Les chiffres révélés par l’INSEE sur la période allant du 1er janvier au 14 février 2022 interrogent

Augmentation de la mortalité 10 fois plus importante à La Réunion qu’en France : quelle protection des Réunionnais face au pic de l’épidémie de COVID-19 ?

19 mars 2022, par Manuel Marchal

Du 1er janvier au 14 février 2022, La Réunion a connu sur augmentation de 62 % de la mortalité par rapport à la même période en 2019. En moyenne nationale, la surmortalité sur la même période est de 6,3 %, soit 10 fois moins. Si la COVID-19 est la principale explication avancée, il faut retenir ceci : entre le 1er janvier et le 18 février, en France+DROM ont été recensés environ 50 % du nombre de cas cumulé depuis le début de l’épidémie ; sur la même période à La Réunion, ce pourcentage a dépassé 60 %. La surmortalité observée à La Réunion interroge et pose la question des moyens déployés par les autorités sanitaires pour faire face au pic de l’épidémie de coronavirus.

Dans un communiqué publié le 14 mars, l’INSEE indique ceci :

« En janvier et février 2022, La Réunion est le département français pour lequel les taux d’incidence et d’hospitalisation pour cause d’infection au Covid-19 sont les plus élevés [Santé publique France, février 2022]. Il en résulte une augmentation très forte de la mortalité par rapport à la même période en 2019 : 1 048 décès du 1er janvier au 14 février en 2022 contre 647 en 2019, soit une augmentation de + 62 % [Insee, Chiffres détaillés – février 2022]. Celle-ci est très largement supérieure à la moyenne nationale (+6,3 %) ou même qu’aux Antilles (entre 22 % et 36 % selon les départements).
La moitié de ces décès sont survenus à l’hôpital ou dans une clinique privée : 529, soit 217 de plus qu’en 2019. Cet excédent de décès par rapport à 2019 est du même ordre que le nombre de décès survenus à La Réunion à l’hôpital sur la période et qui concernent des personnes positives au Covid-19, selon les données de l’Agence régionale de santé (ARS) confirmées par celles de Santé publique France issues de l’exploitation des certificats électroniques de décès. Une grande partie d’entre elles étaient fragiles puisqu’elles souffraient de comorbidités »

« Les décès à domicile représentent quatre décès sur dix » : aucune explication à la hausse

L’INSEE indique également que « les décès à domicile représentent quatre décès sur dix. Leur nombre augmente également fortement entre 2019 et 2022 : 423 du 1er janvier au 14 février 2022, soit 161 de plus que trois ans plus tôt. Cette hausse s’explique pour une part par la poursuite du vieillissement de la population : les générations nombreuses du baby-boom des années 1950 arrivent depuis quelques années à des âges plus élevés, où la mortalité est plus forte. Pour l’autre part, il n’est pas possible d’apporter d’éléments explicatifs à ce stade, les causes de décès à domicile n’étant pas encore connues ».
Par ailleurs, l’INSEE note également que : « Les décès augmentent le plus fortement pour les 65ans ou plus (+ 75 %). La surmortalité concerne autant les 65-74 ans que les plus âgés, au-delà de 85 ans. Avec 345 décès de plus qu’en 2019, cette tranche d’âge concentre les neuf dixièmes de la hausse des décès observée à La Réunion entre 2019 et 2022. Pour les 2549 ans, la hausse des décès est nettement moins forte, mais reste notable (+ 32 %, soit 52 décès de plus qu’en 2019). »

La Réunion : près du tiers des décès COVID-19 entre le 11 janvier et le 24 février

Entre le 1er janvier et le 18 février, La Réunion a connu précisément 206166 nouveaux cas de coronavirus du 1er janvier au 18 février, soit les deux-tiers tiers du nombre total recensé en 2 ans. Au 23 février, La Réunion sur 640 décès liés à la COVID-19 depuis la mi-2020, 205 ont eu lieu à l’hôpital entre le 11 janvier et le 24 février.
Il est à noter qu’à la différence des décès liés à la COVID-19 en France, la totalité de ceux recensés à La Réunion a eu lieu à l’hôpital, donc zéro mort de la COVID-19 en EPHAD ou à domicile à La Réunion, officiellement.

France+DROM : 10,5 % des décès entre le 28 décembre et le 24 février, 2 % entre le 11 janvier et le 24 février

Entre le 1er janvier et le 18 février, en France+DROM ont été recensés 11 millions 440.291 sur un total de 22 millions au 18 février, soit plus de 50 %
A l’échelle de la République, 123188 décès liés à la COVID-19 étaient à déplorer au 28 décembre 2021. Au 10 janvier, il était de 134267.
Au 24 février, ce nombre était de 137770. Par conséquent, 10,5 % du nombre total de décès est à dénombrer entre le 28 décembre 2021 et le 24 février. Et sur la période entre le 11 janvier et le 24 février, ce pourcentage est de 2 %.

Taux de mortalité plus important qu’en France

En résumé, sur la même période, la France a connu 50 % de ses contaminations à la COVID-19 alors que ce pourcentage est à La Réunion de plus de 60 %
Concernant les décès, la France a connu 10 % de décès liés à cette vague, et La Réunion 30 %.
Il y a donc eu proportionnellement à La Réunion un taux de mortalité bien plus important qu’en France toutes choses étant égales par ailleurs.
Cette différence interroge.
Par ailleurs, la surmortalité observée par l’INSEE concerne surtout les départements d’outre-mer, qui sont également les moins bien équipés en termes d’infrastructures, par rapport aux autres régions de la République.

Une population plus jeune qu’en France est logiquement plus résistante à la COVID-19

Le pic de contamination observé en France et à La Réunion en janvier-février s’explique par une stratégie : laisser se diffuser le variant Omicron jugé moins dangereux pour aller vers l’immunité collective.
Difficile d’affirmer que si la surmortalité est nettement plus importante qu’en France, c’est parce que les Réunionnais sont plus sujets à des comorbidités. L’âge moyen des Réunionnais est en effet inférieur à celui de la moyenne en France, donc les Réunionnais sont logiquement plus résistants à une maladie type COVID-19 qui tue principalement les personnes de plus de 65 ans.
L’explication de cette surmortalité doit donc être ailleurs. Ne viendrait-elle pas d’un manque d’anticipation de la part des autorités sanitaires à La Réunion pour faire face au prévisible pic épidémique ?

M.M.

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