L’InVS a comptabilisé 25 décès supplémentaires en janvier 2006 (+7,1%), 100 décès en février (+34,4%) et 76 en mars (+25,2%). Cette surmortalité est très probablement liée à l’épidémie de chikungunya, qui a atteint un pic dans la semaine du 6 au 12 février 2006 avec plus de 46.000 nouveaux cas en 7 jours. Dans 2 cas sur 3, les avis de décès mentionnant le virus du chikungunya concernent des personnes de plus de 65 ans, souligne l’INSERM.
L’INSERM dénombre également "125 certificats de décès mentionnant le chikungunya survenus à La Réunion, pour les mois de janvier et de février". L’institut signale aussi que le chikungunya apparaît "plus souvent dans les certificats mentionnant des causes de décès en rapport avec des maladies endocriennes (diabète) et hépatique".
Un communiqué de la Préfecture publié vendredi dernier rappelle qu’"à la demande du ministère chargé de la Santé, l’Institut de veille sanitaire a mené une analyse de la mortalité à La Réunion afin d’estimer l’impact de l’épidémie de chikungunya". Cette analyse s’appuie "sur la base des données journalières de mortalité de l’INSEE (pour les années 2002, 2003 et 2004) et des données de mortalité des 13 communes de La Réunion dont les états civils sont informatisés et qui totalisent 87% des décès survenus sur l’île".
Le communiqué précise que l’InVS a reçu l’aide du Centre d’épidémiologie des causes médicales de décès (CEPIDC) pour l’analyse des certificats de décès allant de décembre à février derniers.
À l’heure actuelle, près de 248.000 personnes ont été touchées par le virus à La Réunion "qui sévit dans l’île depuis mars 2005". Le nombre de cas enregistrés chaque semaine diminue depuis la mi-mars mais sans chuter, souligne l’InVS. L’institut estime que l’évolution de l’épidémie est assez imprévisible, notamment à cause des facteurs climatiques qui influencent la population de moustiques, vecteurs du virus.

Elle perd son bébé à cause du chikungunya

Dans son édition de dimanche dernier, “l’Express” rend compte du premier cas mauricien de décès d’un bébé in utero des suites du chikungunya. Voici quelques extraits de l’article.

Assise dans son minuscule salon, à la route Bassin, Quatre-Bornes, Priscilla, 25 ans, ne sait plus trop quoi penser. Elle se remet lentement de la maladie et de la perte de son fils, qu’elle ne prendra jamais dans ses bras, et qu’elle a porté dans son sein pendant trente-six semaines.
Le 9 avril dernier, comme elle avait une fièvre frôlant 39 degrés et qu’elle avait les chevilles enflées, son mari, Kaumaren, 32 ans, l’accompagne immédiatement à l’hôpital de Candos. Comme d’autres membres de sa belle-famille déjà touchés par le chikungunya, il ne fait pas de doute pour Priscilla qu’elle a contracté le virus malgré toutes les précautions prises.
Admise vers minuit, un premier examen révèle que le cœur de son enfant bat la chamade. C’est son premier bébé. Son mari et elle-même, après deux ans et demie de vie commune, se font une joie d’accueillir Yashven. Tout est fin prêt pour la venue au monde du petit.
Mais dans les heures qui suivent, Kaumaren s’angoisse. On ne sait jamais avec le chikungunya, après tout ce qu’il a entendu sur les complications survenues chez les nouveau-nés à La Réunion. (...)
La peur s’installe lorsque Priscilla se rend compte, en feuilletant son dossier médical laissé sur le lit, qu’elle est effectivement atteinte de chikungunya.
Lundi soir, c’est carrément la panique. De douleurs atroces et persistantes l’assaillent. Le lendemain, le personnel soignant se rend à l’évidence : le cœur de son fils a cessé de battre. Le beau rêve de Priscilla s’est envolé. (...)
Une enquête est donc en cours au ministère de la Santé pour situer les responsabilités dans ce décès troublant.
Alors qu’on est dans le flou sur les morts liées au virus à Maurice, des cas de décès in utero au cours du premier trimestre de la grossesse ont été enregistrés à La Réunion. Quand aura-t-on droit à une étude sérieuse sur les effets du virus sur le taux de mortalité dans l’île ?