Santé : le virus chikungunya à La Réunion

Réunionnais contre moustiques

13 octobre 2005

Entre 50 et 100 Réunionnais sont contaminés chaque semaine par le virus chikungunya. Depuis le début de l’épidémie, 4.015 cas ont été signalés, alors que le virus s’installe ’définitivement’ chez nous. Une conférence de presse sur le sujet s’est tenue hier après-midi à la DRASS.

Les spécialistes sont formels. L’éradication du moustique Aedes albopictus étant impossible, le virus chikungunya circule encore à La Réunion, et le risque de reprise épidémique existe. Pour Christian Lasalle, médecin général de la santé publique (DRASS), il est "important de dire que le virus ne provoque pas la mort". D’ailleurs, le faible taux d’hospitalisation l’atteste. 96,8% des cas sont non hospitalisés. Pour autant, cette infection virale peut se montrer très invalidante, douloureuse surtout, avec des symptômes caractéristiques : fièvre, douleurs musculaires, maux de tête, et moindrement éruptions cutanées, signes respiratoires, nausées-vomissements, diarrhée, des signes hémorragiques. "Cette maladie peut provoquer chez certains patients des polyarthrites invalidantes, migrantes et chroniques, pouvant durer plusieurs mois", informe le médecin général de santé publique, dans une note transmise aux médecins généralistes, mais également aux gynécologues obstétriciens et pédiatres de La Réunion. 66% des cas sont des femmes, la tranche 31-60 ans particulièrement. Le 26 septembre dernier, le Centre hospitalier de Saint-Pierre signalait à la DRASS 4 cas suspects de transmission materno-fœtale du virus chikungunya, dont 3 cas de méningo-céphalite. Les spécialistes cherchent encore l’imputabilité du virus dans ces complications, la littérature scientifique ne présente aucune explication.

Situation épidémiologique

Apparue le 22 février 2005, l’épidémie de chikungunya a pris de l’ampleur entre le 28 mars et le 3 avril, pour atteindre son apogée dans la semaine du 9 au 15 mai, avec plus de 450 cas signalés. Depuis, plus de 4.000 Réunionnais ont été infectés par le virus. Même si l’épidémie a baissé depuis le mois de juillet, elle se stabilise. "Le nombre de nouveaux cas ne diminue plus de manière importante, et l’hiver austral n’a pas permis l’interruption de la transmission du virus chikungunya", informe Christian Renault, ingénieur épidémiologiste à la Cellule interrégionale d’épidémiologie, à La Réunion et à Mayotte.
Le Nord et l’Ouest de l’île ont été particulièrement touchés par le virus. Saint-Denis et Sainte-Clotilde enregistrent 1.082 cas, suivis de la commune du Port avec 913 cas, 480 cas à Saint-Paul, 280 à La Possession, 83 à Sainte-Marie. Le Sud enregistre 848 cas. L’Est seulement 112 cas. Le virus avance, et plus vite qu’on ne le croit. Les équipes de lutte anti-vectorielle confirment la persistance d’une circulation virale sur la façade ouest de l’île, particulièrement à la Ravine des Cabris (Saint-Pierre), à la Rivière Saint-Louis, à l’Etang-Salé et à Saint-Paul. D’autres cas ont été signalés au Port, à Saint-André, à Bras-Panon et à Saint-Benoît. Le virus s’incrusterait-il dans l’Est ?

Tous les Réunionnais sont concernés

Les autorités sanitaires en appellent à la lutte communautaire. Tous les Réunionnais doivent participer à la lutte contre les gîtes à moustique. Le Centre de lutte anti-vectorielle (LAV) n’a pas relâché son effort dans la lutte contre le moustique. Il informe la population réunionnaise de la situation épidémique. Le 1er novembre, l’opération “Fleurs de sable” sera lancée pour instruire les Réunionnais sur les dispositions à prendre pour réduire la présence des moustiques et par la même le virus chikungunya. Le moustique est le vecteur dudit virus. "La lutte contre les gîtes larvaires et les mesures de protection individuelle sont à renforcer, notamment chez les femmes enceintes", déclarait Christian Renault. Le Centre de lutte anti-vectorielle assure également des formations pour les mairies et les agglomérations de communes, pour qu’ils soient des relais de communication de proximité. À la fin de l’année, 600 agents auront été formés et agiront directement dans les quartiers où des cas auront été signalés. Comment lutter contre le virus ? La rapidité d’action est primordiale. Dès les premiers symptômes, le cas doit être signalé à la DRASS, pour que les services de lutte anti-vectorielle interviennent au plus vite (voir encadré) . L’élimination des gîtes larvaires est obligatoire. Les Réunionnais doivent donc surveiller tous leurs plans d’eau et veiller à ce que les moustiques ne puissent pas proliférer. Par ailleurs, les collectivités locales doivent agir aux côtés des services de l’État pour ralentir le “fléau”. "L’État seul ne pourra pas éradiquer le virus. C’est notre rôle à tous", indique Philippe Roger, le directeur adjoint de la DRASS. À bon entendeur.

Bbj


Toutes personnes atteintes par la maladie peuvent se signaler à la DRASS pour l’intervention du Centre de lutte anti-vectorielle.

- Saint-Denis : 0262-93-95-70

- Saint-Benoît : 0262-50-76-35

- Saint-Paul : 0262-22-60-58

- Saint-Pierre : 0262-96-80-80

Chikungunya

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