La “réforme” de l’assurance maladie est bouclée

Serment d’hypocrite

29 mai 2004

Le projet de réforme de l’assurance maladie préparé par le ministre de la Santé est bouclé. Il a été remis vendredi au Conseil d’État, malgré la condamnation unanime des syndicats qui appellent tous à des manifestations le 5 juin pour protester contre une réforme dont les principales victimes sont les patients.

Le seul point positif du projet de “réforme” de l’assurance maladie de Douste-Blazy, c’est qu’il a permis la construction d’un front syndical uni. Unanimement, les syndicats condamnent le fond et la forme de la “réforme”.
Le fond, tout d’abord. Les principales victimes, celles qui sont taxées, sont les assurés : augmentation du forfait hospitalier, hausse de la CSG, forfait d’un euro non remboursable à chaque consultation... Quant à la “nouvelle gouvernance”, elle a le profil dessiné par le MEDEF.
La forme, ensuite. Il n’y a pas eu de négociation. Au fil des interventions radiotélévisées de Jean-Pierre Raffarin ou Philippe Douste-Blazy, les syndicats ont découvert des mesures dont ils n’ont jamais eu l’occasion de discuter. Enfin, ces “discussions” ont exclu les usagers qui n’ont pas pu donner leur point de vue. Y compris les associations de malades, d’accidentés, d’handicapés... Ce ne fut donc qu’une parodie de dialogue social. Malgré les assurances données. Un serment d’hypocrite, en quelque sorte...

Exclus des soins

Dans son projet de réforme, le ministre a envisagé une "réelle délégation de gestion" à l’assurance maladie. Ce qui revient à dire que c’est ce “conseil d’orientation” - et non plus l’État - qui fixera la liste des actes et des médicaments remboursés, qui pourra "faire varier les taux de remboursement". À la baisse bien évidemment. Par exemple parce que l’assuré a refusé un “dossier médical informatisé”. Parce qu’il est allé directement chez le spécialiste sans passer par le généraliste...
Par ailleurs, les hausses régulières du forfait hospitalier (désormais 14 euros par jour), selon tous les experts, vont pousser les plus pauvres vers l’exclusion des soins.
Et le forfait non remboursable d’un euro à chaque acte médical s’appliquera au 1er juillet 2004. Et les hausses de prélèvements auront lieu le 1er janvier 2005...
"Aujourd’hui nous sommes en train d’envoyer un premier papier qui est pour les caisses mais il faut bien savoir que le texte peut bouger, très largement, jusqu’au 7 juin au soir, puisque l’assemblée générale est le 8", déclarait Philippe Douste-Blazy.
La mobilisation du 5 juin permettra d’établir le rapport de forces.
Toujours est-il qu’au texte gouvernemental envoyé au Conseil d’État, sont annexées les contributions des différents groupes politiques parlementaires. Comment le gouvernement pourra-t-il ne pas en tenir compte ? Réponse dès le 5 juillet, puisque le projet de loi devrait être soumis aux députés en première lecture à cette date, après avoir été présenté en conseil des ministres le 16 juin.

D.B.


Humeur

L’UMP épouse le MEDEF

Au moment où certains hurlent haut et fort leur hostilité au mariage homosexuel, c’est à une autre mariage que l’on vient d’assister. Et celui-là, il est honteux. C’est le mariage de l’UMP et du MEDEF. Jusque là, on avait vu des fiançailles avec la remise en cause des 35 heures, la réforme de la formation professionnelle et celle du “dialogue social”.
Les bans sont maintenant publiés. Sur papier à en-tête de l’assurance maladie. Dans la corbeille de mariage, l’UMP apporte au MEDEF ce qu’il exigeait : aucune taxation du capital, aucune augmentation des charges patronales, une très légère augmentation d’une taxe. Et le pouvoir de décider totalement dans la gestion de la structure.
La première rencontre entre les nouveaux mariés et les “convives”, ce sera le 13 juin. Ils devraient à ce moment-là, manifester leur sentiment, eux qui sont sommés de payer plus pour être moins remboursés.


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