionnais ont endurées.
Pour participer à cet essai, il faut répondre à quelques critères :

- contracter le chikungunya dans les dernières 48 heures (pas en cas rechute)

- être âgé de 18 à 65 ans,

- peser plus de 60 kg,

- ne pas avoir pris de Nivaquine dans les 3 derniers mois,

- ne pas être enceinte ou en âge de procréer sans contraception.
Si vous remplissez l’ensemble de ces critères, vous pouvez contacter l’équipe Nivachik au 02-62-71-98-83 (de 9h à 18h). La régulation prendra contact avec votre médecin traitant qui, s’il accepte d’être investigateur, vous accompagnera sur le plan du suivi médical en concertation avec l’équipe de la régulation .

Exemple d’un cas de test concluant sur le terrain

M. Kader Sahari, habitant l’Étang-Salé les Hauts, fait partie des patients du protocole d’essai de Nivachik. Dimanche 18 juin 2006, M. Sahari présente les symptômes maintenant bien connus associés au chik. Il entre en contact dès le 19 juin avec l’équipe Nivachik, qui lui propose de faire partie des volontaires pour les tests en aveugles à la Nivaquine. Il accepte. L’équipe contacte son médecin traitant qui accepte lui aussi d’assurer le suivi médical. Du 20 au 24, on lui administrera un traitement, donc soit un placebo, soit de la Nivaquine. Dès le 20, M. Sahari arrête les anti-inflammatoires et le Paracétamol prescrits dans un premier temps par son médecin. En effet, ses douleurs ont diminué de façon notable. Nous n’en sommes qu’au premier jour du test. L’amélioration de l’état de santé de M. Sahari est fulgurante. Il semblerait donc, à ce stade des essais, que pour certaines personnes, cette thérapeutique soit efficace dans le traitement de la douleur. Cependant, les essais étant toujours en cours, les autres personnes atteintes du chik devront prendre leur mal en patience en attendant les résultats définitifs de cette étude. Résultats que tous attendent très impatiemment...

Nivachik : 0262-71-98-83

Nazir Houssen


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