Claudette et Jean Saint-Marc portent plainte contre X

’Nous sommes contraints de voir dans l’aspersion de notre domicile un acte de malveillance délibéré’

24 février 2006

Le 22 février, peu après 22 heures 30, la maison de Claudette et Jean Saint-Marc a été soumise à une aspersion d’insecticide en dehors des heures prévues, et sans information préalable. Dans un courrier adressé au préfet que nous reproduisons ci-après, Claudette et Jean Saint-Marc expliquent au représentant de l’État qu’ils portent plainte contre X.

Monsieur le préfet,
Cette nuit, pour la deuxième fois en deux semaines, l’une des personnes chargées des opérations de démoustication par nébulisation a délibérément aspergé notre domicile à l’insecticide.
La semaine dernière, vers 22h45, cet acte irresponsable a déjà eu lieu. Nous avons alors pensé qu’il s’agissait d’un incident purement fortuit. La quantité d’insecticide vaporisée nous a semblée peu importante car, en une vingtaine de minutes, nous avions cessé d’être incommodés. Cela aussi nous a conduits à supposer qu’il s’agissait d’une nébulisation accidentelle.
Cette nuit, il était 22h30 passées, nous avons entendu un véhicule ralentir pour franchir le ralentisseur surélevé situé peu avant notre domicile. Ce véhicule a ensuite stoppé et, comme la semaine dernière, nous avons entendu un moteur se mettre en route puis monter en régime comme le ferait un scooter. Le véhicule porteur du nébuliseur s’est alors remis en route. Puis, à très faible allure, il a longé notre façade donnant sur la rue en vaporisant un produit insecticide. Parvenu à la hauteur du portail de nos voisins, le moteur du nébuliseur a été coupé et le véhicule porteur s’est éloigné en accélérant vivement. Une puissante odeur d’insecticide a envahi la maison provoquant aussitôt une sensation de "brûlure" à chaque inspiration.
Travaillant toutes fenêtres et baies vitrées ouvertes, nous nous sommes précipités pour fermer toutes ces ouvertures et mettre nos animaux domestiques à l’abri, mais trop tard. À l’heure où nous vous écrivons (5 heures), la migraine qui nous a accablés commence à peine à s’estomper. L’odeur prenante de l’insecticide est omniprésente et nous irrite la gorge.

Nous ignorons les raisons qui poussent l’auteur de ces faits à se conduire ainsi. Nous constatons que cette personne a été jugée suffisamment responsable pour qu’un véhicule de démoustication lui soit confié. Vous avez là, Monsieur le préfet, une personne qui utilise le matériel mis à disposition pour combattre l’ennemi de toute La Réunion - aedes albopictus - comme un outil lui permettant de donner libre cours à sa volonté de nuire.
Cet individu ne peut prétendre ignorer les recommandations jointes à votre lettre en date du 11 courant adressée aux 24 maires : "une démoustication par nébulisation ULV (véhicule) a lieu dans votre quartier" (version du 10/02/2006).

Monsieur le préfet,
Mardi 21 février, à 8h30, nous avons accueilli une équipe de démoustication de l’armée composée de 2 gradés (une femme officier et un homme sous-officier) et d’une militaire applicatrice. Cette visite approfondie s’est passée dans un excellent climat de mutuelle compréhension. Ces personnes font le travail qu’elles ont reçu l’ordre de faire et elles nous ont donné l’assurance de n’utiliser que du Bti. Ensemble nous avons visité tous les coins et recoins du jardin, inspecté les gouttières et cette équipe n’a pas jugé nécessaire d’utiliser d’insecticide chimique ou biologique. Il nous avait échappé que 3 rainures faites dans une souche par une lame de tronçonneuse s’étaient remplies d’eau à la suite des intempéries du samedi 18 et abritaient déjà des larves de moustique. Sur les conseils de l’équipe de démoustication, nous avons aussitôt comblé ces rainures avec du sable mettant un terme définitif à l’existence de cet unique gîte larvaire dans notre jardin.

Nous supposons que les opérations de démoustication font l’objet d’une centralisation permettant d’éviter que les mêmes lieux soient visités à 24 heures d’intervalle. De plus, seul notre domicile ayant fait l’objet de cette aspersion nocturne, nous ne pouvons y voir des égards particuliers pour préserver notre santé. Enfin, vous avez expliqué que ces opérations de démoustication par nébulisation feraient l’objet d’une information 12 jours à l’avance et se dérouleraient entre 2 et 5 heures du matin. Ni l’une ni l’autre de ces dispositions n’ayant été respectées, nous sommes contraints de voir dans l’aspersion de notre domicile un acte de malveillance délibéré.

Une telle attitude est, à nos yeux, d’une extrême gravité en ce qu’elle tend à discréditer plus encore la lutte antivectorielle.
C’est pourquoi nous portons plainte contre X pour les faits énoncés.
Le petit nombre des véhicules concernés et la domiciliation des chauffeurs auxquels ils ont été confiés devraient permettre à l’enquête que vous ne manquerez pas de diligenter d’aboutir très rapidement.
Nous vous prions de croire, Monsieur le préfet, en notre haute considération.

Claudette et Jean Saint-Marc


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