Manifestation des professionnels du tourisme

’On continue à se foutre de nous’

17 mars 2006

Environ 150 professionnels du tourisme ont manifesté hier devant la préfecture à l’appel du Comité pour la reprise des activités touristiques et économiques de La Réunion (CRATER). Ils estiment que l’État ’continue à se foutre’ d’eux à propos du montant des aides aux entreprises sinistrées par les conséquences de l’épidémie de chikungunya. Ils promettent ’un accueil musclé’ à François Baroin, ministre de l’Outre-mer qui arrive aujourd’hui à La Réunion.

150 professionnels du tourisme ont répondu présents à l’appel à la manifestation lancée mardi par le Comité pour la reprise des activités touristiques et économiques de La Réunion (CRATER). Ils se sont réunis devant la préfecture. Ils sont venus protester contre les aides gouvernementales jugées insuffisantes pour sortir les entreprises sinistrées par la crise générée par le chikungunya. Une délégation a été reçue par le directeur de cabinet du préfet en milieu de matinée. Et au sortir de cette rencontre qui aura duré plus d’1 heure, la déception pouvait se lire sur les visages.
Et pour cause. "On continue à se foutre de nous", fustige Paul Caro, président de la Commission tourisme de la Chambre de commerce et d’industrie, à sa sortie de la préfecture. Les mines désappointées en disent long. Les professionnels du tourisme disent n’avoir toujours pas obtenu gain de cause. "Les plafonds d’indemnisation proposés ne sont toujours pas suffisants, aucune réponse n’a été apportée sur les emprunts bancaires, l’exonération des charges, la prise en charge à 100% du chômage partiel... on nous prend pour des rigolos", déplore Paul Caro.
Pour Jean-Paul Bordier, président du Club de la grande hôtellerie, la situation devient critique. "Nous enregistrons une perte de près de 70% du chiffre d’affaires de nos établissements pour le mois de mars. Nous ne savons plus comment payer nos salariés à la fin du mois, 5 hôtels sont déjà fermés et les indemnisations ne sont pas en place", explique-t-il. Les sociétés de transports subissent elles aussi la crise économique de plein fouet. "Nous avons été obligés de mettre un terme à bon nombre de CDD, et nous serons amenés dans les prochains mois à prendre des mesures encore plus draconiennes. Nos bus restent dans les parkings et nos conducteurs aussi", indique Nadia Caussanel, porte-parole des transporteurs.
Au total, ce ne sont pas moins de 2.400 entreprises qui sont aujourd’hui en grandes difficultés, dont certaines, littéralement à genoux, pourraient tout simplement mettre la clé sous la porte. Devant "l’absence d’avancées concrètes", les représentants du CRATER ont organisé, après la manifestation, une réunion de crise à la Maison de La Montagne. Elle a duré plus de 2 heures. "Les acteurs du tourisme sont solidaires plus que jamais. Nous avons décidé de durcir le mouvement et de changer de méthode, nous avons la ferme intention de nous faire entendre", clame Pascal Murat, porte-parole du CRATER. Ils prévoient notamment de réserver "un accueil musclé" au ministre de l’Outre-mer, François Baroin, qui sera en visite dans l’île aujourd’hui jusqu’à dimanche.

Ingrid Koenig


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