Session extraordinaire de l’ONU

SIDA : Une lueur d’espoir au bout de 25 ans ?

3 juin 2006

5 juin 1981, 5 juin 2005 : cela fait 25 ans que le SIDA est connu. Il continue à ravager les pays pauvres, même si pour la première fois depuis 25 ans, la courbe de la pandémie connaît un tassement.

Tous les jours, une maladie emporte 8.000 personnes, soit plus de 2 fois le nombre de victimes des attentats du 11 septembre 2001. 25 ans après la première publication scientifique faisant état du SIDA, le virus continue de frapper. Même si la courbe de la pandémie marque une inflexion, l’accès aux soins est impossible pour la plupart des malades. Ces derniers ont la “malchance” d’être pauvres et de vivre dans ce que l’on appelle le “Tiers-Monde”. 25 ans après, la lutte contre la pandémie mobilise les Nations-unies.
Cette semaine, un Sommet sur le SIDA avait lieu à New-York, en présence de chefs d’État et de ministres. Ils avaient pour support à leurs discussions le dernier rapport d’ONUSIDA. Ce document rappelle qu’à ce jour, près de 40 millions de personnes, dont plus de 2 millions d’enfants, doivent vivre avec la maladie, souvent sans médicaments. 25 ans après...

Les plus vulnérables

"Le 5 juin 1981, paraissait dans le bulletin hebdomadaire des Centres de contrôle des maladies (CDC) d’Atlanta (États-Unis) la première communication sur une forme rare de pneumonie frappant cinq homosexuels", rappelle “Le Monde” dans un article daté de jeudi.
25 ans après, le SIDA continue de s’étendre sur tous les continents, explique le rapport d’ONUSIDA présenté à l’occasion de la session extraordinaire de l’ONU. Le virus a provoqué la mort de plus de 25 millions de personnes, et près de 40 millions d’êtres humains vivent avec la maladie. L’an dernier encore, 2,8 millions de personnes sont décédées et 4,1 millions ont été contaminées.
Ce sont les plus pauvres qui sont les plus vulnérables face à ce fléau. 90% des malades vivent dans les pays du Sud.
La région la plus touchée se situe aux portes de La Réunion, il s’agit de l’Afrique australe. Mais celle qui voit la plus importante augmentation du nombre de malades est l’Asie. C’est d’ailleurs l’Inde le pays maintenant le plus touché en valeur absolue, devant l’Afrique du Sud.

20 milliards par an

C’est donc une situation très inquiétante, c’est une tragédie à l’échelle du monde. Des pays de la région Sud de l’Afrique voient en effet l’espérance de vie reculer du fait de la maladie. Les conséquences sont dramatiques, car lorsqu’un pays est submergé par le SIDA, une grande partie de sa jeunesse est condamnée à mourir à brève échéance. Comment pouvoir imaginer sortir de la crise dans ces conditions ? Et comment faire reculer dès maintenant la maladie qui commence à s’installer dans les régions les plus peuplées de la planète ?
Le dirigeant de l’organisation internationale en charge de la lutte contre la pandémie, Peter Piot, estime que l’heure est à de nouveaux engagements. Plusieurs États ont déployé des moyens importants pour traiter les malades mais aussi pour assurer la prévention, essentielle, note le rapport d’ONUSIDA.
Et en cas de contamination, les traitements existent, ils permettent de prolonger la vie des patients, sans toutefois les guérir. Mais les malades se heurtent au coût excessif des médicaments, car la plupart d’entre eux vivent dans des pays très pauvres.
Pour ONUSIDA, prévoir et soigner nécessiteraient 20 milliards de dollars par an les 4 prochaines années. Une époque décisive, insiste-t-il, car pour le docteur Piot, "les mesures que nous prendrons désormais sont particulièrement importantes, car nous savons, avec toujours plus de certitude, où et comment le VIH se déplace et comment ralentir l’épidémie et réduire son impact".

Manuel Marchal


Un enfant sur 20 est soigné

"La face cachée du VIH et du SIDA"

Sur 20 enfants qui ont besoin d’un traitement contre le VIH/SIDA, un seul l’obtient, a révélé l’agence des Nations-Unies pour l’enfance dans un rapport réalisé en collaboration avec le Mouvement mondial en faveur des enfants et publié le 26 mai dernier.
“Sauver des vies : le droit des enfants aux traitements contre le VIH et le SIDA” est le résultat du travail de 7 organisations : UNICEF, ENDA Tiers-Monde, le Réseau d’Amérique Latine et des Caraïbes pour les enfants, Oxfam, Plan, Save the Children et World Vision.
Présenté lors d’une conférence de presse au siège de l’ONU, ce rapport souligne une des conséquences des inégalités qui persistent à la surface du globe.
"L’absence de traitement équivaut à une condamnation à mort pour des millions d’enfants", a affirmé Dean Hirsch, président du Mouvement mondial en faveur des enfants et de World Vision International. "Sans traitement, la plupart des enfants séropositifs au VIH mourront avant leur 5ème anniversaire. Ces enfants ne disposent pas de traitement parce qu’ils sont absents de l’ordre du jour sur le SIDA de la communauté internationale", a-t-il ajouté.
Le rapport du Mouvement mondial en faveur des enfants montre qu’en dépit de la nécessité urgente de traitements pédiatriques, un nombre très limité de médicaments est disponible en formulations pédiatriques peu coûteuses. En outre, le développement de nouveaux médicaments continue d’être orienté essentiellement sur les besoins des adultes.
"Les enfants sont la face cachée du VIH et du SIDA", a déclaré Ann Veneman de l’UNICEF. "Des millions d’entre eux ont vu leur monde s’effondrer à cause de cette maladie, ils ont perdu leurs parents, leurs enseignants, leur sentiment de sécurité et leur espoir en l’avenir. Les enfants affectés par le VIH/SIDA sont souvent victimes de discrimination et se heurtent à des obstacles considérables", a-t-elle ajouté.
Au 1er juin 2005, on estimait à 4 millions le nombre d’enfants qui avaient besoin de cotrimoxazole, un antibiotique courant qui ne coûte que 0,3 dollar par enfant et par jour. Cet antibiotique peut allonger considérablement l’espérance de vie d’un enfant contaminé.
En décembre dernier, l’envoyé spécial des Nations-Unies pour le VIH/SIDA en Afrique, Stephen Lewis, avait déjà mis l’accent sur l’inégalité flagrante qui touche les enfants atteints du SIDA. "L’immense majorité des enfants séropositifs ont été infectés par le virus au cours de l’accouchement. Ils meurent en général avant deux ans, et chaque année meurent ainsi plus d’un demi million d’enfants", avait-il indiqué.
"Dans le monde occidental, on utilise une triple dose d’antirétroviraux pendant environ 28 semaines avant l’accouchement. Le résultat ? Le taux de transmission descend à 1 ou 2%", avait-il déclaré. "Pourquoi tolère-t-on un régime de second ordre pour l’Afrique et un autre de premier ordre pour les pays riches", avait-il poursuivi, déplorant "que des millions d’enfants qui auraient dû être en vie sont morts simplement parce que le monde impose une division obscène entre les riches et les pauvres. Cela est en train de changer, mais pourquoi cela vient-il toujours après qu’un prix terrifiant ait été payé ?".


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