Chikungunya

Rester vigilants... au delà des cas déclarés

19 août 2006

Selon le point presse hebdomadaire fait hier par la Préfecture et la Cellule Inter-Régionale d’Épidémiologie (CIRE) de la Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales, les nouveaux cas déclarés apparus entre le 7 et le 13 août sont, à la date du 17 août, au nombre de six. C’est un de moins que la semaine précédente et c’est également inférieur aux 10 cas de la semaine correspondante de 2005, souligne le document de la Préfecture.
Les nouveaux cas relevés sont très disséminés géographiquement : 2 au Tampon, 1 à Saint-André, 1 à Saint-Louis et 1 à Saint-Joseph, le sixième n’ayant pu être localisé précisément. Le nombre d’arrêts de travail pour cause de chikungunya continue à très légèrement diminuer.
Le nombre de personnes ayant été infectées par le chikungunya au cours de cette épidémie est d’un peu plus de 266.000. On ne déplore aucun nouveau décès, dont le nombre total reste de 243 depuis janvier 2006.
Les recommandations pour la prévention insistent sur le fait que, même faiblement, "la transmission virale se poursuit" et qu’il faut impérativement "adopter des comportements individuels de prévention et de protection".
C’est particulièrement important pour les femmes en fin de grossesse et les nourrissons - bien qu’il n’y ait aucun nouveau cas déclaré de chikungunya materno-néonatal -, les personnes âgées ou celles atteintes de maladies chroniques, et les personnes immunodéprimées.
Les protections prises pour arrêter le vecteur du chikugunya (l’aedes albopictus) seront aussi efficaces contre la transmission de la dengue : il faut donc redoubler d’attention dans la lutte anti-vectorielle.
Il ne faut pas non plus perdre de vue que le nombre des cas déclarés, depuis l’année dernière, n’a peut-être jamais recouvert l’étendue réelle de l’épidémie.
La baisse observée des cas de chikungunya déclarés pourrait-elle être le pendant visible d’une recrudescence cachée ?


An plis ke sa

o 30 virus
La piqûre du moustique-tigre peut transmettre une trentaine de virus : le chikungunya, la dengue, le virus du Nil occidental (West Nile) et de nombreux autres à l’origine d’encéphalites, dont celle de Saint-Louis. Témoin la tournée mortelle à La Réunion, mais aussi à Mayotte, aux Seychelles, à Madagascar et en Inde.

o Du matin au soir
Contrairement aux autres espèces de moustiques, “Mme Albopictus” n’attend pas la fin du jour pour se restaurer. Elle y va à toute heure, avec une petite prédilection pour l’aube et le crépuscule. Son “bar à sang” repéré, la moustique-tigre ne le lâche plus. Sans attendre, elle perce le derme avec sa trompe aiguisée comme un poignard. Pour opérer sans douleur, elle injecte simultanément une salive anesthésiante. Dès que le forage rencontre un vaisseau sanguin, il s’interrompt pour laisser place au pompage.

o Des œufs aux larves
Qu’elle sert de cheval de Troie à une armée de virus, la femelle moustique l’ignore totalement. Après avoir savouré son milk-shake sanguin, elle se prépare donc à accoucher, cherchant à cet effet une paroi à proximité d’un peu d’eau pour y fixer ses œufs. Car, pour éclore, ceux-ci ont besoin d’être submergés à plusieurs reprises. La maternité idéale est un creux dans un rocher, une petite mare, un trou dans un tronc. Ou un récipient quelconque. Les œufs donnent naissance à des larves qui batifolent cinq à dix jours dans l’eau avant de se transformer en nymphes d’où émergeront les moustiques adultes après deux jours.

o Le pneu usagé
L’extraordinaire expansion du moustique-tigre dans le monde tient au choix de sa pouponnière. N’importe quel récipient semé par l’homme fait l’affaire : une bouteille, une boîte de conserve, un vase de cimetière.... Sans le savoir, c’est donc l’homme qui propage son “meilleur ennemi”. Le moyen de transport qu’Albopictus affectionne par-dessus tout parce qu’il lui a ouvert les portes de la planète entière, c’est le... pneu usagé.

o Mutation
Le problème, c’est qu’il est très difficile d’expulser ce moustique d’un terrain infesté. Les habitants de La Réunion en savent quelque chose. Depuis plus de six mois, un millier de militaires et d’innombrables civils traitent chaque trou d’eau, chaque récipient. Déjà plus de 230.000 habitations ont été passées à l’insecticide, sans qu’Albopictus fasse mine de battre en retraite. Les moustiques s’adaptent rapidement aux molécules toxiques. Pour quelques milliers d’individus exterminés, il y en a toujours un qui résiste grâce à une mutation de son génome, lequel donne naissance à une nouvelle population.

o Avec le Bti
En France, toute la Côte d’Azur craint que la piqûre d’Albopictus ne chasse le touriste. Comme en Camargue, qui a subi, l’an dernier, une formidable invasion de moustiques indigènes. D’où la réaction immédiate des élus locaux, qui ont réclamé des essais de démoustication. Ils auront bientôt lieu avec le Bti (bacillus thuringiensis israelensis sérotype H14). Il s’agit donc d’une lutte biologique supposée être moins nocive que la lutte chimique.

(source : “Le Point” du 10 août 2006)


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