Combien de personnes travaillent actuellement au sein du service de prophylaxie ?
- Depuis sa mise en place en octobre 2006, ce sont pour l’instant 47 agents fonctionnaires qui ont été recrutés. Un autre recrutement sur concours vient d’être lancé pour renforcer le service de 19 adjoints sanitaires de catégorie C ; des personnes qui seront sélectionnées sur dossier, en fonction de leur expérience. À titre indicatif, un autre recrutement de 2 à 3 techniciens va se dérouler prochainement et, pour atteindre l’objectif des 220 personnes dans le service, on attend normalement encore un recrutement de 62 agents techniques qui devrait, normalement, intervenir début 2008. Au total, le service compte aujourd’hui 150 personnes et l’on s’appuie aussi sur l’effectif des communes en attendant les postes manquants.
Appliquez-vous encore le même protocole de surveillance, en termes de mesure de densité de moustiques et de lutte anti-vectorielle ?
- Tout à fait. On a mis en place en octobre donc un réseau d’entomo-surveillance pour approcher en quelque sorte les densités de vecteur, savoir à peu près quelles sont les zones où l’on produit beaucoup, celles où il y a moins de production. C’est ce qui va systématiquement déterminer l’orientation des actions de la lutte. Là où l’on a des évaluations qui montrent des densités élevées, on va effectuer des traitements, mécaniques pour l’essentiel, on envoie donc des brigades qui vont détruire les gîtes et on fait de la pulvérisation de nuit.
Avec quels produits ?
- La Deltamétrine pour l’adulticide, en pulvérisation de nuit, et le Bti, produit biologique pour les larves avec le Vectobac.
Le Bti « effectivement mieux » pour l’environnement
Pourquoi pas exclusivement le Bti ? Ne serait-ce pas plus profitable pour l’environnement et la mobilisation du plus grand nombre à la lutte ?
- On voit toujours cet aspect-là, mais il faut aussi savoir que c’est un produit moins rémanent dans l’environnement, donc qui tient moins lointain, et qui nécessite donc des traitements plus fréquents. Il n’est pas efficace non plus contre toutes les larves de moustiques, ça dépend aussi de la nature du gîte. Par exemple, la larve d’Anophèle préfère les gîtes un peu “boueux”. Hors le Bti est bien moins efficace dans l’eau un peu sale, ou avec des matières en suspension, que dans l’eau claire. Le biologique a des avantages mais aussi des inconvénients, ce sont des choses qu’il faut savoir doser aussi en termes de moyens et d’efficacité.
Comment expliquez-vous alors qu’en Camargue, le choix se soit exclusivement tourné vers le Bti ?
- Si on met la priorité sur l’environnement, alors oui, dans ce cas, le Bti est effectivement mieux que l’Abate* que l’on utilisait avant. Si maintenant on veut mettre en avant l’efficacité, avec le même nombre de personnes, la rémanence du produit, ce n’est pas le plus efficace. Il faut savoir aussi soupeser tout ça : si on vous dit qu’avec l’Abate vous allez traiter une fois toutes les trois semaines contre une fois par semaine avec le Bti, ça veut dire qu’il faut trois fois plus de personnes. Il faut aussi connaître les avantages et les inconvénients de ce produit biologique. Par rapport à la Camargue, l’on a pas forcément ici la même nature de gîte et les mêmes vecteurs. De toute façon, on fait des essais grandeur nature : on met un peu de produit dans le gîte, on repasse le lendemain et on voit la mortalité. On a quand même des tendances qui montrent que l’efficacité n’est pas totale pour l’ensemble des larves et l’ensemble des gîtes. Maintenant c’est le produit qui est prioritairement utilisé. On met de temps en temps un peu d’Abate pour certain type de gîte, comme dans les carrières où justement l’eau est plus sale.
« Il n’y a pas de système de comptage de l’Anophèle »
Lors des relevés de densité de population de moustiques, contrôlez-vous aussi toujours la nature du vecteur ?
