La ville du Port contre le chikungunya

Pérennisation de l’expérience des déchetteries mobiles

8 avril 2006

La ville du Port mène depuis l’année dernière un combat soutenu, organisé et collectif contre la maladie du chikungunya et son vecteur, l’aèdes albopictus. Le maire, Jean-Yves Langenier a fait hier un bilan des actions municipales, en regrettant l’absence de résultats chiffrés par commune dans les données transmises par les services de l’État.

La lutte contre le chikungunya a été organisée par la ville du Port depuis octobre 2005, en mobilisant et accentuant le dispositif mis en place depuis mai 2004 pour lutter à l’époque contre une épidémie de dengue. Lorsque le Port a accentué sa mobilisation - à une époque où les services de l’État continuaient à minimiser la maladie et son avancée - la ville abritait un quart des Réunionnais atteint par le virus, selon les données officielles de la DRASS. En octobre 2005, le Port connaissait 604 cas recensés officiellement et les autorités municipales situaient plutôt la réalité entre 900 et 1.000 malades. C’était avant l’explosion de la maladie.
Six mois et une mobilisation interministérielle plus tard, la ville est toujours sur le qui-vive, mais elle ne peut plus mesurer le résultat de son action depuis que les données sur l’épidémie sont communiquées par arrondissement. "On n’a plus d’éléments qui nous permettent d’apprécier l’évolution commune par commune", a constaté le maire du Port devant la presse, hier. Paradoxe d’un État qui se décentralise, paraît-il.

Opération utile

De rares médecins ont communiqué à la mairie un nombre de nouveaux malades venus consulter : 502, entre janvier et février 2006, ce qui fait dire aux autorités que "la tendance est à une progression moins rapide qu’avant".
La ville a déployé des efforts dans 2 directions : contre le vecteur de la maladie, en éliminant les nids à moustiques et contre la maladie elle-même, par un soutien social aux personnes atteintes, les plus fragiles.
Depuis le 26 janvier, la lutte mécanique contre la propagation du moustique s’est intensifiée avec une expérience de “déchetterie mobile” : une opération “vide cour” ambulante, menée dans tous les secteurs de la ville, a permis de ramasser une quantité de déchets verts ou d’encombrants équivalente à près des deux tiers de la quantité ramassée dans le même temps (du 26 janvier au 21 février) par la collecte traditionnelle (non triée).
L’opération a coûté un peu plus de 100.000 euros et elle s’est avérée si utile que la municipalité a maintenu un dispositif de déchetterie mobile, dans tous les quartiers, selon un rythme allégé (une fois par semaine dans chacun des quatre grands secteurs de la ville).
Sur le plan social, la ville a fait distribuer 1.922 produits anti-moustiques aux personnes âgées. À compter de la première semaine d’avril, la distribution des anti-moustiques est organisée dans quatre points : le CCAS (centre-ville) et dans les trois mairies annexes, pour les 7.063 bénéficiaires de la CMU.

Soutien de Vaulx-en-Velin

Le maire du Port a fait connaître le soutien manifesté à sa cité par la ville (jumelle) de Vaulx-en-Velin, dont le maire Maurice Charrier lui a annoncé la mise au vote, la semaine prochaine, d’une subvention destinée au CCAS portois.
Depuis le 20 mars, en accord avec les bailleurs sociaux, les opérations de démoustication se sont étendues aux logements collectifs : 2.117 logements, sur les 8.911 qui ont été “démoustiqués”, sont des logements en bâtiments collectifs. La ville du Port comptant 12.000 foyers (et environ 44.000 habitants), il reste autour de 3.000 foyers à traiter et les autorités municipales pensent que la démoustication pourrait être terminée d’ici la fin du mois d’avril.
Et ensuite ? "La démoustication est une nécessité, qu’il y ait ou pas le chikungunya, puisque les moustiques peuvent transmettre des maladies bien plus graves", a déclaré Jean-Yves Langenier lors du point presse. Le souhait du maire du Port est que l’on garde une leçon de cette épidémie, que "la prophylaxie est indispensable".
Le dispositif allégé de collecte itinérante des déchets verts, métaux ou encombrants sera maintenu et la ville pense, pour l’avenir, à sensibiliser surtout les enfants.
C’est ce qui l’a poussée à éditer une bande dessinée, “Tik Tak Chik”, à 15.000 exemplaires. Préparée avec un étudiant de l’ILOI, cette plaquette vise à transmettre aux enfants et à la jeunesse en général, les gestes de protection individuelle et de prophylaxie sociale les plus élémentaires.

P. David


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