La médecine du travail est malade. « La pénurie de médecins est déjà énorme », affirme Juliette Camatte, jeune médecin qui gère la santé de 2.700 salariés répartis dans 130 entreprises. « Le gouvernement n’a plus le choix : il doit réformer le système, sinon le métier, et donc la santé des travailleurs, sont en péril ».
Des changements que certains, comme Emmanuel Beau, médecin du travail membre d’un service interentreprises, « voient arriver gros comme une maison ». Le gouvernement a en effet choisi la pluridisciplinarité depuis un décret de 2004 (1) et le Plan santé au travail de la même année. « Les pouvoirs publics vont former des ergonomes, des auxiliaires médicales, bref, des non-médecins pour qu’ils se chargent d’une partie de notre travail. C’est éminemment regrettable », se désole-t-il.
Un métier en prise avec la réalité sociale
Le Dr Beau reconnaît pourtant les difficultés qu’il rencontre pour boucler ses visites et répondre aux nombreuses sollicitations des entreprises. En plus des consultations de salariés, le médecin doit être présent en milieu professionnel (visites d’entreprises, de postes de travail particuliers, réunions du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail de l’entreprise). Sans compter ses activités connexes, qui englobent les sessions de formation continue, concernant notamment les risques professionnels.
« Il est difficile de concilier toutes ces activités », constate Emmanuel Beau. « Par exemple, on consacre beaucoup plus que le quart d’heure théorique à un travailleur stressé ou dépressif, ou à une personne en visite d’embauche. Même depuis la réforme, il m’arrive de voir 14 personnes en un après-midi, cela devient insupportable ».
Cependant, depuis la réforme du travail de 2004, la périodicité des visites est passée d’un à deux ans. Sauf pour les personnes soumises à des risques élevés, comme les expositions chimiques, toxiques, l’amiante, et pour les travailleurs sur écran. « Mais il est inadmissible que les aides à domicile soient, elles, vues tous les deux ans, alors que leur moyenne d’âge est élevée, et qu’elles sont soumises à des risques liés aux trajets, au nettoyage... ».
Réduction du nombre de postes
Les efforts des pouvoirs publics pour soulager les médecins du travail, centrés sur l’allongement de la périodicité des visites, se heurtent pourtant à un paradoxe : la réduction drastique du nombre de postes d’internes en médecine du travail. La filière de formation s’étrangle dans un goulot resserré par la direction générale de la santé. En 2005, celle-ci avait proposé à la Commission nationale des études médicales un objectif de réduction de 87% des postes. « Le ministère chargé du travail veut éteindre la médecine du travail. Il est tellement plus facile de licencier un assistant qu’un médecin... », déplore le docteur Bernard Salengro, président du syndicat général des médecins du travail. Une carence qui s’ajoute au manque cruel d’inspecteurs, le plus faible de toute l’Europe.
« Le jour où les inspecteurs auront autre chose que des sabres de bois, cela ira mieux », lance encore le Dr. Salengro. « La médecine du travail est un formidable thermomètre, qu’on est en train de casser au lieu de soigner la maladie ». Juliette Camatte est plus sereine. « On verra bien dans 5 ans, de toute façon on n’a pas le choix. La médecine du travail doit changer ».
(1) Décret n° 2004-760 du 28 juillet 2004 relatif à la réforme de la médecine du travail et modifiant le code du travail.
Diana Semaska-JLDE
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