Pourquoi attendre le 1er janvier 2022 alors que la situation sanitaire est déjà grave

Pas de jauge dans les centres commerciaux : l’État favorise les profits plutôt que la santé

31 décembre 2021, par Manuel Marchal

La situation sanitaire est déjà très grave, pourtant l’État décide de laisser ouvert sans restriction les centres commerciaux en pleine période des Fêtes. A La Réunion, ces lieux sont les principaux points de dépense des transferts publics qui deviennent alors les profits des actionnaires de ces centres commerciaux, profits qui sont ensuite principalement rapatriés en France. Ce n’est qu’une fois que les bourses seront vides, c’est-à-dire au 1er janvier, que couvre-feu et limitation de la capacité d’accueil des centres commerciaux entreront en vigueur. Cela amène donc les Réunionnais à redoubler de vigilance devant l’illogisme sanitaire d’une telle mesure qui montre que pour Paris, les profits des grands groupes extérieurs passent avant la santé des Réunionnais.

Le 29 décembre, le préfet de La Réunion a annoncé les mesures décidées par l’État pour faire face à l’aggravation de la situation sanitaire à La Réunion à cause de l’épidémie de coronavirus :

« « Nous enregistrons clairement depuis un mois, semaine après semaine, une accélération de la propagation épidémique qui nous conduit au moment où je vous parle à un taux d’incidence de 740 (il était déjà de 561 la semaine dernière). Il est à son plus haut niveau depuis le début de la crise.
Dans nos établissements de santé, le niveau d’hospitalisation poursuit sa progression au point de parler désormais de tension hospitalière et de pression sur la réanimation et la médecine : sur nos 89 lits de réanimation, 84 étaient occupés hier, dont 37 par des patients atteints de la Covid, ce qui représente un taux d’occupation de 95 %.
C’est pourquoi en complément des mesures nationales et de celles déjà en vigueur à La Réunion, j’ai décidé de mettre en place les mesures suivantes à compter du samedi 1er janvier pour une première période de 3 semaines :
– Rétablissement d’un couvre-feu de 21h00 à 5h00 ;
– Interdiction de tout évènement et tout rassemblement sur la voie publique ;
– Interdiction de tous les rassemblements festifs privés dans les ERP de type X, L et CTS ;
– Mise en place de jauges dans les établissements recevant du public. »

Cela signifie notamment l’interdiction des concerts debout, un couvre-feu à partir de 21 heures, mise en place de jauges dans les établissements recevant du public et les marchés… à partir du 1er janvier.

C’est l’époque des primes de fin d’année

Pourtant, la situation est déjà grave, selon les propos du préfet. Cet état justifie pour Paris le maintien de l’obligation d’une quarantaine pour les passagers en provenance de Maurice et d’Afrique du Sud. Les portes de La Réunion sont donc sévèrement contrôlées pour ceux qui viennent du pays le plus proche, Maurice, ou de la première puissance économique de notre région, l’Afrique du Sud.
Pourtant, l’État a décidé d’attendre la fin des Fêtes pour appliquer des mesures restreignant les déplacements et le risque de transmission du coronavirus. En effet, les centres commerciaux vont pouvoir rester ouverts à pleine capacité alors que c’est actuellement la période de pointe des profits du système capitaliste. Les 24 millions d’euros apportés par les plus pauvres via la « prime de Noël » pour les bénéficiaires du RSA, ainsi que les 13e mois et primes de fin d’années versées dans des sociétés ou des administrations visent à faire tourner la machine à plein régime.
L’État a donc décidé de ne pas contrarier ce système, et donc de laisser ouvert sans restriction les lieux où sont massivement transformés des transferts publics en profits privés qui sont ensuite rapatriés principalement en France. Cela amène donc les Réunionnais à redoubler de vigilance devant l’illogique d’une telle mesure.

Toujours pas de quarantaine pour les passagers des vols venant de Paris

Il est également à noter que la France connaît largement plus de 100.000 nouvelles contaminations par jour. Ramené à la population de La Réunion, ce chiffre signifierait près de 1.000 nouveaux cas de coronavirus par jour. Nous en sommes bien loin, ici et tout aussi loin de ce chiffre dans les pays de notre région. Malgré tout, les voyageurs en provenance de France n’ont pas besoin d’un motif impérieux pour entrer dans notre île, et ne sont pas dépistés COVID-19 à leur arrivée s’ils sont considérés comme vaccinés selon la loi votée en France. Or, ce statut ne protège pas de l’infection et de la transmission. En Europe tout comme à La Réunion, la majorité de la population est vaccinée contre la COVID-19, mais le nombre de nouveaux cas n’a jamais été aussi élevé depuis le début de l’épidémie.
Ce choix ouvre une faille béante dans tout le dispositif, comme l’a rappelé l’importation à La Réunion du variant Omicron par des passagers vaccinés qui avaient séjourné en Afrique australe. Maintenant que le variant Omicron circule en France, comment être certain qu’il ne puisse pas contaminer La Réunion en choisissant comme hôte des passagers d’un des vols long-courrier quotidiens qui relient Orly et Roissy à La Réunion ?

M.M.

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