L’EFS invite aux dons de plasma...

...Pour la fabrication d’un sérum anti-chik

30 janvier 2007

Depuis le 15 octobre 2005, et l’obtention de l’agrément du Ministère de la Santé, l’Établissement Français du Sang de La Réunion réalise des prélèvements de plasma sur des donneurs ayant été atteints par le chikungunya. C’est à partir de ce plasma qu’un sérum anti-chik pourra être fabriqué et utilisé pour les femmes enceintes en fin de grossesse ainsi que dans le cadre d’essais cliniques.

Il y a deux moyens de se prémunir contre un virus. Soit par le biais d’un vaccin, dont l’élaboration nécessite plusieurs années, soit avec ce fameux sérum issu du plasma des personnes contaminées. Alors que les recherches pour la réalisation d’un vaccin contre le chikungunya se poursuivent, 650 donneurs ont déjà permis à l’EFS de collecter 300 litres de plasma.

Sérum fabriqué en métropole

Jusqu’à démonstration scientifique contraire, il semble que l’on ne puisse contracter le chikungunya qu’une seule fois. Une seule contamination suffit pour que le malade produise des anticorps que l’on retrouvera dans son plasma. Les 300 litres déjà collectés par l’EFS et précieusement conservés au congélateur vont être transmis, dans les prochains jours, au Laboratoire Français des Fractionnements et des Bio Technologies, industrie pharmaceutique implantée à la périphérie de Paris. « Il va traiter les échantillons et fabriquer du sérum anti-chik qui reviendra à La Réunion pour être utilisé dans le cadre d’essais cliniques », explique Patrice Rasonglès, directeur de l’EFS. Ce dernier précise également que « le sérum peut être utilisé à titre préventif chez les femmes en fin de grossesse pour éviter les risques de transmission du virus de la mère à l’enfant. » La crise épidémique a en effet démontré que lorsque la future mère est atteinte par le virus la dernière semaine avant son accouchement (et plus encore la veille), il y a de fortes probabilités pour que le nouveau-né soit également atteint, avec des risques d’encéphalites prononcés.

Collecter 1000 litres de plasma

Même si l’épidémie est pour l’heure silencieuse, ce sérum anti-chik n’en demeure pas moins d’une grande importance pour les futures mères et leurs nourrissons ainsi que pour la recherche. Pour parvenir à son objectif de 1.000 litres de plasma, l’EFS invite donc les donneurs à se manifester.
Cet appel concerne toutes les personnes âgées de 18 à 65 ans ayant déjà contracté le chikungunya, sans délai requis par rapport à la date de la contamination, et de préférence déjà inscrite comme donneur. En effet, Patrice Rasonglès précise que « ce n’est pas un prélèvement ordinaire. Il n’est pas plus pénible mais plus long, entre une demi-heure et 40 minutes car on ne prélève que le plasma pas les globules. Comme c’est plus long, on se limite aux personnes déjà donneurs, moins impressionnables et qui pourront supporter une aiguille pendant ce temps dans leur bras. » Il faut également que le donneur soit guéri, qu’il ne soit pas en rechute ou souffre de douleurs articulaires. À noter qu’un même donneur peut offrir son plasma tous les 15 jours.

En attendant des jours meilleurs (voir encadré), l’EFS poursuit donc les prélèvements de plasma, mais aussi de plaquettes traitées grâce au principe de l’intercepte qui permet d’éliminer le virus. Une technologie des plus novatrices qui interpelle les chercheurs jusqu’en Californie. « Vu les technologies mises en oeuvre ici, nous sommes l’établissement de transfusion le plus pointu au monde, sachant que la transfusion sanguine française est déjà la plus perfectionnée au monde. » Un autre atout local emprunt d’excellence qu’il convient de souligner.

Stéphanie Longeras


Toujours pas de prélèvement de sang

« La situation ne peut pas perdurer »

Depuis la crise sanitaire, et le principe de précaution qui a conduit l’EFS à ne plus effectuer de prélèvements de sang (18.000 dons de sang par an, contre 3 millions au niveau national), toute l’activité de la structure s’est vue réorganisée, des postes en CDD n’ont pas été reconduits. « La transfusion sanguine est un domaine sensible, souligne Patrice Rasonglès. On ne peut pas accepter le risque d’une seule contamination. » La reprise de l’activité normale de l’EFS dépend bien sûr, de l’évolution de l’épidémie, suivie mais néanmoins imprévisible. Cette situation de blocage pose problème en termes d’approvisionnement et de qualité du sang importé. En effet, de la métropole à La Réunion, la répartition du groupe sanguin n’est pas la même. « A un moment ou au niveau national, on commence à manquer de donneur, le fait qu’une région toute entière en soit privée pose problème (...) Pour des raisons médicales, logistiques et morales, la situation ne peut pas perdurer. On ne peut pas être éternellement dépendant de la métropole. » Et le directeur de l’EFS de souligner également que La Réunion, du fait de sa diversité, de son métissage, présente un sang « d’une richesse extraordinaire » qui a déjà été, et pourrait encore l’être, utile à certains malades en Europe et dans le monde.

S. L.


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