- Systématiquement. Bon, le réseau d’entomo-surveillance s’intéresse essentiellement à l’Aèdes Albopictus, vecteur de la dengue et du chikungunya. On identifie le culex notamment, mais on ne va pas s’y intéresser, car ce n’est pas actuellement notre priorité. On s’intéresse toujours bien sûr à l’Anophèle, mais on ne fait pas des calculs de densité de la même manière : on marque plutôt présence ou non présence. Il n’y a pas de système de comptage de l’Anophèle pour une raison bien simple : vous pouvez calculer une densité sur une zone donnée avec Aèdes Albopictus parce que c’est un moustique qui se déplace très peu - quand on a un gîte larvaire, on sait qu’il sera bien dans la zone - alors que l’Anophèle peut parcourir 2 à 3 kilomètres dans sa vie. Calculer une densité sur un quartier donné est donc d’autant plus compliqué qu’il peut partir n’importe où et rien ne dit que le moustique qui est né dans le gîte va rester à proximité alors que c’est le cas de Aèdes Albopictus.
Avez-vous remarqué une densité plus importante de moustiques cet hiver par rapport aux précédents ?
- Par rapport à l’hiver dernier - puisque le réseau d’entomo-surveillance a vraiment commencé l’hiver dernier, en mai-juin 2006 - on est à peu près dans des indices identiques. On peut même dire que l’on a une baisse régulière. L’hiver marque toujours un niveau très bas dans l’Ouest, car il y a très peu d’eau, et dans le Sud, quoique que dans cette région, il y a eu quelques petites pluies qui ont fait que ça a un peu remonté. Quant à l’Est et au Nord, ce sont des régions toujours bien arrosées. On reste néanmoins sur des densités basses. Et même s’il ne pleut pas, on aura de toute manière toujours des gîtes en eau, en raison de l’arrosage notamment.
Quels sont les autres actions menées par le service de prophylaxie ?
- Il y a bien sûr avec la CIRE tout l’aspect épidémiologique avec des enquêtes à partir des signalements de cas. On va enquêter pour deux raisons : d’une part pour savoir, éventuellement, où ils se sont contaminés et d’autre part, pour savoir où ils seront et donc où il faut orienter le traitement pour éviter que d’autres personnes ne soient contaminées.
Il y a aussi la mission de pulvérisation spatiale de nuit dans les quartiers, les traitements qui font suite à des demandes particulières. On continue donc avec le numéro vert (0800 110 000) que l’on peut toujours appeler quand il y a une prolifération anormale de moustiques. On poursuit également encore le traitement des ravines qui prend une part importante des effectifs et également les actions avec les communes sur des opérations de nettoyage, d’entretien, de contact avec les particuliers.
« Opérationnel oui mais... »
Jusqu’à quand allez-vous maintenir ce dispositif ? Quels sont les mesures qui seront prises à l’approche de l’été austral ?
- Le grand dispositif Chik sera levé, disons allégé, le 15 août. Les personnes du SDIS vont regagner les casernes et les brigades du Glaive, pour la zone Nord-Est, et du Geceip, pour le Sud-Ouest, seront mises à disposition des communes, soit 500 personnes. Du coup, on garde à peu près les mêmes dispositions sauf que ce ne sont pas les mêmes personnes qui vont les encadrer ou les transporter. On reste donc toujours vigilant. On va fonctionner de la même manière pendant l’été austral et dès le début 2008, on l’espère, les 62 postes seront pourvus. Ca nous permettra, peut-être, de faire une transition, de faire le lien pour que le service soit à son effectif complet car forcément ces équipes du Glaive et du Geceip mises à dispositions par le Département ne dureront pas tout le temps.
« Allégé » ! Est-ce vraiment un dispositif de cette nature qui doit prévaloir pour le retour des chaleurs et des pluies ?
- Allégé, c’est un “light tranquille”, car ces effectifs sont distribués ailleurs, donc ce n’est pas une perte. On reste avec pratiquement autant de personnes. On est capable de toute manière de réagir très vite et de remobiliser en termes d’actions. C’est juste que la situation épidémiologique ne justifie pas qu’on reste dans un protocole systématique. On peut alléger, c’est l’hiver, mais a-t-on de toute manière toujours cette ressource, cette capacité à réagir, à rebondir.
Vous vous sentez donc opérationnel pour le retour de l’été austral ?
