Si la Métropole recensait plus de 300.000 cas de chikungunya et 7.500 de plus tous les mois

Qu’aurait-on fait ?

25 octobre 2005

On recense officiellement à La Réunion 4.103 personnes de chikungunya et la maladie progresserait entre 50 et 100 cas supplémentaires par mois. Rapportés à la population métropolitaine - qui est grosso-modo 75 fois plus nombreuse (1) - cela donnerait un total de 307.725 malades et l’épidémie progresserait entre 3.750 et 7.500 cas supplémentaires par mois.
Devant une telle situation, les autorités françaises n’auraient pas tardé à réagir.

Mobilisation face à la grippe aviaire

Il n’y a qu’à voir ce qui se passe actuellement autour de la menace de la grippe aviaire. Alors que quelques cas ont été enregistrés dans plusieurs pays européens, la France et l’UE organisent les moyens de prévention et, éventuellement, de traitement des cas d’infection animale et humaine. L’Union européenne a annoncé qu’elle s’apprêtait à interdire les importations de volailles et de produits volaillers en provenance de Croatie après la découverte d’un cas.
Le Royaume-Uni a annoncé son intention de lancer un registre national de l’activité volaillère qui aiderait les autorités à traiter rapidement une éventuelle épizootie.
La Norvège a ordonné jusqu’à nouvel ordre le confinement des volailles dans le Sud du pays pour prévenir les risques d’une propagation du virus véhiculé par des oiseaux migrateurs venus de Russie.
Face à la progression de la grippe aviaire, le Premier ministre, Dominique de Villepin réunira cette semaine les représentants de l’ensemble des groupes parlementaires, pour leur présenter son plan d’action et entendre leurs propositions. "Tous les Français seront tenus au courant en temps réel de l’évolution de la situation et des différentes mesures prises par le gouvernement. Je réunirai les représentants des groupes parlementaires la semaine prochaine afin de leur présenter les mesures et d’écouter leurs éventuelles propositions", avait-il annoncé la semaine dernière.

Chikungunya sous-estimé et banalisé

Ici, le développement du chikungunya a été sous-estimé et banalisé. Ce n’est pratiquement plus de 6 mois après l’apparition des premiers cas de maladie qu’il est envisagé la préparation d’un plan pour enrayer tout risque de flambée épidémique. Pour l’heure aucun grand moyen n’est mobilisé. Les communes doivent se débrouiller seules. On se montre satisfait de la diminution du nombre de cas recensés tous les mois : nous sommes passés d’un pic de 45 cas à un nombre de malades supplémentaires se situant entre 50 et 100 (une estimation qui va du simple au double !) Mais comme nous l’indiquions un peu plus haut, rapportés à la population métropolitaine, cela signifierait que l’on aurait chaque mois entre 3.250 à 7.500 malades de plus !
Or, nous ne tarderons pas à entrer dans la période chaude et humide de l’année, là où les conditions sont réunies pour que les moustiques reviennent en masse.

Entre 3 semaines à 4 mois d’immobilisation

Sans doute le chikungunya n’est pas mortel, mais faute d’un traitement réellement efficace, il immobilise le malade sur une période indéterminée, entre 3 semaines à 4 mois, voire plus selon les cas. Il peut entraîner des complications articulaires. Sur les 4.103 personnes atteintes jusqu’ici, beaucoup sont au travail. Toujours en fonction de notre comparaison avec la métropole, où le taux de chômage est de 10%, on peut estimer que sur un potentiel de 307.725 malades, environ 270.000 seraient des gens au travail. Imagine-t-on une France du travail diminuée de 270.000 travailleurs ? Imagine-t-on ce que l’on aurait écrit dans les journaux et dit à la télé et à la radio ? Imagine-t-on l’émoi dans la classe politique et la mobilisation de toutes les autorités ?
Ici, 4.103 personnes ont été atteintes - ou le sont encore - de chikungunya, cela fait l’effet d’in goutte dolo d’sis feuille songe !

J.M.

(1) Pour donner un ordre d’idée, la population métropolitaine tourne autour de 60 millions est celle de La Réunion de 800.000.


L’homme face à la grippe aviaire

La grippe aviaire est une infection qui s’attaque à toutes les espèces d’oiseaux, sauvages ou domestiques. Elle peut être fortement contagieuse surtout chez les poulets et les dindes, et être susceptible d’entraîner une mortalité extrêmement élevée dans ces espèces. Elle peut donc déboucher sur une véritable catastrophe économique et détruire la filière avicole française.
La transmission à l’homme est possible dans le cas d’un virus hautement pathogène comme c’est le cas avec le A/H5N1. La transmission s’effectue lors de contacts fréquents et intensifs avec des sécrétions respiratoires ou des déjections d’animaux infectés. Une transmission du virus aviaire à l’homme risque de favoriser des échanges de matériel génétique entre les deux virus chez une personne déjà contaminée par le virus de la grippe humaine. Un tel réassortiment génétique entre ces deux virus pourrait engendrer l’apparition d’un nouveau type de virus susceptible de s’adapter plus facilement à l’homme. Ce mécanisme faciliterait ainsi la transmission inter humaine de ce nouveau type de virus qui pourrait diffuser sur un mode épidémique voire pandémique, comme cela s’est vu dans le passé.
Chaque foyer de grippe aviaire animale nouvellement identifié nécessite que soient mises en œuvre par les autorités sanitaires des pays affectés, des mesures ayant pour objectifs d’éviter toute exposition au virus et d’éradiquer la maladie. Les stratégies de lutte reposent essentiellement sur le diagnostic, l’hygiène, l’éducation, la quarantaine et la réduction de la taille des élevages (politique d’abattage massif).

Chikungunya

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