Résultats d’une enquête réalisée auprès des généralistes et urgentistes de l’île

9 janvier 2008, par Sophie Périabe

Une étude vient d’être publiée par l’ORS de La Réunion concernant les consultations des médecins généralistes et urgentistes en ville. 44 médecins de l’île y ont participé et 553 fiches de consultations ont été recueillies au cours d’une semaine. Principaux résultats : en métropole comme à La Réunion, les populations jeunes et âgées sont les premières clientes, mais on y apprend également que la durée moyenne d’une consultation se situe entre 16 et 17 minutes, soit moins qu’en métropole.

Depuis plusieurs années, les recours aux services d’urgence hospitaliers ne cessent d’augmenter, entraînant leur engorgement.
(photo FB)

Depuis plusieurs années, les recours aux services d’urgence hospitaliers ne cessent d’augmenter, entraînant un engorgement des services d’urgences. De nombreux acteurs s’interrogent sur l’organisation des systèmes de garde, de la permanence des soins et sur la continuité des soins en médecine générale.
Pour compléter l’étude menée en 2002 auprès des usagers de ces services, la DREES (Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques) a souhaité disposer de données comparatives entre les filières de soins hospitalières et de médecine ambulatoire et a mis en place une étude spécifique.
L’enquête a été réalisée dans toutes les régions métropolitaines, à La Réunion et en Guyane, par les Observatoires Régionaux de la Santé, auprès de médecins généralistes libéraux exerçant en cabinet ou dans une association d’urgentistes, au cours de la semaine du 18 au 24 octobre 2004.
Dans l’île au total, 44 médecins ont participé au recueil des données et ont transmis 553 fiches de consultations.

Les jeunes patients et les patients âgés surreprésentés

Sans surprise, plus de la moitié des recours aux médecins de SOS a lieu après 20h, contre 2% en cabinet de médecine générale. En métropole, les recours aux généralistes ont plus fréquemment lieu la nuit qu’à La Réunion (9% contre 2%).
D’autre part, on constate qu’à la Réunion, contrairement à la métropole, les médecins urgentistes sont moins sollicités le week-end (19% contre 28% en métropole).
De plus, la répartition par âge de la population consultant en urgence diffère de la population générale : les plus jeunes (moins de 5 ans) et les plus âgés sont sur représentés. Respectivement 12% et 18% des recours urgents des généralistes en cabinet et des urgentistes concernent des enfants de moins de 5 ans alors que cette tranche d’âge ne représente que 9,5% de la population générale. De la même façon, 27% des patients des généralistes en cabinet vus en urgence et 16% des patients des urgentistes ont plus de 60 ans contre seulement 10% de la population générale. « En effet, les populations jeunes et âgées sont les plus fragiles et consultent donc plus souvent », confirme un médecin généraliste du sud.
Et près des 3/4 de l’activité urgente des médecins libéraux sont liés à une affection aiguë (72% des urgences en médecine générale et 75% des urgences chez les urgentistes), en particulier pour des jeunes patients de moins de 15 ans.
Moins d’un quart de ces recours est en relation avec une affection chronique. Ce type de recours augmente avec l’âge des patients et motive la moitié des recours urgents des plus de 60 ans.

Des consultations, pourquoi ?

Hormis les examens cliniques qui sont pratiqués de façon quasi-systématique, d’autres actes diagnostiques ou gestes thérapeutiques peuvent être pratiqués pendant une séance urgente. En premier lieu, des conseils en termes de prévention et d’hygiène de vie sont apportés dans 35% des cas en médecine générale et dans 20% des cas chez les généralistes urgentistes.
Le médecin est également amené à apporter une écoute ou une aide psychologique aux patients dans plus de 20% des cas, surtout lorsque les patients sont âgés (32% des 60 ans et plus en cabinet de ville).
10% des généralistes déclarent avoir réalisé un pansement ou une injection, ces gestes sont nettement plus courants pour les consultations des urgentistes.
Les autres gestes thérapeutiques et actes diagnostiques sont peu fréquents : petite chirurgie, immobilisation, électrocardiogramme sont réalisés dans moins de 3% des consultations.
Ces observations se retrouvent de la même façon au niveau national.
A la sortie des consultations, des médicaments sont prescrits dans 87,6% des recours urgents chez les généralistes en cabinet, dans les mêmes proportions qu’en Métropole. De plus, 7% des recours aux généralistes en cabinet et 14% des recours aux urgentistes sont suivis d’une hospitalisation immédiate.
On constate d’autre part que la durée moyenne de la consultation se situe entre 16 et 17 minutes. Elle augmente avec l’âge du patient et se situe entre 18 et 20 minutes pour des patients de plus de 60 ans. Mais cette moyenne reste en dessous de celle de la métropole.
Comment expliquer cet écart ? Selon notre généraliste du sud, « les consultations peuvent varier selon l’objet de la visite du patient, si c’est pour un renouvellement d’ordonnance, la consultation ne va pas s’éterniser. Mais dans tous les cas, on prend le temps qu’il faut pour chaque patient ».
Du côté du patient, en effet, « certains médecins et notamment les spécialistes bâclent un peu le travail. Ils n’ont pas le temps de vous expliquer certaines choses, de répondre à des questions, on dirait presque des robots. Où est le côté humain de la consultation ? »
Mais fort heureusement, il ne s’agit là que d’une minorité de médecins.

Sophie Périabe


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