- Opérationnel oui mais, quel que soit le service, il y a toujours des choses que l’on ne pourra jamais contrôler. La première que l’on ne peut pas maîtriser c’est l’arrivée d’un virus : ça c’est impossible à maîtriser sauf à se mettre en autarcie complète, à fermer port et aéroports, à ce que tout le monde vive cantonné et à mettre les personnes venant à La Réunion en quarantaine pour savoir s’il développe un palu ou autre. C’est un scénario parfaitement irréaliste. L’arrivée du virus, c’est la première chose que l’on ne maîtrise pas. Après, tout dépend. Il faut que l’on soit prévenu aussi le plus rapidement possible. On se prépare toujours de toute manière au pire. On est en tout cas en mesure d’avoir une réponse, on comprend mieux les mécanismes aussi. On peut se dire attention à tel niveau, il faut repartir sur un dispositif plus lourd. Le réseau de médecins sentinelle est aussi plus important, les laboratoires, les hôpitaux y participent. Le système de surveillance s’est étoffé ce qui nous permet aussi d’avoir une meilleure vision d’ensemble, une meilleure réactivité. A chaque fois qu’un signal est un peu plus parlant, on investigue et on met les moyens. Il faut saluer l’engagement des communes qui nous aident beaucoup. Mais attention, la lutte anti-vectorielle ne peut pas tout. Pour stopper une épidémie, la part de la population reste aussi importante : on ne fera rien sans elle. Si personne ne démoustique chez soi...
Inondations en Inde : « il peut y avoir une prolifération de moustiques »
Justement pour en revenir à la démoustication. Depuis plusieurs mois que les insecticides sont utilisés, les moustiques ne commencent-ils pas à manifester une certaine résistance aux produits ? Contrôlez-vous régulièrement cet aspect ?
- En termes de sensibilité, des tests sont effectivement réalisés régulièrement. On a un laboratoire juste à côté où l’on fait des tests sur différentes populations de moustiques. Différentes, car rien ne dit aujourd’hui que le moustique de Saint-Leu est le même que celui de Saint-Benoît. Cela fera d’ailleurs l’objet d’une étude l’année prochaine. Il peut y avoir en effet de petites différences entre les populations de moustiques notamment en termes de résistance aux insecticides. Dans une zone très concernée par l’agriculture - et il y en a à La Réunion - où l’on a utilisé pendant 20 ans des produits, il y a des chances pour que le moustique soit un peu plus résistant que celui qui ne respire que le bon air dans les Hauts de Mafate. Pour l’instant, on n’observe aucune résistance. On a une sensibilité totale tant au Bti - et c’est normal car à part quelques essais, on ne l’avait pour ainsi dire jamais utilisé - qu’à la Deltamétrine que nous n’avions jamais utilisée dans le cadre de la lutte anti-vectorielle. Mais il est clair qu’il faut faire ces tests régulièrement. Le dernier à la Deltamétrine doit remonter à la semaine dernière.
Les inondations qui touchent actuellement l’Inde doivent aussi interpeller en termes de vigilance sanitaire. Est-ce qu’on peut envisager justement une recrudescence des moustiques dans ces zones sinistrées ?
- Ca peut arriver. Il faut de toute façon que les voyageurs se tiennent informés. Il y a le site du Ministère des Affaires étrangères pour savoir où en sont les épidémies dans tel ou tel pays. Le consulter reste le conseil qu’il faut donner à toute personne qui voyage. Maintenant il peut y avoir une prolifération de moustiques, une recrudescence, sans qu’il y ait forcément de maladie. Il y a par exemple régulièrement des inondations dans le Sud Ouest de Madagascar, dans la région de Tuléar, donc une recrudescence de moustiques Anophèle et parfois une petite recrudescence de palu. Plus que jamais, il faut rester effectivement extrêmement vigilant quant aux données sanitaires dans la zone. La Réunion n’est pas isolée. On est dans un bloc épidémiologique qui représente un potentiel de déplacements humains énorme avec Madagascar, Maurice, Mayotte, les Seychelles... L’épidémiologie ne s’arrête pas aux frontières, mais va bien au-delà. Elle ne tient pas compte non plus du niveau de développement d’un pays : les plus riches ne sont pas préservés. Il faut donc regarder la situation dans la zone bien plus qu’en métropole, il faut toujours rester en vigilance.
Stéphanie Longeras
*L’Abate 500 est un organophosphoré, un larvicide chimique
- Dengue et chikungunya sont toujours bien là
Des « bruits de fonds » qui appellent à la vigilance
Les cas de dengue et de chikungunya déclarés sont-ils récents ? Pourquoi y-a-t-il chaque année plus de cas de dengue à Saint-Leu ? En recensait-on autant l’année dernière et en 2005 ? Toute ces questions restent sans réponse. Autant de zones d’ombre qui appellent à ne pas baisser la garde.
