Selon un rapport du Sénat

Quand les laboratoires favorisent les dépenses de santé

21 juin 2006

Les professionnels de santé sont constamment sous la pression d’entreprises privées. Cette mainmise de l’industrie pharmaceutique sur les prescripteurs a une influence négative, estime la mission d’information parlementaire du Sénat.

Le 14 juin dernier, la sénatrice de La Réunion Anne-Marie Payet et sa collègue Marie-Thérèse Hermange ont publié un rapport d’information sur les médicaments. Sous le titre “Restaurer la confiance”, ce document est le résultat d’une mission d’information parlementaire. Il apporte un éclairage intéressant sur un des aspects des dépenses de santé.
Parmi les préconisations de la mission : le développement de la recherche publique et une nouvelle définition du rôle des experts afin de libérer le secteur sanitaire de la pression excessive de l’industrie pharmaceutique.
“Restaurer la confiance” déplore notamment "la mainmise des laboratoires sur l’information des médecins et la formation continue en pharmacologie", explique “Que Choisir” pour qui la lecture du rapport montre que "si les Français sont les champions d’Europe de la consommation de médicaments, la faute en revient directement à l’influence des laboratoires sur l’ensemble de la sphère médicale, des agences sanitaires aux médecins".

Faire la transparence

Anne-Marie Payet et Marie-Thérèse Hermange déplorent l’opacité des structures qui ont la responsabilité de la politique du médicament en France. Elles demandent que "les modalités de financement de ces structures soient intégralement revues afin de leur assurer une totale indépendance financière vis-à-vis des industriels pharmaceutiques", explique “Que Choisir”. Par exemple, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) qui est aujourd’hui financée à hauteur de 80% par les redevances des laboratoires.
Cette dépendance a des conséquences importantes, notamment dans la diffusion des médicaments. Pour qu’un produit puisse être mis à la disposition des patients, il doit être évalué par des experts indépendants. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, car "le système de mise sur le marché et de suivi des médicaments souffre de sa trop grande dépendance à l’égard de l’industrie pharmaceutique", insistent les rapporteurs, soulignant que ces experts sont généralement des médecins hospitaliers qui sont, par ailleurs, financés par les laboratoires.

Professions sous influence

La mainmise des industriels commence lors des études médicales. Le financement de la formation médicale continue est tout aussi vivement critiqué, car il "provient actuellement à 98 % de l’industrie pharmaceutique".
Enfin, visiteurs médicaux et presse spécialisée sont accusés par les sénateurs d’être "sous influence". Ces derniers estiment que "journaux médicaux et revues spécialisées, seraient sous le contrôle des laboratoires", écrit “Que Choisir”. La mission d’information a remarqué la sélectivité du “Vidal”, “dictionnaire” des médicaments utilisé par l’ensemble des médecins. Selon les sénateurs, cet ouvrage de référence ne fait état que de la moitié des médicaments distribués et qui "est financé par les grands laboratoires", écrit “Que Choisir”.


Pour la reconnaissance des compétences et responsabilités

Aides-soignants et auxiliaires de puériculture manifestent

La Fédération Sud Santé-Sociaux devait être reçue mardi par le Ministère de la Santé sur les questions soulevées par les professions d’aides-soignants et auxiliaires de puériculture. De sources syndicales, elles portent sur "l’attribution d’un diplôme d’État, l’élaboration d’un décret fixant un rôle propre et une revalorisation salariale".
Dans ce cadre, le syndicat appelait aussi cette catégorie de personnels à la mobilisation par des rassemblements hier devant le ministère de la Santé et les Agences régionales d’hospitalisation.
Aides-soignants et auxiliaires de puériculture représentent plus de 300.000 salariés qui ont une place prépondérante dans le bon fonctionnement du système de santé. SUD-Santé estime que ces professions "sont ignorées des pouvoirs publics depuis des années". et de préciser que "dans la fonction publique, elles se retrouvent rémunérées au même niveau que des personnels non qualifiés malgré un diplôme délivré à l’issue d’une formation de 9 mois".
Le syndicat constate aussi que ces professions connaissent également un élargissement de leur champ de compétences "avec les glissements des tâches médicales sur la profession infirmière".


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