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par le Dr Raymond Vergès

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Résistance aux antibiotiques : l’OMS alerte sur un grave problème pour la santé publique

Dans toutes les régions du monde

mardi 29 avril 2014


Le premier rapport mondial de l’OMS sur la résistance aux antibiotiques révèle la gravité et l’ampleur mondiale de la menace pour la santé publique.
On constate une résistance aux antibiotiques dans toutes les régions du monde.
Le nouveau rapport de l’OMS dresse un tableau très complet de la résistance actuelle aux antibiotiques, les données provenant de 114 pays.


Un nouveau rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) – le premier portant sur la résistance aux antimicrobiens, dont la résistance aux antibiotiques, à l’échelle mondiale – révèle que cette grave menace n’est plus une prévision, mais bien une réalité dans chaque région du monde, et que tout un chacun, quels que soient son âge et son pays, peut être touché. La résistance aux antibiotiques – lorsque l’évolution des bactéries rend les antibiotiques inefficaces chez les personnes qui en ont besoin pour traiter une infection – est désormais une grave menace pour la santé publique.

« À moins que les nombreux acteurs concernés agissent d’urgence, de manière coordonnée, le monde s’achemine vers une ère postantibiotiques, où des infections courantes et des blessures mineures qui ont été soignées depuis des décennies pourraient à nouveau tuer », déclare le Dr Keiji Fukuda, Sous-Directeur général de l’OMS pour la sécurité sanitaire. « L’efficacité des antibiotiques est l’un des piliers de notre santé, nous permettant de vivre plus longtemps, en meilleure santé, et de bénéficier de la médecine moderne. Si nous ne prenons pas des mesures significatives pour mieux prévenir les infections mais aussi pour modifier la façon dont nous produisons, prescrivons et utilisons les antibiotiques, nous allons perdre petit à petit ces biens pour la santé publique mondiale et les conséquences seront dévastatrices. »

Le rapport, intitulé Antimicrobial resistance : global report on surveillance (Résistance aux antimicrobiens : rapport mondial sur la surveillance), note que la résistance se rencontre pour de nombreux agents infectieux très divers, mais choisit de mettre l’accent sur la résistance aux antibiotiques de sept bactéries différentes, responsables de maladies graves courantes telles que les infections hématologiques (septicémie), les diarrhées, les pneumonies, les infections des voies urinaires et la gonorrhée. Les résultats sont très préoccupants, témoignant de la résistance aux antibiotiques, en particulier aux antibiotiques « de dernier recours », dans toutes les régions du monde.

Les principales conclusions du rapport sont notamment les suivantes :

• La résistance au traitement de dernier recours contre les infections potentiellement mortelles causées par une bactérie intestinale courante, Klebsiella pneumoniae, – les carbapénèmes – s’est propagée à toutes les régions du monde. K. pneumoniae est une cause majeure d’infections nosocomiales telles que la pneumonie, les infections hématologiques ou les infections contractées par les nouveau-nés et les patients des unités de soins intensifs. Dans certains pays, du fait de la résistance, les carbapénèmes sont inefficaces chez plus de la moitié des patients traités pour des infections à K. pneumoniae.
• La résistance à l’un des médicaments antibactériens les plus largement utilisés pour le traitement des infections des voies urinaires dues à E. coli, – les fluoroquinolones – est très largement répandue. Dans les années 1980, lorsque ces médicaments ont été introduits pour la première fois, la résistance était quasiment nulle. Aujourd’hui, dans certains pays de nombreuses parties du monde, le traitement est désormais inefficace pour plus de la moitié des patients.
• L’échec du traitement de derniers recours contre la gonorrhée – les céphalosporines de troisième génération – a été confirmé en Afrique du Sud, en Australie, en Autriche, au Canada, en France, au Japon, en Norvège, au Royaume-Uni, en Slovénie et en Suède. Plus d’un million de personnes sont infectées par le gonocoque dans le monde chaque jour.
• Du fait de la résistance aux antimicrobiens, les patients sont malades plus longtemps et le risque de décès augmente. On estime par exemple que chez les personnes atteintes du Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM), le risque de décès est supérieur de 64% comparé au risque pour les personnes atteintes d’une forme non résistante de l’infection. La résistance augmente également le coût des soins du fait de la prolongation des séjours à l’hôpital et des soins plus intensifs requis.

Le rapport révèle que les outils essentiels pour lutter contre la résistance aux antibiotiques – tels que des systèmes de base pour assurer le suivi et la surveillance du phénomène – sont insuffisants ou n’existent pas dans de nombreux pays. Même si certains pays ont pris des mesures importantes pour lutter contre le problème, chaque pays et chaque individu doivent faire davantage. Parmi les autres mesures importantes à adopter figure la prévention des infections pour qu’elles n’aient pas lieu du tout – moyennant une meilleure hygiène, l’accès à l’eau potable, la lutte contre les infections nosocomiales et la vaccination – et pour réduire les besoins en antibiotiques. L’OMS appelle aussi l’attention de tous sur la nécessité de mettre au point de nouveaux produits diagnostiques, de nouveaux antibiotiques et d’autres outils pour permettre aux professionnels de la santé de garder leur avance sur la progression des résistances.

Le présent rapport donne le coup d’envoi des efforts mondiaux menés par l’OMS pour combattre la résistance aux médicaments (pharmacorésistance). Ces efforts passeront par la mise au point d’outils et de normes et l’amélioration de la collaboration dans le monde pour assurer le suivi de la pharmacorésistance, mesurer ses impacts sanitaires et économiques, et concevoir des solutions ciblées.

Chacun peut contribuer à lutter contre la résistance en :

• utilisant les antibiotiques uniquement lorsqu’ils sont prescrits par un médecin ;
• terminant le traitement conformément à l’ordonnance, même si l’on se sent mieux ;
• ne partageant jamais des antibiotiques avec d’autres personnes et en n’utilisant jamais les médicaments restants d’une ordonnance précédente.

Les agents de santé et les pharmaciens peuvent contribuer à lutter contre la résistance en :

• améliorant la prévention des infections et la lutte contre celles-ci ;
• ne prescrivant et ne délivrant des antibiotiques que lorsqu’ils sont réellement nécessaires ;
• prescrivant et délivrant le médicament antibiotique adapté à la maladie.

Les responsables politiques peuvent contribuer à lutter contre la résistance en :

• renforçant le suivi de la résistance et les capacités des laboratoires ;
• réglementant l’utilisation des médicaments et promouvant leur usage approprié.

Les responsables politiques et les fabricants peuvent contribuer à lutter contre la résistance en :

• encourageant l’innovation et la recherche-développement de nouveaux outils ;
• favorisant la coopération et le partage des informations entre l’ensemble des acteurs concernés.

Le rapport – qui comprend également des informations sur la résistance aux médicaments permettant de traiter d’autres infections telles que le VIH, le paludisme, la tuberculose et la grippe – dresse un tableau très complet de la pharmacorésistance aujourd’hui, en intégrant des données en provenance de 114 pays.


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