La DRASS enregistrerait, selon Julien Thiria, 2 à 3 signalements de cas de chikungunya par semaine. Après enquête sur le terrain, il apparaîtrait que ce ne sont pas des cas récents. Il s’agirait soit de rechutes, soit d’anticorps retrouvés lors d’une sérologie faite dans le cadre d’un autre examen médical. « Sur l’ensemble de ces signalements, il s’avère que l’on a 1 ou 0, et c’est plus souvent 0, cas récent de chik. Clairement c’est ça », soutient l’ingénieur sanitaire.
Concernant la dengue et les cas recensés entre le 10 mai et le 16 juin 2006 sur la commune de Saint-Louis, il s’agirait de cas isolés qui ne seraient pas dans le même quartier. « On a toujours eu quelques cas sporadiques de dengue, explique Julien Thiria. A part l’épidémie de 2004, où on a eu effectivement des foyers, sur toutes les enquêtes que l’on a fait, on ne met pas en évidence la présence de foyers, on n’a pas de cas qui apparaissent trop regroupés, ou de 400 à 500 mètres. Ce sont des cas sporadiques donc, certains sont importés, mais la plupart sont autochtones. »
Le fait que depuis 2006, la dengue soit une maladie à déclaration obligatoire facilite le système de surveillance mais... 30 cas auraient été déclarés depuis le début de l’année, répartis sur l’ensemble de l’île : sachant que là encore, il reste difficile selon les autorités sanitaires de prouver que ce sont des cas récents. Comme le précise encore notre interlocuteur, « la notion de première infection est toujours difficile à démontrer. Il n’existe pas de test permettant de dire si l’infection est récente ou plus ancienne, alors que pour le paludisme, c’est beaucoup plus clair avec la recherche du parasite dans le sang, un parasite beaucoup plus grand. Les signes cliniques restent également difficiles à discerner. »
Impossible également d’évaluer si l’on a plus de cas de dengue cette année qu’en 2006, en raison du chikungunya, et qu’en 2005 car le système de surveillance était différent. « 30 cas depuis le début de l’année, en 8 mois, c’est pas beaucoup, soutient Julien Thiria. Ca fait 5 cas par mois, 1 cas par semaine : c’est un petit phénomène. On aura toujours des bruits de fond comme ça. Ils existent pratiquement partout en milieu tropical, identifiés ou pas. » Saint-Louis n’a pas été la seule commune touchée. C’est l’Ouest et Saint-Leu qui a d’ailleurs enregistré jusque-là le plus de cas (environ 8). Pourquoi ? On ne le sait pas.
Que de points d’interrogation donc qui ne doivent pourtant pas minorer le phénomène. La dengue doit être prise très au sérieux. C’est un virus d’autant plus difficile à comprendre qu’il existe 4 souches de dengue, dont une hémorragique, mortelle. Pas de panique certes, car pour parler de foyers, il faut au moins 10 à 15 cas recensés dans une même semaine et dans un même périmètre, mais Julien Thiria s’il se veut rassurant, en dépit de ses élements d’informations laconiques, accordera que la vigilance doit se porter, peut-être, davantage sur la dengue que sur le chikungunya. Dans tous les cas, tous les risques épidémiques doivent être, si ce n’est anticipés, appréhendés.
SL
- Conséquence colatérale d’une crise épidémique mal gérée
« Il faut retrouver une relation de confiance avec la population »
Comme le soulignera à plusieurs reprises Julien Thiria lors de notre entretien : « le moustique en milieu tropical, c’est normal. Il ne faut pas attendre de qui que ce soit que les moustiques disparaissent. » La population émet-elle vraiment cette attente ? Sa réticence à accueillir les équipes du service traduit plutôt le passage douloureux d’une crise épidémie, une perte de confiance évidente à l’égard des autorités sanitaires.
« Prévoir, ça n’existe pas... »
Signaler une prolifération anormale au numéro vert reste un des principal conseil délivré par la DRASS. « On est à l’écoute de toutes les demandes, poursuit-il. On peut nous appeler pour une domestication à domicile, pour signaler un point chaud, une ravine à côté de chez soi et l’on ira voir. On fait plus de 150 à 200 interventions de ce type par mois. » Le directeur du service de prophylaxie tient également à insister pour qu’un bon accueil soit réservé aux équipes. « Si l’on passe c’est aussi à titre préventif, pour donner des conseils, aider les personnes âgées qui ne peuvent pas contrôler seules leur jardin... On fait notre métier avec beaucoup de pédagogie. Notre souci aujourd’hui reste que lorsque l’on veut couvrir un quartier, 40% des foyers restent intouchables pourtant c’est maintenant qu’il faut faire de la prévention. » Peur des produits ? Refus d’une intrusion dans son jardin que l’on peut soigner seul ? Les hypothèses de ces refus sont multiples mais Julien Thiria accorde qu’après les l’ampleur de la crise épidémique du chikungunya, « il faut retrouver une relation de confiance avec la population. On reparlera bien sur encore de ce que l’on pouvait ou non maîtriser. Prévoir ça n’existe pas et il y a des choses que l’on ne maîtrise pas dans l’arrivée du virus. Quand on sait ça on ne peut pas exiger de n’importe qui qu’il soit en mesure de stopper le virus. » Il y a une part de vérité, mais le silence que l’on a voulu maintenir autour de l’ampleur de l’épidémie, le déni autour du nombre réel de cas, les accusations portées en l’encontre des réunionnais accusés de ne pas être assez vigilants et responsables en terme de salubrité, résonnent encore dans tous les esprits. Il faudra encore du temps et si l’on ne maîtrise pas tout autour de la survenue d’un virus, accorder suffisamment tôt que l’on ne sait pas est déjà un gage de sincérité et de transparence dont a encore besoin la population.
SL
- Expérimentation du Bti en Camargues
Pourquoi pas à La Réunion ?
Un article paru dans le journal Le Point du 9 août 2007 retient notre attention. L’on pourrait commenter l’entretien que nous avons eu avec le directeur du service de prophylaxie (après aval obligatoire de la Préfecture), s’interroger sur les « normalement » et « peut-être » qui accompagne le recrutement des 62 agents techniques prévus pour 2008, l’allusion à l’utilisation d’insecticides dans l’agriculture, ou encore le fait que l’utilisation intensive du Bti soit posée en termes de choix de priorité et surtout de moyens humains, etc, etc... Mais nous laissons le soin à notre camarade Jean-Saint Marc de commenter, s’il le souhaite, ce matin sur KOI, le présent entretien (nous invitons d’ailleurs nos lecteurs à allumer leur poste ce matin dès 7 heures).
Bti : la « seule molécule efficace qui nous reste »
C’est la réaction de Mylène Weill, spécialiste de la résistance des moustiques aux insecticides à l’Isem (Institut des Sciences de l’Évolution de Montpellier) suite à la démoustication test en Camargue, sur 2 300 hectares entre Port-Saint-Louis-du-Rhône et Salinde-Giraud, qui retient ici notre attention. Elle réprouve en effet ce choix car elle estime que le Bti « seule molécule efficace qui nous reste » n’a pas lieu d’être utilisé, maintenant, dans les Bouches du Rhône car l’Aedes capsus, présent en Camargue ne véhicule aucune maladie. Cette expérimentation risque selon elle de créer des souches résistantes de moustiques. Certes les conséquences du changement climatique peuvent rapidement changer la donne, de nouveaux virus peuvent apparaître, mais il est préférable selon elle de conserver l’insecticide biologique « pour l’utiliser en cas de risque sérieux de transmissions de maladies dangereuses pour l’homme ! » Ce qui nous renvoie immédiatement à La Réunion où chikungunya et dengue sont en activité. La Réunion, région française située dans une zone à risque. Pourquoi alors ne pas mener cette expérimentation très intéressante ici. Certainement parce que, comme Julien Thiria le soutient, plus que la rémanence (prétexte bancale) il s’agit de mettre les moyens humains en place. Et j’entends déjà Jean : si on remettait un service national en place, « pas pour apprendre à tenir des armes », on permettrait à la jeunesse de ce pays de prendre sa sécurité sanitaire vraiment en main. Qui accuse-t-on d’assistanat ?
S. L.
(source : http://avenir13.blogs.com/citoyens/2006/06/camargue_une_dm.html)